Le numérique n'a pas fini de bouleverser les RH

Une étude du cabinet Deloitte sur les Tendances en Ressources Humaines 2016 souligne l'important impact du numérique. Omniprésente, la technologie bouleverse l'organisation de l'entreprise. Pour repenser ses modèles, les DRH devront s'appuyer sur le Design Thinking et sur l'analytique.

Le cabinet Deloitte a récemment présenté la 6ème édition de son étude Tendances RH 2016. « C'est la plus importante étude RH jamais réalisée au monde », souligne Philippe Burger, associé responsable du Capital humain, qui précise qu'elle a été réalisée dans 130 pays auprès de 7000 directeurs de ressources humaines ou d'entités métier, dont 230 personnes en France.

La moitié des effectifs est désormais issue de la Génération Y

Les personnes interrogées travaillaient pour un tiers dans des entreprises de moins de 1.000 salariés, pour un tiers dans des entreprise de taille intermédiaire et pour un tiers dans des très grands comptes.

En guise d'introduction, l'étude souligne que 2016 est une année de rupture, marquée par quatre phénomènes importants.

Tout d'abord, la démographie des entreprises est totalement bouleversée. Plusieurs générations s'y côtoient, des plus jeunes aux baby-boomers. Et fait notable, la Génération Y représente désormais plus de la moitié des effectifs.

Ensuite, un nouveau contrat social s'impose entre l'entreprise et les salariés pour prendre en compte la part croissante des indépendants et des freelance. En France, le nombre de travailleurs freelance aurait ainsi augmenté de 85% en dix ans. Quant aux Etats-Unis, les indépendants représentent déjà près du tiers des effectifs.

De nouveaux business modèles

Troisième phénomène, le numérique s'est installé partout dans l'entreprise, que ce soit sous forme de technologies (impression 3D, robotisation, objets connectés…) ou d'usages (réseaux sociaux, email…).

Cette omniprésence change en profondeur les modèles d'organisation, l'environnement et les modes de travail… et pas toujours de façon positive ! Faire plus peut vite générer plus de stress et donc entraîner une baisse de la productivité. C’est en tout cas ce que soulignent les auteurs de l'étude.

Enfin, le numérique favorise l'accélération du changement. « La loi de Moore a stimulé l'innovation technologique, mais elle a aussi accéléré le rythme du changement. Les entreprises doivent être plus agiles, plus adaptables », explique Gabriel Bardinet, senior manager à l'Observatoire du capital humain Deloitte.

« Avant, elles repensaient leur organisation tous les 3 à 5 ans. Aujourd'hui, c'est tous les 24 mois qu'elles doivent se réorganiser ». Face à l'arrivée des nouveaux acteurs comme Uber ou AirBnB, elles revoient leurs business modèles et se repositionnent pour rester dans la course.

Repenser la fonction RH autour du collaborateur

Conséquence de ces phénomènes conjugués, l'entreprise se réorganise selon un modèle moins structuré, moins hiérarchique.

A la faveur d'un rajeunissement des managers, la pyramide s'écrase et suscite un nouveau mode de management. Le modèle fait la part belle au collaboratif, au mode projet qui rassemble des profils différents. Et l'on parle aujourd’hui de l'expérience employé comme on a parlé de l'expérience client…

C'est l'avènement du « Digital RH » et de l'utilisation des SMAC au service de la fonction RH - les technologies « Sociales, mobiles, analytiques et Cloud ».

Pour relever ce défi, les DRH s'appuieront sur le Design Thinking. Cette approche les aidera à réinventer les modes de travail des collaborateurs en les plaçant au centre de leur logique et en abattant les silos entre les différentes missions de la fonction, formation, recrutement, mobilité, rémunération, etc.

Enfin, les HR Analytics aideront les entreprises dans leur prise de décisions et dans la mesure de l'impact des politiques mises en place sur la performance de l'entreprise.

« Mais seulement 29 % des entreprises françaises interrogées se considèrent comme “matures” sur ce sujet et 60 % le considèrent comme “important”. C'est 21 points de moins que l'année dernière ! », regrette Philippe Burger. En conclusion, le numérique apportera beaucoup… à condition de s'en servir.

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