Mark Hurd, nommé président d’Oracle, veut croiser le fer avec IBM

Un mois après son limogeage, l’ex-patron de HP, Mark Hurd, va remplacer Charles Phillips, démissionnaire, au poste de président d’Oracle et siégera au conseil d’administration du groupe. La firme de Larry Ellison compte capitaliser sur son expérience en matière de hardware pour, enfin, croiser le fer avec IBM.

Un petit mois aura suffi pour que Mark Hurd, sommé de quitter la direction de HP avec perte et fracas - et quelque 12 millions de dollars d’indemnités - retrouve un travail chez son vieil ami Larry Ellison. Hurd partagera désormais les fonctions de présidence d'Oracle avec Safra Catz, qui conserve son poste de co-présidente en charge de activités financières et juridiques du groupe.  Hurd remplace ainsi Charles Phillips dont la démission a été rendue publique ce même jour. L'ex-Pdg de HP, qui siègera également au conseil d'administration d’Oracle, aura en charge les activités commerciales et marketing, tandis que Ellison conserve l’ingénierie.

Le toujours très en verve Larry Ellison avait été l’un des plus fervents défenseurs de Hurd - il se dit que les deux amis jouent régulièrement au tennis ensemble - quand ce dernier a été brutalement débarqué suite à ses écarts de conduite avec une ex-actrice/consultante de luxe, Jodie Fisher. Larry Ellison avait alors critiqué ouvertement la décision du conseil d'administration de HP dans un mail envoyé au New York Times dans lequel il écrivait: “le board [de HP] a commis la pire décision depuis que les idiots du conseil d'administration d'Apple ont viré Steve Jobs voici plusieurs années”. Attaquant ainsi le groupe et sa volonté de dévoiler publiquement l'affaire Hurd/Fisher, qui aurait pu être minimisée. Tout comme l'avait été l’aventure extra-conjugale de Charles Phillips qui avait certes provoqué un scandale mais n’avait pas conduit au départ fracassant de l’intéressé. Si ce dernier s'efface aujourd'hui, c'est en toute discrétion.

Fluidifier l'intégration de Sun

Dans un communiqué, Larry Ellison explique à demi-mot qu’il compte profiter de l’expérience de Hurd en matière de hardware. Un renfort bienvenu alors que le groupe s’est positionné sur ce segment avec le rachat de Sun et peine toujours à sortir le constructeur californien du marasme. “Le futur d’Oracle est de bâtir des systèmes complets et intégrés pour l’entreprise mêlant hardware et logiciel”, indique le dirigeant, en rappelant combien Hurd connait l’intégration entre le hardware et le logiciel via ses expériences chez HP, mais aussi NCR. Un enthousiasme également partagé par Safra Catz qui souligne  : “alors qu’Oracle poursuit sa croissance, nous avons besoin de personnes expérimentées pour gérer des entreprises de 100 milliards de dollars”.

IBM dans le viseur

Visiblement inspiré par les déclarations à l'emporte-pièces dont sont coutumiers les dirigeants de l'éditeur, Hurd ne cache pas ses intentions et déclare ouvertement la guerre à IBM. “Je pense que la stratégie de combiner logiciel et hardware permettra à Oracle de batailler avec IBM sur les terrains des serveurs et du stockage d’entreprise. Exadata [une solution de stockage en cluster maison, NDLR ] ne constitue qu’un commencement”.

Un commencement en effet, car le chemin menant à une concurrence frontale avec Big Blue est encore long, analyse Olivier Rafal, directeur associé du cabinet d’analystes JEMM Research. “Oracle a enregistré un peu moins de 27 milliards pour sa dernière année fiscale, et Sun était en dessous des 14 milliards en 2008, quand IBM réalise près de 96 milliards. En outre, Big Blue a lui-même effectué des remaniements en interne afin de rééquilibrer la place du logiciel et du matériel”. Il faudra donc mettre les bouchées doubles. Et cela pourrait bien passer par une opération de croissance externe, poursuit Olivier Rafal : “S'il veut vraiment concurrencer IBM, Mark Hurd ne pourra donc que conseiller à Larry Ellison de racheter une société de services : c'est la grande bataille à venir. Là aussi, Mark Hurd a de l'expérience, puisque c'est lui qui a racheté EDS pour 14 milliards lorsqu'il était à la tête de HP.”

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