L'activité mainframes IBM attire de nouveau les regards de l'antitrust américain

Selon le Financial Times, le département de la Justice américain a lancé une enquête préliminaire sur les activités mainframes de Big Blue aux Etats-Unis. En ligne de mire : le monopole reconstruit depuis 2001 par IBM sur le marché des grands systèmes.

Près de 60 ans après le lancement de son enquête fondatrice portant sur le monopole d'IBM sur les mainframes, enquête qui avait abouti à un sévère contrôle des activités de Big Blue sur le marché des grands systèmes, le département américain de la Justice (DOJ) a réouvert une enquête préliminaire sur les pratiques de la firme d'Armonk sur ce secteur.

L'intérêt retrouvé du DOJ pour les pratiques de Big Blue est lié aux démarches de T3, une petite société floridienne qui travaillait sur la conception de systèmes compatibles avec les serveurs z/OS d'IBM et qui se retrouve aujourd'hui ejectée du marché, IBM refusant de licencier son OS mainframe sur des machines autres que les siennes. T3 explique qu'IBM a reconstitué son monopole sur le marché des grands systèmes, en liant la vente de son système d'exploitation à ses propres machines. Or c'est précisément pour lutter contre cette pratique que le gouvernement américain avait attaqué IBM dans les années 50, des poursuites qui s'étaient traduites par un accord à l'amiable signé en 1956 ; lequel avait contraint Big Blue à fournir son OS mainframe à ses concurrents.

PSI, étranglé par IBM avant d'être racheté

Dans les années 70, cet accord a permis à des concurrents comme Amdahl ou Hitachi de se lancer sur le marché des compatibles mainframes. Et à des sociétés comme T3 ou PSI de tenter l'aventure dans les années 90 - en développant un émulateur System z sur base Itanium. Mais la situation s'est compliquée en 2001, avec la levée effective de l'accord conclu avec le DOJ, le ministère américain de la Justice. Big Blue a dès lors commencé à restreindre l'accès à z/OS pour les utilisateurs de grands systèmes compatibles. Dans le cas de PSI, cette logique a été poursuivie à l'extrême : alors que cette société commençait à séduire de grands clients (dont Lufthansa), le géant d'Armonk et ses avocats ont accusé PSI de violer la propriété intellectuelle d'IBM et de ne pas se conformer à l'accord de licence régissant le logiciel. Dans le même temps, Big Blue a refusé de continuer à fournir des licences z/OS à des clients utilisant la plate-forme de PSI. Etranglé, cette dernière a porté l'affaire devant les tribunaux américains et devant la Commission européenne. Mais les poursuites se sont éteintes aux Etats-Unis après le rachat de la petite société par Big Blue, qui a permis de la faire taire définitivement.

IBM réaliserait chaque année entre 3 et 3,5 Md$ de chiffre d'affaires avec ses ventes de grands systèmes. Mais selon T3, si l'on ajoute les licences logicielles et les prestations de service associées, le mainframe représenterait près du quart du CA de la firme et près de 40 % de ses profits.

En savoir plus sur le sujet :

22 juin 2009 - L'usage de Linux sur les mainframes IBM s'accroît à un rythme rapide

20 janvier 2009 - Mainframe : IBM renoue avec l'antitrust, avec une petite aide de Microsoft ?

3 juillet 2008 - IBM met fin aux poursuites de PSI

27 février 2008 - IBM System Z10 : le mainframe IBM refuse toujours de mourir

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