Carrier IQ veut rassurer, opérateurs et constructeurs affichent la prudence

Côté constructeurs, HTC a assuré ne pas utiliser les outils de Carrier IQ pour ses smartphones et tablettes commercialisés en Europe, et Apple vient d’annoncer y avoir renoncé. En France, Samsung et SFR n’ont pas encore répondu à nos questions. Outre-Rhin, un certain flou demeure sur la position des opérateurs mobiles. Carrier IQ a de son côté voulu clarifier le fonctionnement de ces outils.

La polémique enfle des deux côtés de l’Atlantique. Aux États-Unis, le sénateur Al Franken a adressé plusieurs questions à Larry Lenhart, Pdg de Carrier IQ afin d’obtenir des éclaircissements sur le mode de fonctionnement et sur l’implémentation de ses outils par les opérateurs mobiles locaux. L’Europe est également concernée : Carrier IQ indiquait en Juillet 2009 y avoir signé un contrat avec Vodafone Portugal et ses bureaux de Londres servent à l’intégration de ses outils pour ses clients du vieux continent. Lors d’un entretien téléphonique avec LeMagIT, Miguel Calvo Vervaert, vice-président EMEA de l’éditeur, a indiqué avoir des projets avec une «majorité d’opérateurs d’une certaine envergure», en Europe. 

Un certain flou du côté des opérateurs

En France, Orange nous indique ne pas avoir recours aux outils de Carrier IQ, ni a aucun outil équivalent : joint par téléphone, un porte-parole de l’opérateur indique recourir «à un dispositif global avec des terminaux et des cartes SIM de tests, et des robots,» pour procéder à ses tests de qualité de service. Bouygues Telecom vient pour sa part de nous indiquer ne pas utiliser non plus les solutions de Carrier IQ [Mise à jour à 17h19: cette précision vient de nous parvenir alors que l'opérateur avait, plus tôt dans l'après-midi, préféré ne pas commenter le sujet]. Et nous attendons une réponse de SFR. 

Outre-Rhin, Deutsche Telekom a répondu à nos confrères de Heise ne pas utiliser les solutions de Carrier IQ, tout en précisant ne pas savoir si certains terminaux qu’il distribue en sont équipés ou non. E-Plus a assurer ne pas recourir aux outils de l’américain, de même que Vodafone Allemagne. O2 est moins précis : l’opérateur explique ne pas recevoir la moindre donnée sur ses clients. Des réponses qui n’ont manifestement pas totalement satisfait le gendarme allemand de la protection des données personnelles : selon Bloomberg, celui-ci a demandé à Apple de répondre à des questions sur son utilisation des outils de Carrier IQ. Rappelons des traces des logiciels de Carrier IQ ont été trouvées dans iOS depuis sa version 3. 

Les constructeurs prennent leurs distances

Du côté des constructeurs, justement, Apple expliqué avoir arrêté de recourir à Carrier IQ avec iOS 5 sur une large part de ses terminaux. Et que les outils de surveillance de la qualité de service de l’américain ne seraient en fait encore installés dans iOS 5 que sur l’iPhone 4. Sans fournir de précisions quant aux versions antérieures de son système d’exploitation mobile. Aux Etats-Unis, RIM et HTC ont quant à eux rejeté la responsabilité sur les opérateurs. Le canadien a ainsi précisé à nos confrères de All Things D ne pas «pré-installer l’application Carrier IQ sur les smartphones BlackBerry ni autoriser ses partenaires opérateurs à installer l’application Carrier IQ avant vente ou distribution.» Et de réfuter toute contribution quelle qu’elle soit au développement de l’application en question. 

Pour HTC, les outils de Carrier IQ «sont exigés sur les terminaux par plusieurs opérateurs aux Etats-Unis.» Et c’est donc vers ceux-ci qu’il convient de se tourner. Pour l’Europe, HTC nous a répondu par e-mail ne pas faire appel «aux services de ce prestataire américain pour la supervision de la qualité de service de ses smartphones et tablettes commercialisées en Europe.» Nous attendons en revanche la réponse de Samsung, également sollicité par la rédaction.

Carrier IQ précise le fonctionnement de ses outils

De son côté, Carrier IQ a publié un nouveau communiqué afin de préciser le fonctionnement de ses outils, au-delà de ce que son vice-président EMEA nous avait déjà expliqué. L’éditeur rappelle que «chaque implémentation est différente et que les informations de diagnostic collectées sont déterminées par nos clients - les opérateurs mobiles.» Mais il assure que, «bien que de grandes quantités d’informations soient accessibles au logiciel Carrier IQ sur le terminal, notre logiciel n’enregistre pas, ne stocke pas et ne transmet pas les contenus SMS, courriels, photos, audio ou vidéo.» Et de citer un expert en sécurité, Rebecca Bace, de la société Infidel Inc. : «après avoir examiné l’implémentation de Carrier IQ, mon avis est que les allégations de collecte de frappes clavier et de surveillance du contenu des terminaux mobiles des utilisateurs sont erronées.» Comme l’indiquait Miguel Calvo Vervaet au MagIT, Carrier IQ insiste sur le fait «qu’opérer exclusivement dans un cadre et conformément aux lois de la juridiction concernée» est une «condition de ses contrats avec les opérateurs.»

En complément, sur LeMagIT :

- Carrier IQ : les réponses de son vice-président EMEA 

- Qui est concerné par Carrier IQ en Europe ?

- Carrier IQ, le logiciel qui en savait trop 

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