Microsoft structure ses relations avec l’Open Source dans une division

Afin de structurer son implication continue dans les communautés et les organisations Open Source et consolider ses liens avec les éditeurs, Microsoft a décidé de créer une division dédiée. Microsoft Open Technologies sera ainsi le référent de Microsoft pour les questions d’interopérabilité et devrait cimenter les relations du groupe avec le monde de l’Open Source.

Le couple Microsoft - Open Source est officiellement assumé. C’est le constat que l’on peut faire suite à l’annonce par l’éditeur de Redmond de la création d’une division entièrement dédiée à l’intéropérabilité, aux activités Open Source et aux standards ouverts. La société, qui autrefois considérait davantage Linux comme un cancer - selon les propres mots de Steve Ballmer, et qui a brandit le spectre du FUD (Fear, uncertainty and doubt) à maintes reprises, a décidé aujourd’hui de structurer son implication dans l’Open Source et dans l’intéropérabilité.

Cette division, baptisée Microsoft Open Technologies, viendra ainsi clarifier l’engagement du groupe de Redmond dans les fondations et groupements Open Source, dans les organismes de standardisation et bien sûr dans ses relations avec les éditeurs en matière d’intéropérabilité. «Cette filiale constitue un nouveau moyen de s’engager d’une façon plus claire et plus définie», commente Jean Paoli, qui prendra le poste de président de la filiale. Considéré comme l’un des pères du langage XML et initiateur de format Open XML dans les labos de Redmond, cette figure emblématique de l’IT et du développement d’applications insiste sur le blog «Interoperability @ Microsoft» : «Cette nouvelle structure contribuera à faciliter les interactions entre les processus de développement propriétaires de Microsoft et les efforts d’Open Innovation du groupe, et les relations avec les communautés Open Source et celles des standards ouverts.»

L'interlocuteur des communautés

Car justement. Tout en citant les participations de Redmond dans le W3C autour des développements de HTML 5, de l’OASIS, de l’IETF, ou encore rappelant le support multi-langages dans Azure et ses collaborations avec des communautés (comme celle de Phonegap, pour le développement d’applications mobiles pour Windows Phone), Jean Paoli laisse entendre ici que les communautés Open Source sont désormais partie intégrante de son éco-système, indissociable de ses processus de développement et d’ingénierie. Autant alors consolider ces collaborations dans une structure. Et qui de mieux placer qu’une figure comme Jean Paoli pour représenter ce lien ? En créant cette filiale, Microsoft crée cet interlocuteur privilégié pour le monde de l’Open Source et ses rouages communautaires.

Il faut ajouter que Microsoft a mis en place une stratégie d’interopérabilité avec le monde Linux et l’Open Source de longue date. Une façon pour lui de garantir un bon fonctionnement de son environnement Windows et de .Net, notamment, avec des environnements hétérogènes, motorisés généralement par Linux. Si les autorités de la concurrence européennes avaient poussé l’éditeur en ce sens, en forçant le groupe à publier ses API et sa documentation, Microsoft s’est rapproché de lui-même de la sphère du Libre. Laissant parfois les communautés Open Source sceptiques quant à ses intentions.

Toutefois, Microsoft est depuis devenu un contributeur au noyau Linux, comme en témoignent la dernière étude de la Linux Foundation. Redmond pointe désormais dans le top 20 des contributeurs. Même si certains pensent qu’il s’agit là d’un passage éclair dans ce classement. On se rappelle également de sa décision de collaborer avec Hortonworks autour de déclinaisons Hadoop pour les environnements Windows et Azure. Quitte à abandonner ses propres technologies. A l’époque, Julien Lesaicherre, responsable de la plate-forme Windows Azure, nous avait expliqué que les fruits de ses développements seraient reversés à la fondation Apache - qui héberge Hadoop. Mais à condition que cette institution «les accepte», avait-il lancé. Microsoft Open Technologies pourrait bien, aujourd’hui, jouer ce rôle de médiateur.

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