IBM installe Watson dans un écosystème IoT : le cas d’usage si attendu ?

IBM a annoncé un doublement des APIs Watson pour 2016, un réseau de partenaires qui s’agrandit et une nouvelle entité Watson taillée pour l’IoT. Les outils et données The Weather Company, rachetés ce jour, alimenteront cette division.

A l’occasion de sa conférence Insight 2015, qui s’est tenue cette semaine aux Etats-Unis, IBM a montré combien la création d’un écosystème était clé pour Watson et comment il comptait faire pour pousser les usages de sa technologie très tendance d’informatique cognitive.

Il faut dire que Watson fait partie de ses technologies qui marquent une rupture dans les environnements IT. Né dans les labos d’IBM, Watson a commencé à se faire remarquer en gagnant un jeu TV (Jeopardy), mais IBM avait bien d’autres ambitions : celles d’en créer un levier de croissance et de l’inscrire officiellement au rang des produits commerciaux du groupe.

De là est né une entité dédiée, faisant sortir officiellement Watson de son rang de projet de recherche, et le poussant comme produit commercial.

Le long chemin de la création d’un écosystème

Depuis, IBM a entamé la création d’un écosystème d’entreprises, de start-ups et bien sûr de développeurs. Bref tout ce qui pouvait faire éclore des cas d’usages type de Watson.

Par exemple, Big Blue a concrétisé le fait que Watson était bien positionné dans le domaine de la Santé en créant une entité dédiée au secteur, Watson Health.

Pour faciliter l’intégration de Watson, et ainsi en étendre les possibilités au sein d’applications tierces, IBM a également entrepris de découpler les fonctions de Watson sous la forme d’APIs.

Actuellement, il en existe une trentaine, manipulables depuis le Watson Developer Cloud ou encore via Bluemix, le Paas d’IBM. Celui-ci fait la promesse de distiller des services Watson dans les applications Cloud. « En 2016, nous comptons multiplier par deux le nombres d’APIs et de services disponibles et d’ajouter de nouvelles fonctions à Watson », a d’ailleurs promis Mike Rhodin, à la tête de la division Watson, présent sur Insight 2015.

Ce dispositif a ainsi permis de faire éclore un premier écosystème de partenaires et de start-ups. Aujourd’hui, nous a rappelé IBM, il existe plus de 100 applications commerciales bâties sur Watson, développées par un réseau de plus de 400 partenaires dans le monde.

Globalement, 77 000 développeurs utilisent Watson Developer Cloud. « Mais, nous allons repousser encore plus les frontières de ce que peut faire Watson », a lancé Mike Rhodin.

Sur Insight 2015, IBM a aussi mis en avant six partenaires qui ont rejoint la sphère Watson – essentiellement des start-ups. Six sociétés capables encore une fois de flécher des cas d’usage, en s’adossant sur les APIs Watson.

Les domaines abordés sont ceux du call-center (Engage et Macaw Speech se sont appuyé sur les API Retreive & Rank – langage naturel- et d’autres liées à analyse du langage et des sentiments), du marketing et de l’analyse de données issues des réseaux sociaux (Opentopic et StatSocial ont utilisé les API Watson Taxonomy et Personality Insights, respectivement), de l’analyse de résultats d’études ou encore de la gestion des risques (Vennli et Domus Semo Sancus).

« Si nous voulons vraiment que cela décolle, nous devons rendre possible la création d’applications au dessus de Watson. Et ce, pour les entreprises de toute taille », a expliqué Steve Abrams, Distinguished Engineer et directeur de l’écosystème Watson, dans un entretien avec la rédaction.

Il s’agit là de « montrer des cas d’usage et de faire germer des idées dans l’esprit d’autres industries ». Mais « nous en sommes encore au début. Nous sommes à la recherche d’un projet d’une grande entreprise qui montre le chemin » a-t-il ajouté.

En multipliant les APIs, ce sont ainsi autant de portes d’entrée qui s’ouvrent vers Watson et autant d’entreprises et de cas d’usage qui peuvent s’y engouffrer. Selon Steve Abrams, ces APIs permettent aussi « de simplifier une approche très complexe ».

« Faire du Watson sans connaître Watson est l’idée derrière les APIs de Bluemix, Cela permet d’impliquer des développeurs qui n’ont pas l’expertise dans le Machine Learning, par exemple. »

Eduquer le marché au cognitif

Reste que pour cela, IBM doit passer un cap.

L’une des principales difficultés d’IBM avec Watson est par exemple de faire passer l’idée que le concept d’informatique cognitive n’est pas qu’un concept scientifique ou encore réservé à la recherche. En ce sens, il faut encore éduquer le marché, nous a rappelé Jennifer Hamel, analyste au sein du cabinet TBR.

« La stratégie d’IBM autour de Watson est une stratégie sur le long terme. Je ne les vois actuellement pas générer du revenu avec. Ils ont établi des liens avec la communauté des développeurs et avec les start-ups qui utilisent Watson pour développer des applications innovantes », précise-t-elle. « Mais les cas d’usage liés à la recherche (ou encore dans le domaine de la Santé, là où IBM a en premier lieu dégagé des cas d’usage de Watson, NDLR) étaient les plus faciles pour démontrer la puissance de l’outil. Pour les petites entreprises, cela est encore hors de portée ».

« Ce n’est que le début. Les cas d’usage des entreprises s’inscriront sur le long terme après que les activités conseil ont porté leurs fruits. Je pense que nous allons davantage entendre parler de cette nouvelle activité de conseil. Elle a la capacité de pousser l’adoption de Watson, mais cela s’inscrit plus dans le futur », ajoute-t-elle enfin.

Ces activités de conseil (IBM Cognitive Business Solutions) prévoient la mise à disposition de consultants experts en technologies qui motorisent l’IT cognitif (comme le Machine Learning, par exemple).

Le cas The Weather Company

Et justement. IBM a profité de sa conférence Insight 2015 pour montrer une nouvelle voie qui s’ouvre à Watson.

Après avoir scellé un partenariat avec The Weather Company, une entreprise américaine spécialisée dans les données météorologiques, IBM a finalement annoncé son rachat pour en faire l’une des fondations d’une nouvelle entité Watson : une entité qui associe Watson au très tendance Internet des objets. Cela donne au final Watson IoT.

The Weather Company est une entreprise très connue aux US – assez peu en France, même si ses technologies motorisent l’application Météo de l’iPhone.

Son modèle économique repose sur la distribution de données météo auprès d’entreprises, et pour cela, elle a mis en place une puissante infrastructure de collecte et de traitements de données. Elle s’appuie sur les données générées par 3 milliards de points de référence météo, par les smartphones et par le trafic aérien – il récolte les données de 50 000 vols au quotidien.

Au total, ce sont quelque 4 To de données collectées tous les jours, a rappelé The Weather Company lors de l’événement.

IBM exploitera ainsi ce dispositif et ses données ainsi que la plateforme Cloud qui soutient le système. Cette plateforme devrait d’ailleurs migrer vers le Cloud d’IBM.

Evidemment, l’objectif de ce rapprochement est de permettre d’associer Watson à cette équation et de permettre d’user de ses fonctions cognitives sur des masses de données issues de l’Internet des objets (issues par exemple capteurs), associées aux données météorologies.

Selon The Weather Company, 65% de grandes entreprises estiment que la météo a un impact sur leurs revenus. Serait-ce là la voie royale pour les capacités cognitives de Watson ?

Pour approfondir sur Internet des objets (IoT)

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