Virtualisation : Le lancement d'Hyper-V place Microsoft en concurrence frontale avec VMware

Microsoft a annoncé hier soir la disponibilité de la version finale d'Hyper-V sa technologie de virtualisation intégrée à Windows Server 2008. Avec l'arrivée d'Hyper-V, Microsoft dispose enfin d'une arme crédible pour s'attaquer à la domination de VMware. Reste que l'avance de ce dernier dans les grands comptes est telle que les premiers gains de Microsoft sur le secteur devrait d'abord s'opérer sur le marché des PME, un segment qui sera sans doute sensible à l'argument de la gratuité avancé par le géant de Redmond.

Micosoft a annoncé hier la disponibilité officielle en téléchargement de la version finale d'Hyper-V, la couche d'hypervision intégrée à son système d'exploitation Windows Server 2008. Attendu à l'origine en même temps que Windows Server 2008 puis promis pour avant la fin août, Hyper-V arrive finalement avec un mois et demi d'avance sur le planning annoncé par Microsoft, preuve de l'importance pour la firme de disposer enfin d'une réponse crédible au leader du secteur, VMWare.

Jusqu'alors Microsoft ne disposait que de Virtual Server, un produit de virtualisation "host-based" (c'est-à-dire nécessitant une couche de système d'exploitation sous-jacente pour fonctionner) pour s'opposer à VMware. Avec Hyper-V il va pouvoir se battre à armes égales avec VMWare, mais aussi avec Citrix, Novell ou Sun (l'hyperviseur de ce dernier est attendu pour juillet).

Microsoft mise sur le "rapport qualité/prix" pour séduire

Alors que près de 7% des serveurs achetés cette année seront virtualisés, Microsoft a pris une longueur de retard sur VMWare qui avec plus de 90% de parts de marché truste le secteur. Rien qu'en France, l'éditeur estime que près de 30 000 serveurs seront vendus dans les 12 prochains mois avec une couche de virtualisation. Pour séduire les entreprises, la stratégie de Microsoft est finalement assez simple.

Il s'agit de montrer qu'Hyper-V fournit l'essentiel des services d'ESX Server, avec des performances équivalentes, voire supérieures, pour un coût quasiment nul. Face aux 5 150 € de VMWare Infrastructure Platinum, aux 2 680€ de VMWare Infrastructure Standard (sans Vmotion) et aux 1 139 € de VMware Infrastructure Foundation (Sans VMWare HA), Microsoft a beau jeu de mettre en avant la gratuité de son hyperviseur : Hyper-V est un rôle de Windows Server 2008 activable sans coût de licence additionnel (une version "autonome" de l'hyperviseur, dissociée de Windows Server 2008 et baptisée Hyper-V Server, devrait aussi arriver à la rentrée pour un prix modique, inférieur à 50 $). Reste que VMWare ne devrait pas rester très longtemps sans riposter et qu'il y a fort à parier que ses prix seront rapidement ajustés à la baisse.

Les PME en ligne de mire

Comme l'explique Damien Buisson de chef de produit Windows Server et Hyper-V chez Microsoft, "VMWare a fait le travail d'évangélisation pour nous", tout en concédant que ce travail a été payant dans les grands comptes. En fait sur ce marché des grandes entreprises, il faudra sans doute un peu de temps à Microsoft pour convaincre certains de considérer son offre, même si l'argument de coût et de l'intégration avec les solutions de l'éditeur (notamment l'intégration de Virtual Machine Manger à la gamme System Center) pourrait en intéresser certains.

C'est en fait sur le marché des PME, un marché ou il dispose d'une puissance de feu importante au travers de sa présence dans les réseaux de distribution et d'intégration, que repose pour l'instant les meilleurs espoirs pour l'éditeur. Damien Buisson le concède bien volontiers en indiquant que si "90% des PME sont intéressées par les bénéfices de la virtualisation, elles jugent la technologie de VMware bien trop chère".

Hyper-V / ESX Server : Concurrents, mais pas équivalents

Techniquement, Hyper-V n'est peu être pas encore tout a fait au niveau de l'offre de VMware (il ne permet notamment pas la fameuse migration en live d'une machine virtuelle d'un serveur vers un autre et nécessite un arrêt de 3 à 5 s pour effectuer la bascule), mais il en reprend les principaux atouts. La version finale publiée hier apporte d'ailleurs quelques améliorations bienvenues par rapport à la dernière version RC1, à savoir le support de Windows 2000 Server comme OS hôte en mode optimisé et non plus en mode émulation (Windows Server 2003 et Windows Server 2008 sont supportés en mode optimisé).

Comme l'explique Damien Buisson, 22% de la base installée Windows Server française utilise encore Windows 2000 et la France a fait pression sur les Etats-Unis pour obtenir la validation d'un jeu de composants intégrés de paravirtualisation pour le vieil OS, afin d'en faire un citoyen de première classe au-dessus d'Hyper-V.

Du côté des OS non Microsoft, la distribution linux "amie" de Novell est elle aussi supportée officiellement grâce à la fourniture d'un jeu de composants d'intégration signé Novell mais aussi du fait d'un accord de support entre les deux éditeurs qui fait que Microsoft peu agir en point de contact unique en cas de problème avec Suse sur Hyper-V. A ce jour, Red Hat Linux et Solaris, deux autres OS phares des datacenters, ne sont pas officiellement supportés, même s'ils fonctionnent correctement en mode émulation.

Selon Damien Buisson, les discussions entre Red Hat et Microsoft n'ont pas permis d'aboutir à un accord de support, sans que l'on sache très bien d'où vient le blocage. Solaris devrait en revanche être officiellement supporté lors d'une prochaine mouture. Sun et Microsoft ont en effet noué plusieurs accords dont l'un autour de la virtualisation afin d'assurer le fonctionnement de leurs systèmes d'exploitation respectifs sur les couches de virtualisation de l'autre.

Microsoft déjà au travail sur la version 2.0

Déjà Microsoft est à l'œuvre sur la version 2.0 de son Hyperviseur, qui promet le support de la migration de machines virtuelles en temps réel, mais aussi le support de l'ajout et du retrait de ressources (mémoire, CPU, entrées/sorties…) à chaud. Il y a fort à parier que cette nouvelle mouture sera synchronisée avec une nouvelle mouture de Windows Server 2008 (par exemple une R2). L'ajout de ressource à chaud ou les "live migration", impliquent en effet des évolutions des capacités du noyau de l'OS Serveur, mais aussi, logiquement, des évolutions en matière de système de gestion de fichiers.

A ce jour VMware peut faire du LiveMotion du fait des capacités de son système de fichiers VMFS, notamment la possibilité pour plusieurs systèmes d'effectuer des accès concurrents sur un volume (par ailleurs critiqué pour certains aspects de sécurité et de performances). A ce jour NTFS, ne permet pas les accès concurrents. A moins que Microsoft ne trouve un autre biais pour faire de la migration en live, il faudra sans doute quelques évolutions de file system pour permettre à Hyper-V 2.0 d'égaler VMWare en la matière.

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