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2017 : une année de transition pour le stockage

Si l'adoption de la Flash continue à soutenir le marché du stockage primaire, les architectures de stockage traditionnelles bi-contrôleur commencent à afficher leurs limites. Les approches distribuées, la désagrégation et l'hyperconvergence sont des alternatives crédibles. Et le cloud est aussi en embuscade.

L’année 2017 aura été une année de transition pour le monde du stockage primaire en entreprise. Dans les datacenters, l’architecture dominante, à base de baies bicontrôleur Intel et de tiroirs de disques SAS a continué à faire de la résistance en surfant notamment sur le remplacement des disques durs rotatifs traditionnels par des SSD à base de Flash NAND.

Partout dans le monde, l’adoption de la Flash a continué à gagner du terrain. En France, HPE nous a ainsi indiqué cette semaine que près de 85 % des ventes de ses baies 3Par StoreServ se sont effectuées avec des disques SSD. La tendance ne semble pas aussi élevée chez ses grands concurrents, Dell EMC et NetApp, mais chez les deux constructeurs, les baies Flash ont également tiré les ventes. NetApp a ainsi affiché une croissance insolente avec ses baies AFF tout au long de l’année et la firme est désormais solidement installée au second rang français du marché Flash, devant HPE, mais toujours derrière Dell EMC.

Si les architectures traditionnelles de stockage restent majoritaires dans les entreprises, elles montrent toutefois des signes de plus en plus évidents de faiblesse. L’émergence de la technologie NVMe, qui connecte les SSD directement au bus PCIe a dynamité l’un des derniers goulets d’étranglement entre les disques et les processeurs en éliminant le vieux bus SAS et son jeu de commande complexe. Résultat, les disques ne sont plus le goulet d’étranglement des baies, ce sont désormais les contrôleurs qui peinent à délivrer les performances potentielles des disques.

Si les stratégies de cache dans les baies (à base de mémoire vive ou de mémoire Optane) peuvent aider à faire illusion pour des applications traditionnelles avec des profils d’E/S en lecture/écriture de type 90/10, elles ont de plus en plus de mal à répondre aux enjeux d’applications modernes ayant des profils d’écriture de plus en plus intensifs. Avec de telles applications, le cache devient en effet inefficace et les performances s’effondrent.

Certains constructeurs ont commencé à le comprendre et ont entamé un virage vers des architectures plus distribuées. Kaminario, Tegile (racheté par Western Digital) et Pure Storage, trois des acteurs émergents nés avec la vague du stockage Flash, devraient ainsi dévoiler en 2018 des architectures remaniées permettant de mieux tirer parti de la performance des nouveaux supports.

D’autres acteurs comme Vexata, ne les ont pas attendus et montrent déjà ce qu’il est possible de faire en distribuant largement la couche de contrôle d’une baie de stockage. Il en va de m^mee d'acteurs plus orientés logiciel comme Excelero ou Datrium. Il est vraisemblable que ces approches devraient se multiplier en 2018 pour répondre aux besoins les plus exigeants. Il sera intéressant de voir comment réagirons les géants du secteur.

On peut aussi noter la progression des travaux sur les architectures désagrégées, ou une couche logicielle permet d’allouer des ressources de stockage venant de JBOD à des serveurs ou à des lames serveur au sein d’un rack. La start-up californienne DriveScale propose ainsi l’une des premières solutions d’architecture composable générique du marché (HPE disposant de sa propre architecture, mais elle reste limitée pour l’instant à son châssis Synergy). Des fournisseurs taïwanais comme QCT et Foxconn s’intéressent également de près à ces approches. Foxconn est d’ailleurs l’un des investisseurs dans DriveScale. 

La montée en puissance de l’hyperconvergence

Pour le cœur des applications patrimoniales des entreprises, les baies de stockage traditionnelles sont aussi de plus en plus en concurrence avec les architectures hyperconvergées.

En France, Nutanix écrase largement ce marché et il a réussi à s’implanter chez une large partie des grands comptes hexagonaux parmi lesquels Société Générale, BNP Paribas, AccorHotels, BPCE, Axa avec l’assistance de Dell EMC et de ses systèmes XC.

Dell EMC pousse aussi de plus en plus son architecture hyperconvergée VxRail, s’appuyant sur les technologies de VMware dont VSAN, ainsi que les architectures hyperconvergées de Microsoft (via par exemple ses Ready Nodes pour Windows Server Storage Spaces Direct).

Selon les derniers chiffres d’IDC, Dell EMC a réalisé un CA de 306,8 M$ avec ses systèmes hyperconvergées au 3e trimestre 2017, devant Nutanix avec 207,4 M$. Mais ce classement est faussé par le fait que Dell EMC réalise sans doute plus de 120 M$ de revenus trimestriels avec ses plates-formes XC, motorisées par l’OS de Nutanix.

Sur ce marché, Cisco est désormais le 3e fournisseur mondial avec sa solution hyperconvergée HyperFlex. La firme a engrangé un peu plus de 65 M$ de CA au 3e trimestre 2017. HPE de son côté met en avant sa propre solution Simplivity en parallèle des solutions hyperconvergées de VMware et de Microsoft. Selon IDC, elle aurait vendu pour un peu plus de 35 M$ de systèmes au 3e trimestre.

De façon générale, les ventes de solutions hyperconvergées ont progressé à un rythme très supérieur à celui des solutions de stockage traditionnelles. Au 3e trimestre 2017, elles ont bondi de 68 % par rapport à 2016 et franchi pour la première fois la barre du milliard de dollars de revenus. À titre de comparaison, le marché des systèmes de stockage externes traditionnels n’a progressé que de 4,1 % au premier trimestre pour atteindre 5,5 milliards de dollars.

Il est à noter que la progression de l’hyperconvergence est loin d’avoir atteint son pic. Le marché est encore jeune et l’adoption de ces plates-formes pourrait encore accélérer avec l’arrivée de fonctions avancées de cloud hybride tant chez VMware (avec par exemple VMware on AWS) que chez Nutanix (avec Nutanix Xi) et Microsoft (Azure Stack).

Le stockage primaire face au défi du cloud

La dernière tendance de l’année 2017 aura été l’arrivée en production de technologies de stockage permettant de déployer des architectures de stockage hybride ou multicloud. Des acteurs comme Hedvig ou comme Elastifile ont ainsi conçu leurs solutions pour qu’elles puissent être déployées dans le cloud aussi bien qu’on premise et permettre ainsi de concevoir des pools de stockage multicloud.

Dans un registre différent, un acteur historique du cloud comme NetApp a réussi à convaincre Microsoft d’utiliser OnTap pour fournir des services NFS dans le cloud Azure. Le service Microsoft Azure Enterprise Network File System est ainsi opéré par NetApp pour le compte de Microsoft et devrait permettre aux entreprises de migrer plus facilement dans Azure certaines de leurs applications patrimoniales.

Plus prosaïquement, la plupart des constructeurs intègrent désormais des fonctions de tiering cloud à leurs baies pour permettre d’en extraire les contenus « froids » et les migrer vers des services objets comme Amazon S3, Google Cloud Storage ou Azure Blob Storage.

A retenir aussi en 2017 :

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