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Seagate accélère sur le marché des systèmes de stockage

L'activité systèmes de stockage de Seagate, née de l'acquisition de Xyratex et Dot Hill, approche désormais le milliard de dollars de CA. Outre son marché OEM historique, Seagate connait un développement rapide sur le marché du HPC et lorgne sur celui du cloud.

Depuis l’acquisition de Xyratex en 2014 et celle de Dot Hill en 2015, Seagate dispose d’un solide portefeuille en matière de systèmes de stockage, qu’il commercialise pour l’essentiel en OEM via des constructeurs comme Dell, HPE, Kaminario, Microsoft (StorSimple), Pure Storage, Quantum, Reduxio, Tintri, etc…

Le constructeur a aussi développé une expertise spécifique en matière de stockage pour le monde du calcul à hautes performances via ses gammes ClusterStor (revendues également par Cray, Dell EMC et HPE).

Comme l’explique Ulrich Plechschmidt, le patron européen et directeur marketing mondial de l’activité systèmes de stockage de Seagate en Europe, le chiffre d’affaires de cette activité au niveau mondial approche le milliard de dollars : « Nous servons des segments différents, dont le stockage traditionnel, le stockage pour le monde HPC et nous faisons aussi du design à façon. La majorité de nos revenus est aujourd’hui réalisée avec de grands acteurs dans les systèmes traditionnels, mais nous travaillons aussi beaucoup avec des start-ups sur des sujets comme NVMe ou NVMe over Fabrics ».

Un développement rapide sur le marché du stockage HPC

L’un des segments en pleine croissance est celui du calcul à haute performance. « Avec notre offre ClusterStor, que nous commercialisons via des partenaires comme Cray, Dell ECM ou HPE, nous proposons des systèmes de stockage spécifiques pour le monde du HPC » indique Ulrich Plechschmidt. Les baies ClusterStor sont des baies de stockage à l’échelle d’un rack optimisées pour les grands systèmes de fichiers HPC, comme Lustre et GPFS. Cette ligne de produits est née en 2012 des travaux de l’Anglais Xyratex, depuis acquis par Seagate. Depuis, ses revenus doubleraient chaque année. Lors de la publication du récent Top 500 à SuperComputing 2016, huit des vingt plus grands systèmes HPC étaient ainsi motorisés par ClusterStor pour leur partie stockage (dont le cluster Pangea de Total, installé près de Pau).

L’une des évolutions récentes de l’offre ClusterStor est le support du stockage Flash. « Historiquement, les clients HPC utilisaient des disques durs. Cela répondait à leur besoin, car la plupart des workloads HPC étaient de nature séquentielle. Mais récemment, on a vu émerger de plus en plus d’applications avec des profils IO aléatoires et faisant usage de tailles de blocs plus petites. Nous avons donc créé une version Nytro de ClusterStor ».

Nytro est le nom commercial historique de la technologie de tiering et de cache Flash de LSI, une société dont Seagate a repris les actifs Flash. La technologie Nytro était embarquée dans certaines cartes RAID de LSI et permettait de doper les performances d’un volume RAID à base de disques durs en utilisant un ou plusieurs SSD comme cache. « Nous avons réécrit le code Nytro de LSI pour Cluster Stor et c’est une couche transparente dans l’appliance ».

Une baie ClusterStor de Seagate

Ulrich Plechschmidt explique au passage que les systèmes de stockage sont devenus des enjeux importants dans le monde HPC : « la performance en Flops des clusters n’est plus le seul critère. La performance en IOPS devient importante. Historiquement, près 15 % de la facture d’un cluster allaient au stockage. Aujourd’hui, on peut approcher les 30 % et, à l’avenir, on peut imaginer atteindre les 50 % ». Cela crée des soucis pour nos clients, car souvent leurs budgets n’ont pas anticipé ce changement. Sur ce point, le monde du HPC est en retard sur celui de l’entreprise ou les mentalités ont évolué il y a plus de dix ans autour de l’importance du stockage ».

L’un des enjeux du moment est le besoin des clients HPC de disposer d’une vaste capacité d’archive active sur disque. Cette demande peut être traitée par du stockage objet et Seagate a d’ailleurs noué des partenariats avec des constructeurs comme Scality ou Amplidata. Mais le problème, selon Ulrich Plechschmidt, est que ces solutions restent coûteuses. « Plusieurs clients nous ont demandé de compresser ces coûts d’archivage actif. La contrainte est de produire un système capable de délivrer des débits supérieurs à 1 Go/s tout en étant très peu cher ».

C’est à cette fin que le constructeur a récemment lancé ses systèmes ClusterStor A Series qui embarque des fonctions de codes à effacement (erasure coding) pour la protection des données distribuées. Les ClusterStor A Series ont une interface S3 pour l’accès aux données, mais manquent encore de fonctions avancées comme la géoréplication.

Aujourd’hui ces systèmes sont gérés comme un système d’archivage autonome. Mais à terme, l’objectif de Seagate est de permettre à ses clients de gérer les ClusterStor standard et les ClusterStor A Series comme un système unifié via un file system unique. Sur ses systèmes Lustre, Seagate travaille ainsi sur le projet Robin Hood pour implémenter de façon transparente des fonctions de HSM entre ses baies. Des efforts similaires sont faits dans le cadre des projets européens en matière de File System HPC (soutenus par le programme Horizon 2020 avec Jülich, Diamond Light Source et le CEA).

Des ambitions pour le cloud ?

Seagate lorgne également sur un dernier marché, celui des infrastructures des acteurs télécoms, des services providers et des géants du web et du cloud, des acteurs dont les achats représentent une part croissante du marché mondial des infrastructures.

« Aujourd’hui, tous ces acteurs bâtissent leurs propres châssis de stockage, car l’offre du marché ne correspond pas à leur besoin » explique Ulrich Plechschmidt . « Nous sommes en discussions avec plusieurs d’entre eux pour construire les blocs de base qui pourraient répondre à leurs besoins. Mais il faudra sans doute encore une bonne année pour que les systèmes en cours d’ingénierie soient installés dans les datacenters des premiers clients ».

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