Les outils IT évolués peinent encore à entrer dans les entreprises

Si le mail et le Web sont plutôt bien entrés dans les mœurs professionnelles, il n’en va pas encore de même du travail collaboratif ou même de la messagerie instantanée, selon une étude Forrester pour Adobe. Prudence ou frilosité ? Quoiqu’il en soit, les usages personnels semblent constituer un moteur dynamique pour pousser les outils IT les plus modernes dans les entreprises, selon une seconde étude commandée cette fois par Microsoft.

Quelque 99 % des professionnels européens en entreprise feraient, peut-être sans vraiment mettre un terme précis dessus, du travail collaboratif. C’est du moins ce qui ressort d’une enquête conduite par Forrester pour Adobe, auprès de 3000 « contacts qualifiés résidant en France, en Allemagne, en Italie, aux Pays-Bas, en Espagne, en Suède, et au Royaume-Uni, » en décembre dernier. Et pour 81 % de ces personnes, la collaboration serait même transfrontalière. Pour 47 %, le travail collaboratif serait au menu du quotidien. Sans surprise, le téléphone arrive en tête des outils de communication utilisés pour collaborer, suivi par le courrier électronique, puis par les réunions en face-à-face (sauf pour échanger en dehors de l’entreprise), et enfin par les échanges de fichiers par e-mail.

Mais voilà, ces techniques montrent leurs limites, même si elles « donnent généralement toute satisfaction », indique Forrester dans son étude. Quand le cabinet interroge les utilisateurs sur les améliorations qu’ils attendraient d’outils plus évolués, c’est la rapidité et l’efficacité qui arrivent en tête, à 70 %. L’amélioration du partage des informations et des idées n’arrive qu’en troisième position à 56 %, suivie de la gestion plus efficace des processus et des projets, à 46 %. Le contrôle d’accès aux informations n’arrive lui qu’en dernière position à 32 %. Mais le problème de l’interopérabilité semble bien présent : pour 56 % des sondés, « certaines personnes ne disposent pas du logiciel adéquat pour ouvrir ou lire les fichiers que j’envoie. » Une vraie fausse surprise : le problème peut aussi survenir avec les fichiers PDF, bien qu’il soit majoritairement retenu par les sondés de l’étude – à 53 % - pour le partage de documents sensibles à l’extérieur de l’entreprise.

Méconnaissance et résistance

Surtout, le mérite de l’enquête de Forrester est de dégager quelques explications potentielles au fait que les entreprises restent, globalement, sur des outils collaboratifs basiques. En Europe, 52 % des grandes entreprises européennes (sur 736 sondées) ne seraient tout simplement pas intéressées par les outils collaboratifs de type Web 2.0 [retrouvez notre article sur la « révolution tranquille des entreprises face au Web 2.0 »]. Individuellement, les utilisateurs restent encore très réservés : 5 % d’entre eux utilisent des réseaux sociaux pour collaborer avec l’extérieur de l’entreprise, 2 % des blogs, 1 % des wiki et 1 % des mondes virtuels… Et Forrester de mettre en avant le vieillissement de la population active [retrouvez notre article sur les attentes des élites françaises pour le développement des réseaux sociaux], l’accès insuffisant aux outils collaboratifs avancés, et l’inadéquation entre les outils d’entreprise et la dispersion des équipes.

Quelques outils bien entrés dans les usages du grand public parviennent néanmoins à faire leur trou dans ce contexte, à commencer par la messagerie instantanée, utilisée par 15 % des sondés.

Du grand public au professionnel

Cette logique de pénétration du monde de l’entreprise par les usages grand public se retrouve dans une étude par BearingPoint, l’Ifop, Added Value et Eranos pour Microsoft, en France. Celle-ci montre tout d’abord que l’outil informatique est peut-être moins répandu dans le monde professionnel que l’on pourrait être tenté de l’imaginer, avec seulement 12 millions d’actifs équipés au travail, sur un total de 25,8 millions. Pour communiquer, partager, ou encore collaborer, c’est le téléphone qui revient en tête, avec 96 % des personnes l’utilisant fréquemment, suivi du courrier électronique, à 95 %. Fréquemment ou épisodiquement, l’agenda électronique partagé n’est utilisé que par 72 % des personnes concernées, contre 53 % pour les conférences téléphoniques ou 51 % pour les outils de gestion de tâches, 42 % pour la messagerie instantanée, et 37 % pour l’intranet – autant que pour les réunions virtuelles. Les réseaux sociaux arrivent tout de même à 25 %, la webcam à 24 %, mais seulement 12 % pour les Wiki.

Pour l’Ifop, c’est clair : les plus jeunes maîtrisent mieux les TIC. Et l’institut d’évoquer une « génération hyper connectée » : « 66 % partagent, 60 % informent, et 61 % recherchent des informations dans le travail chaque semaine. Pourquoi les jeunes gèrent-ils bien mieux l’info-bésité que leurs aînés ? », interroge l’Ifop. Peut-être parce qu’ils sont nés avec, serait-on tenté d’avancer… Pour l’institut, « l’usage perdure quand il touche toutes les générations. » Et de pointer, du coup, la messagerie instantanée. Laquelle, assez bien adoptée par toutes les générations, dans le grand public, commencerait précisément à faire son trou dans les entreprises.

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