La Linux Foundation confirme sa place de hub de l’Open Source

A l’occasion de la LinuxCon qui se tient actuellement à Dublin, la Linux Foundation a présenté un projet collaboratif pour rapprocher la branche temps réel du noyau Linux principal et montrer que la conformité du code et des licences étaient deux éléments clés à prendre en compte.

Le tiers de confiance du mouvement Open Source. La Fondation Linux a renforcé son rôle de hub central de la communauté Linux, et plus globalement de l’Open Source, à l’occasion de l’édition européenne de la LinuxCon qui se tient cette semaine à Dublin. Une institution sur lequel s’ancrent de plus en plus de projets clés qui rythment l’IT moderne, et surtout qui confirme son rôle de guide du mouvement du logiciel à code ouvert.

Ce phénomène n’est certes pas une nouveauté. En charge historiquement du noyau Linux – lui-même chapeauté par Linus Torvalds, son créateur -, la fondation a cherché à décliner son approche de gestion et développement communautaires à d’autres secteurs au sein de projets collaboratifs. Drones, Cloud Foundry (Paas), Internet de objets, virtualisation du réseau et de ses fonctions, OS mobile,  sécurité, stockage, conteneurs…la liste est aujourd’hui longue. A tel point que ces projets dits collaboratifs pèseraient aujourd’hui pour quelque 5 milliards de dollars, révèle un très récent rapport – celui-ci calcule les coûts totaux de développement. Soit le travail de 1 356 développeurs sur 30 ans pour réaliser 115.013.302 lignes de code (tous projets confondus).

Face à la montée en puissance évidente de l’Open Source, et à une prise de conscience chez les fournisseurs et éditeurs que le modèle porte ses fruits en terme d’innovation et de son coût, la Fondation Linux poursuit ainsi sa mission. Et surtout accompagne un écosystème IT de plus en plus demandeur, qui en retour crédibilise logiquement sa démarche.

 Là est donc son rôle de ciment de cet écosystème et de tiers de confiance qui structure et soutient les projets clés. « Le support de la fondation est  aujourd’hui indispensable pour le modèle de l’Open Source » a tenu à rappeler un représentant de Wind River, spécialiste de l’OS embarqué, présent sur l’événement – il y présentait la version 8 de Wind River Linux.

La LinuxCon de Dublin pourrait ainsi en être l’illustration. Lors de cet événement, la fondation a présenté plusieurs projets et groupes de travail communautaires  dont la création vise à réunir et à dynamiser les acteurs industriels d’un même secteur. C’est le cas du projet collaboratif Real-Time Linux (RTL) Collaborative Project dont l’ambition, calée sur les tendances de l’Internet des objets, de la robotique et de l’embarqué, est de rapprocher le noyau Linux principal de sa branche dédiée au temps réel (RT – Real Time). Histoire de faciliter globalement sa maintenance et de traduire la présence, de plus en plus importante, du monde de l’embarqué dans l’IT moderne.

Accélérer l’intégration du temps réel au noyau principal

Concrètement, cette initiative, qui rassemble Google, ARM,  Intel, IBM, National Instruments, OSADL, Texas Instruments et Altera, vise à faire monter en gamme l’industrialisation de la branche RT et de la caler sur les rythmes de développement du noyau principal, explique un représentant d’Altera présent sur l’événement. A ce titre, Thomas Gleixner, qui maintenait jusqu’alors la branche RT, devient Linux Foundation Fellow, dédié au temps réel, aux côtés de Greg Kroah-Hartma,  Richard Purdie et  Linus Torvalds, mainteners-cadres du noyau principal.

Au final, l’objectif est d’accélérer le merging des composants RT au noyau.

« Tous les patches Real Time (Preempt RT) ne sont pas intégrés au noyau principal. Il existe donc un écart entre les deux. Le code est bien présent dans la communauté, mais pas dans le noyau Linux », explique Teodor Bobirnila, responsable Open Source Platform Marketing chez Wind River. En tant qu’éditeur, Wind River affirme gérer cette intégration.

Mais, il cite plusieurs efforts communautaires qui vont aussi dans ce sens (ARM avec Linaro ou encore l’OSADL – Open Source Automation Development Lab).

« La consolidation est le résultat de ces efforts communautaires, résume-t-il. Si ces efforts se sont concrétisés au sein du noyau principal, nous pouvons considérer que le travail est fait. Une fois cela fait, le problème est résolu et la communauté peut avancer », résume-t-il. « Cette intégration au noyau principal est une première étape (par exemple en matière de maintenance, NDLR) », poursuit-il.

Conformité des licences et du code

Enfin, la conformité des logiciels et du licensing, souvent présentée comme des interrogations des entreprises en matière d’Open Source, sont deux sujets au cœur du nouveau groupe de travail OpenChain Workgroup. Son objectif est de formaliser une série de bonnes pratiques pour analyser la conformité du code et du logiciel Open Source. Le modèle Debian sera au cœur des préoccupations de ce groupe, ainsi que le format Software Package Data Exchange (SPDX), qui permet de décrire les composants, les licences et les copyrights associés à un logiciel.

Ce même format est une base du projet FOSSology dont le framework sert à analyser la conformité des licences d’un logiciel. Ce projet a désormais trouvé un havre de paix au sein de la Fondation Linux qui hébergera cette initiative. L’annonce a également été réalisée lors de cette LinuxCon.                                        

« Les projets Open Source sont souvent  désordonnés et ont souvent plusieurs licences. Intégrer la licence directement dans le code source est devenu indispensable », commente Jilayne Lovejoy, en charge des questions juridiques liées à l’Open Source chez ARM. Mais généralement, les licences sont mentionnées dans un fichier TXT, qui se perd, ou est remplacé lors des échanges. SPDX est donc là pour faciliter l’intégration de cette licence dans le code via une syntaxe donnée. « Cela aide vraiment les utilisateurs en aval », lance-t-elle. Une façon de rappeler que cela est aussi le rôle de la Linux Foundation.

 

 

 

 

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