Dell Technologies poursuit sa croissance, malgré des ratés dans le stockage

Le numéro un mondial de l'informatique vient de boucler un solide second trimestre fiscal, dopé par la performance de sa division PC et périphériques et par la forte croissance des serveurs et de VMware. Le stockage en revanche a perdu près de 800 M$ de revenus en un an.

Au cours de son dernier trimestre fiscal, Dell Technologies a réalisé un chiffre d’affaires de 19,3 milliards de dollars devenant le numéro un mondial de l’informatique d’une courte tête devant IBM, dont les recettes durant ses trois derniersmois d’activité ont été 10 M$ inférieures à celles du constructeur texan. Surtout la firme a vu ses revenus datacenter dépasser de très loin ceux d'HPE (7,4 Md$ dans l'infrastructure et 1,9 Md$ dans le logiciel avec VMware, contre 8,2 Md$ pour HPE (dont 712 M$ pour le software qui part chez Microfocus et 897 M$ pour les services financiers).

Un an après le rachat et la fusion avec EMC, Dell Technologies affiche une santé assez insolente par rapport aux autres acteurs du secteur. Ses ventes de PC et périphériques ont progressé de 6,84 % sur un an (à 9,85 Md$) , tandis que ses livraisons d’équipements serveur et réseau bondissaient de 15,5 %, à 3,74 Md$).

La part du revenu de VMware consolidée dans ses comptes par Dell Technologies a, quant à elle, progressé de 12 %, à 1,9 Md$, tandis que les revenus des autres activités (RSA, virtustream, etc...) atteignait 472 M$.

Une activité stockage en fort recul

Sur le marché du stockage, Dell EMC reste le leader incontesté, mais la firme a vu son chiffre d’affaires s’effondrer de façon préoccupante. Sur le trimestre écoulé, les ventes de systèmes de stockage de Dell Technologies ont atteint 3,66 milliards de dollars. L’an passé à la même période, Dell avait réalisé 532 M$ de CA stockage, tandis qu’EMC réalisait un CA stockage d’environ 3,9 Md$ (Une comparaison précise est rendue difficile dans la mesure où les trimestres fiscaux d’EMC et Dell n’étaient pas alignés).

Evolution des revenus trimestriels des principales composantes de Dell Technologies

Ce sont donc près de 800 M$ de revenus stockage, qui se seraient évaporés d’une année sur l’autre. Il est vraisemblable que les efforts accrus de la firme autour de l’hyperconvergence se sont traduits par une conversion partielle de certains revenus stockage en revenus serveurs. Mais il est aussi quasi certain que Dell EMC a laissé des plumes dans sa bataille avec NetApp et avec Pure Storage sur le marché du stockage Flash. La rationalisation du portefeuille stockage du constructeur devrait se poursuivre dans les prochains mois - la firme a déjà fermé DSSD et repositionné XTremIO sur le stockage en mode bloc, tuant le projet d'intégration du Fluid File System), et Dell EMC entend être plus agressif en matière commerciale avec l’embauche de spécialistes additionnels en matière de stockage. Il sera intéressant de voir si ces efforts portent leurs fruits.

Une situation financière qui s’améliore 

La bonne nouvelle pour Dell Technologies est que la firme continue à générer des flux de trésorerie positifs conséquents qui lui permettent de se désendetter à un rythme soutenu. Sur le seul trimestre écoulé, la trésorerie générée par l’exploitation a atteint 1,8 Md$. La dette à long terme a également poursuivi sa décrue. Elle était de 47,2 milliards de dollars à la fin octobre 2016. Elle n’est plus que 41,3 Md$. Dans le même temps, la trésorerie disponible s’est renforcée à 9,2 Md$, contre 8,8 Md$ en octobre 2016. Globalement, la firme semble donc tenir son plan de désendettement, grâce à son aptitude à générer du cash, un objectif dont Michael Dell faisait déjà une priorité lors de Dell EMC World .Dans ce contexte, la perte nette de 946 M$ affichée sur le trimestre est presque anecdotique.

Seul petit bémol, le montant du goodwill (ou écart d’acquisition, c’est à dire la différence entre le prix d’achat d’une société et sa juste valeur) dans le bilan de Dell Technologies est très élevé, du fait du prix payé pour EMC. Si la performance du stockage continuait à se dégrader, Dell technologies pourrait être amené à passer d’importantes provisions lors d’un prochain test de dépréciation (visant à constater que la valeur de l’acquisition ne s’est pas dégradée). Cela n’aurait pas d’impact réel sur la situation de trésorerie, mais plomberait le résultat net et dégraderait le bilan avec un risque éventuel pour Dell de violer certaines conventions de prêts avec ses banques. Un risque qui pour l’instant reste très virtuel, mais que la firme surveille sans doute de près…

 

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