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Power BI (ré)intègre Excel

La plateforme BI de Microsoft vient de se doter de deux outils permettant d’exporter ses données vers Excel et d’importer des contenus depuis le tableur. Deux passerelles fortement demandées par les utilisateurs. Et qui devraient asseoir encore un peu plus la montée en puissance de l’offre.

Une des nouveautés radicales de Power BI à sa sortie était que Microsoft avait extrait son outil analytique et de DataViz du socle historique d’Excel. Précédemment, toutes les analyses se faisaient via le tableur et aux travers d’un jeu d’extensions plus ou moins puissantes dont la plus utilisée par les « power-users » était Power Pivot.

En les regroupant toutes et en les packageant dans une offre prête à l’emploi, Microsoft avait considérablement simplifié sa gamme en la rendant par là-même beaucoup plus lisible.

Oui mais voilà, qu’on le veuille ou non, l’outil d’informatique décisionnelle le plus populaire en entreprise reste, et de loin, Excel – avec ses macros et ses extensions.

Back to Excel

Sur UserVoice, le forum de la communauté de Power BI, la demande d’une intégration entre l’outil BI et le tableur revenait très régulièrement. L’éditeur a écouté les utilisateurs et a ouvert en grand les passerelles entre les deux. Un bouton « Analyser dans Excel » a ainsi fait officiellement son apparition pour exporter et – comme son nom l’indique – analyser les données de Power BI dans le tableur.

Et inversement, une extension « Power BI publisher for Excel » permet d’exporter des rapports PivotTable (tableaux croisés dynamiques), des graphiques ou un ensemble de cellules depuis Excel vers un Dashboard dans Power BI.

La mise à jour annoncée le 23 mars ajoute d’autres nouveautés comme des fonctionnalités de contrôle d’accès aux données (en fonction des utilisateurs ou de règles) déterminés par l’IT. Un point également très demandé. Toujours pour l’IT, le portail d’administration analyse à présent quels contenus, quels tableaux de bord et quels jeux de données sont les plus consultés - ce qui permet de leur donner une meilleure visibilité et d’améliorer prioritairement leur gouvernance.

Une nouvelle visualisation a également été présentée lors du Data Insights Summit. Baptisée SandDance (la « danse des sables »), elle est actuellement en pré-version. « Ce nouveau genre de visualisations représente en permanence sur l’écran tous les éléments des données et propose des transitions animées [NDR : d’où son nom] entre les visualisations pour aider à explorer, comprendre et trouver des enseignements contenus dans les données brutes », y compris au travers de modélisations 3D manipulables à 360°. L’outil peut aujourd’hui compiler jusqu’à 10.000 lignes de donnés. Il est accessible depuis la galerie de visualisations personnalisées de Power BI.

Des mises à jour qui vont (peut-être) ralentir

Si cette mise à jour peut-être considérée comme majeure par la portée stratégique qu’elle représente en s’intégrant à Excel – d’où le traitement spécifique dont elle a bénéficiée au Data Insights Summit - elle n’est qu’une des très nombreuses releases que Microsoft a déployées depuis juillet 2015. Le rythme des sorties est en effet de une par semaine pour Power BI en mode SaaS et de une par mois pour l’application bureau.

Au final, ce sont pas moins de 256 fonctionnalités – sourcing de données, story telling, etc. - qui ont été ajoutés à l’outil qui est devenu, en huit mois, un peu plus qu’une simple solution de DataViz.

Problème, plusieurs utilisateurs notent que ces nouveautés ne sont pas toutes exemptes de bugs et qu’un tel rythme est difficile à suivre.

Ceci étant, à mesure que la solution gagne en maturité, ce rythme effréné devrait ralentir. De toutes les manières, comme le fait remarquer un client de Power BI et de Power Pivot dans Excel interviewé par nos collègues de SearchBusinessAnalytics (groupe TechTarget, également propriétaire du MagIT), « si Microsoft poursuit sur cette tendance, il n’y aura plus grand-chose à ajouter pour être présenté l’année prochaine ».

Guerre des prix

Ces salves de sorties ont en tout cas permis à Microsoft de s’imposer comme un acteur central de la BI.

C’est ce qui ressort du rapport de Gartner – qui vient de dynamiter son classement 2015 des plateformes analytiques – qui ne laisse que trois acteurs dans sa catégorie des « Leaders » du marché : Qlik, Tableau et Microsoft.

Même son de cloche chez Forrester pour qui Microsoft domine, encore et toujours, le marché de la BI avec… Excel. Mais avec la montée en puissance fonctionnelle de Power BI, « Microsoft rend de plus en plus difficile pour les grandes entreprises qui ont déjà déployé Office, Office 365, SharePoint et SQL-Server d’ignorer Power BI et de ne pas en faire leurs plateformes BI ».

D’autant plus qu’en parallèle, l’éditeur s’est lancé dans une guerre tarifaire agressive. Sorti à 40 dollars par mois et par utilisateurs dans sa version Pro, avec un abonnement obligatoire à Office 365, Power BI est aujourd’hui tarifé à 9.95$ - sans obligation de souscrire à aucune autre offre.

En comparaison, Tableau Online coute 500 $ par an par utilisateur (ou 42$ par mois). Et Qlik Sense Cloud Plus, 20$ par mois et par utilisateur.

Prix agressif, offre déconnectée contractuellement des autres produits Microsoft, et mises à jour fonctionnelles fréquentes ont, pour les analystes, assis l’adoption de Power BI. Résultat, aujourd’hui Microsoft revendique 200.000 entreprises utilisatrices et 5 millions d’abonnés à sa plateforme analytique.

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