La Saas Academy veut convertir au Saas les petits éditeurs français

Supportée par les acteurs privés OVH, Intel, IBM, HP, Microsoft, VMware et Crayon, la Saas Academy accompagnera 600 éditeurs français de logiciels dans leur transition vers le Cloud, à travers un ensemble de sessions de sensibilisation et de formation réalisées au sein des 13 régions françaises.

Parce que sensibiliser ensemble, c'est mieux, OVH, IBM, HP, Microsoft, VMware et le cabinet de conseil français Crayon ont décidé de s’unir au sein de la Saas Academy pour évangéliser le Saas et son modèle auprès des éditeurs français. Objectif : accompagner les acteurs du secteur qui n’auraient pas franchi le pas vers cette transformation qualifiée de majeure, tant au niveau technologique, stratégique que financier. Mais en filigrane, l’ambition est évidemment de tirer vers le haut cet écosystème d’acteurs qui aujourd’hui draine 100 000 emplois en France.

A l’initiative de ces acteurs, principalement américains, la Saas Academy, dont le site Web est opérationnel depuis ce mercredi 17 décembre, « s’inscrit dans la droite ligne des recommandations du « Plan Cloud Computing » des 34 plans de la Nouvelle France Industrielle (NFI), rappelle Alan Schmutz, Président de la Saas Academy et Vice-Président en charge du développement d’OVH.com. Parmi les 10 axes de transformation énoncés dans une feuille de route remise à Arnaud Montebourg, ministre du redressement productif et du numérique de l’époque, en janvier dernier l'accompagnement des éditeurs vers le Saas  « est remontée comme un axe prioritaire », précise-t-il.

Outre le fait d’être bâtie sur les bonnes intentions de ces acteurs privés – qui en assurent d’ailleurs le financement -, cette initiative a reçu le soutien des associations professionnelles du secteur : l’Association Française des Pôles de Compétitivité (AFPC), l’Association Transition Numérique Plus (ATN+), le Syntec Numérique, l’Association Française des Editeurs de Logiciels et Solutions Internet (AFDEL), EuroCloud, BPIFrance et la Direction Générale des Entreprises du Ministère de l’économie. Mais point différenciant, la Saas Academy sera opérée par l’Institut de recherche technologique (IRT) SystemX, qui jouera quelque peu le rôle de « monsieur loyal » dans ce projet. « Un acteur neutre pour déployer cette action », commente encore Alan Schmutz.

De la sensibilisation au PoC

Les différents intervenants qui se sont succédés lors de cette présentation ont tous souligné la nécessité de renforcer l’évangélisation du marché, et cela en plus des propres investissements réalisés par chacun pour le développement de ce marché, mais surtout ils ont insisté sur la nécessité d’anticiper de nouveaux business modèles avec les éditeurs. L’idée derrière cette Saas Academy est donc de permettre aux éditeurs en France d’évaluer d’abord l’impact d’un modèle Saas sur leurs activités. En cela, le projet entend d’abord orienter ses travaux sur la sensibilisation auprès des dirigeants d’entreprise « pour les amener à se poser les vraies questions liées au passage au Saas », précise le vice-président d’OVH. Avant d’adresser les directeurs techniques pour tout ce qui concerne l’aspect technologique.

Suivra ensuite un programme incrémental de coaching qui ciblera l’impact du Saas sur l’architecture technique, le modèle économique et bien sûr le financement. Ce dernier est d’ailleurs souvent présenté comme l’un des freins à la transformation des éditeurs vers le Saas, notamment du fait du passage d’un modèle de vente de licences à un modèle à l’abonnement basé sur des revenus récurrents. En ce sens, Syntec Numérique (avec MoneySaas) et GE Capital (avec Faas) ont ciblé clairement ce problème.

Enfin, le parcours mis en place par la Saas Academy pourra déboucher sur la réalisation d’un PoC, qui viendra mettre en musique les précédentes étapes. Des partenaires « qualifiés » ainsi que des experts indépendants  –  leur recrutement doit intervenir à la mi-janvier -  interviendront à différentes étapes du processus. A cette équation s’ajouteront des témoignages d’éditeurs, comme Cegid ou Prestashop, ayant réussi leur transformation

Côté financement, la Saas Academy est financée à 100% par des fonds privés et dispose d’un budget total de 500 000 euros par an, en provenance de ses membres. Le solde est assuré par une participation des bénéficiaires aux sessions de coaching (2 600 EUR HT pour l’ensemble du Programme). Enfin, les membres fondateurs s’engagent à mettre à disposition certains de leurs experts à raison de 30 jours-homme par an.

Un plan de soutien aux éditeurs régionaux qui pose plusieurs questions

La Saas Academy n’entend pas cibler le Top 10 des éditeurs en France, qui ont un niveau de maturité suffisant, voire ont déjà basculé vers ce modèle ondemand. Cette initiative vise davantage les PME du secteur  - entre 30 et 50 personnes -, localisées en province et qui ne sont pas forcément membres d’associations professionnelles, indique encore Alan Schmutz. Du coup, sur les 600 éditeurs que le projet entend sensibiliser, la Saas Academy prévoit d’en « convaincre » 120 sur les trois ans du projet (40 par an)

 « On essaie d’aller chercher les éditeurs qui ne sont pas gros et qui ne prennent pas le temps d’y aller. Ensemble, on pense que cela va aller plus vite. La maturité est là», commente un responsable d’IBM, présent lors de la présentation. « C’est la première fois qu’en France, notre expérience est mise en commun. On pense que cette structuration qu'on leur propose va leur permettre d'accélérer », note-t-il.

Car c’est justement cette structuration, née de l’union de cadres du secteur, d’un IRT et d’associations professionnelles, qui pourraient, selon les membres de la Saas Academy, faire la différence.  Réussir là où HP, IBM, Microsoft et consorts, des ténors du IT pourtant déjà partenaires technologiques et soutenus par une cohorte de services, ont peiné ?

« Il s’agit là d’extraire un contenu neutre, avec un savoir-faire dépouillé de connotation technologique », résume Marc Gardette, Cloud Strategy Director chez Microsoft France, illustrant le fait que les éditeurs ne seront pas orientés vers une marque, mais sur une technologie adaptée.

Mais, l’un des points clé de ce projet est également d’intégrer très tôt la notion de financement dans ce processus de transition vers le Saas. Cet aspect de la démarche a du par ailleurs séduire la BPI qui interviendra directement, sur le plan financier, auprès des éditeurs coachés. Les représentants de la Saas Academy précisent d’ailleurs que la BPI – qui mettra en place un guichet unique pour accompagner les éditeurs dans leur financement – est prête à proposer des produits financiers spécifiques.

 Il faut dire qu’il y a urgence si on ne veut pas voir disparaître cette génération d’éditeurs, assez ancienne et dont les solutions risquent d’être remplacées par de pures players du Saas ou du numérique. Pour finir, on peut se poser la question du coté œcuménique de cette initiative. Il n’est pas sûr que les acteurs du cloud à la française (comme Numergy ou CloudWatt) ou encore certains partenaires PME/PMI comme Cheops soient sensibles à cette initiative alors qu’ils multiplient les programmes sectoriels en direction de l’écosystème des éditeurs et des entreprises régionales.

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