Nutanix dans la dernière ligne droite avant son entrée en bourse

Avec près d'un an de retard, Nutanix devrait finalement profiter de l'accalmie sur les marchés financiers pour s'introduire en bourse. La firme qui a vu son CA bondir de 84% sur un an prévoit de mettre sur le marché 14 millions d'actions et d'en retirer entre 150 et 174 M$.

Avec près d’un an de retard sur le plan initial, l’introduction en bourse de Nutanix devrait finalement s’opérer avant la fin de l’année. Le leader de l’hyperconvergence a franchi cette semaine la dernière étape avant son introduction en bourse (IPO), en fixant le prix souhaité pour son émission de titres.

Dans le formulaire S1 transmis à l’autorité des marchés financiers US, la Security and Exchange Commission (SEC), Nutanix indique son intention de mettre sur le marché 14 millions d’actions de classe A à un prix compris entre 11 et 13 $ ainsi que 2,1 M d’actions sans droits de vote,réservées à ses banques conseils (à un prix de 12$). L’opération devrait lui permettre de faire entrer dans ses coffres entre 150 et 173,8 M$ (une fois les frais déduits) et devrait valoriser la société aux environs de 1,8 Md$ (soit légèrement en dessous de la valorisation de 2 Md$, estimée lors de sa dernière levée de fonds en 2015).

Une introduction retardée par la situation des marchés financiers

Nutanix avait à l’origine déposé sa demande d’introduction en bourse en décembre 2015, mais n’a cessé de retarder le processus depuis, du fait de la situation incertaine sur les marchés boursiers.

Comme l’a expliqué Mohit Aron, le cofondateur et ex-CTO de Nutanix (aujourd’hui cofondateur et CEO de Cohesity), Les dirigeants de Nutanix ont été effrayés par l’état du marché. Le marché, explique-t-il, pardonne moins qu’auparavant aux entreprises qui perdent de l’argent malgré une forte croissance. Mohit Aron détient toujours 10,7 millions d’actions de Nutanix.

Aron indique qu’il pense que l’avenir de Nutanix est prometteur : « On parle d’une technologie fondamentalement innovante, qui résout de vrais problèmes et que les clients sont en train d’adopter. Je vois l’hyperconvergence séduire les clients tous les jours, tant pour le stockage primaire que pour le stockage secondaire. Bien sûr, les marchés financiers ont des hauts et des bas. Mais je pense que les entreprises se développent lorsque leurs fondamentaux sont solides ».

Une croissance impressionnante mais toujours déficitaire

Et pour ce qui est de Nutanix, la situation s’améliore. Sur un an, la firme a vu sa base de clientèle passer de 1799 à 3768, une progression impressionnante, et le chiffre d’affaires est passé de 241,4 M$ à 444,9 M$. Depuis trois trimestres, le flux de trésorerie lié à l’exploitation est positif, si bien que sur l’ensemble de son année fiscale 2016, Nutanix a réussi à afficher un flux de trésorerie lié à l’exploitation de 3,6 M$, contre un flux négatif de - 25,7 M$ en 2015. La situation de trésorerie libre s’est aussi améliorée avec un déficit de -38 M$ sur l’année 2016 contre -49 M$ sur l’année 2015. Autre bonne nouvelle, les revenus différés (liés à la maintenance et aux licences logicielles) explosent. Ils atteignent désormais 296 M$ contre 229 M$ en 2015 (sur le seul dernier trimestre fiscal, clos le 31 juillet, les revenus différés ont bondi de 61 % contre 22 % pour le chiffre d’affaires). Enfin, la marge brute est solide, à 61 %, un niveau similaire à celui des grands acteurs du stockage.

Pour autant, tout n’est pas rose. Sur l’année fiscale 2016, la perte nette a continué à s’accroître. Elle a atteint 168,5 M$ contre 126,1 M$ en 2015. Avec les coûts accrus liés à la cotation en bourse, Nutanix indique que la situation du côté des profits nets pourrait rester durablement négative.

Nutanix dispose actuellement d’une trésorerie nette d’environ 99 M$ et sa balance de trésorerie et de placements à court terme est de 185 M$. Si la levée de fonds se déroule au mieux, la firme devrait donc disposer de près de 360 M$ dans ses coffres pour financer sa croissance. De quoi, au rythme actuel de pertes, soutenir près de 10 ans d’exploitation.

Clairement, Nutanix a encore une marge de progression d’autant que le marché de l’hyperconvergence devrait passer de 1,9 Md$ cette année, à 4,8 Md$ en 2019 (selon IDC). La firme a notamment une marge de progression importante dans les grands comptes. A ce jour, elle n’est en effet présente que dans 310 des 2000 plus grandes entreprises mondiales.

Nutanix entend aussi étendre son périmètre d’activité au-delà de l’infrastructure et se prépare à offrir des briques d’automatisation et de PaaS sur mesure, à la suite de son acquisition de Calm.io. L’objectif est de répondre à la demande croissante d’agilité des entreprises en proposant un socle applicatif à même de fonctionner aussi bien en interne, sur une infrastructure Nutanix, qu’en mode cloud hybride avec des déploiements sur les grands clouds du marché. Un projet ambitieux dont nous avons discuté avec le CTO de Nutanix et l’ex-CEO de Calm.io, et sur lequel nous reviendrons en détail dans un prochain article.

 

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