Ducellier Philippe

Infor s’offre Birst et se lance véritablement dans la BI

Dix ans après ses concurrents, Infor rachète un acteur de la BI. Mais en mettant la main sur un pure-palyer né dans le Cloud, l’éditeur fait une acquisition stratégique qui pourrait lui donner un coup d’avance s’il y met les moyens.

Infor, l’éditeur d’ERP Cloud et d’applications métiers, annonce avoir conclu un accord pour acquérir Birst, le pure player de la BI.

Birst a été créée par des anciens de Siebel en 2004, juste avant son rachat par Oracle en 2005. Infor pour sa part a été repris par des anciens du même Oracle en 2010

Siebel était connu pour son CRM mais la société s’était diversifiée dans la BI dès 2004. Un des fondateurs de Birst, Brad Peters, avait dirigé cette ligne de produit analytique chez Siebel.

Un outil BI plus complet pour Infor

Infor possédait déjà des outils BI (Infor Analytics) et des solutions prédictives (que ce soit pour la RH ou dans ses solutions métiers). Mais Birst possède un ensemble d’algorithmes et de fonctionnalités qui semblent plus robustes (dixit les analystes du Gartner dans leur rapport 2017 sur le secteur).

Autre différence, l’analytique d’Infor – bien que In-Memory - était jusqu’ici profondément imbriquée à ses solutions (comme dans M3). Par opposition, Birst est un acteur « transverse » capable d’apporter des usages plus généralistes et d’intégrer des sources beaucoup plus diverses.

Birst : un petit acteur mais de qualité… et Cloud

Birst n’est pas le plus gros du secteur, ni le plus connu, mais il en est un acteur majeur. Présente dans le Magic Quadrant 2017 dans « les acteurs de niches », la solution propose un ETL (extraction, transformation et téléchargement), des tableaux de bord (dashboards), la compréhension sémantique, la visualisation (DataViz), la recherche intelligente (Smart Discovery), ainsi que la combinaison de données (Data Blending).

Le tout en mode Cloud, comme la majorité des solutions d’Infor.

Birst ne manque pas d’atouts mais la société a peiné à trouver une taille critique. Pour convaincre les clients, ses équipes commerciales ont même tenté des tarifications plus souples et plus avantageuses pour les entreprises, à savoir leur vendre un nombre de « places » et non nombre « d’utilisateurs » (un « seat » pouvant être utilisé indifféremment par n’importe quel utilisateur qui n’est pas nécessairement nommé, on peut acheter un « siège » pour autant d’utilisateur que l’on veut, à condition qu’ils l’utilisent les uns après les autres).

La force commerciale d’Infor devrait apporter à Birst un sérieux coup de pouce pour changer de stature.

Pour Infor, l’intérêt de cette acquisition est de trouver un nouveau relais de croissance avec une vraie couche BI, capable de se positionner au-dessus de l’ERP et non plus uniquement dans l’ERP.

Dans les pas des concurrents, mais un bon achat quand même

Avec ce rachat, Infor marche dans les pas d’Oracle (qui avait racheté Hyperion), de SAP (qui avait mis la main sur BusinessObject) et d’IBM (qui avait acquis Cognos) qui avaient mis la main au portefeuille pour se doter d’une solution BI. Les trois en 2007.

A la différence de ses prédécesseurs, Infor a jeté son dévolu sur une solution entièrement conçue dans le Cloud. On pourrait donc penser au premier abord que l’éditeur a dix ans de retard. Mais quand on voit les difficultés qu’ont tous les acteurs « traditionnels » à migrer leurs solutions vers le Cloud, Infor a certainement fait une bonne affaire en s’évitant cette étape périlleuse que seule Microsoft semble avoir pleinement réussi avec Power BI.

Birst pourrait donc même donner un coup d’avance à Infor. A condition de mettre les moyens pour continuer à développer l’outil et à coller aux tendances émergentes de la BI (automatisation, AI pour simplifier l’usage, etc.).

Le prix de la transaction n’a pas été dévoilé. Mais un acteur français similaire (BIME) avait été racheté pour 45 millions de dollars par Zendesk en 2015. Le prix de 100 millions avancé par le magazine Fortune parait donc parfaitement plausible.

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