Le ministère de la Défense mauvais payeur en raison de Chorus

Chorus, après la polémique sur les coûts, les impayés. Selon Les Echos, le nouveau progiciel comptable est à l'origine de retards de paiement au ministère de la Défense. Pas réellement surprenant compte tenu de la complexité du sujet au sein de ce ministère... et de ses réticences face à un outil vu comme l'œil de Bercy.

Selon nos confrères des Echos, la mise en place du progiciel comptable Chorus a eu des conséquences lourdes au ministère de la Défense. Les difficultés de déploiement de cet énorme progiciel - sur base SAP - ont en effet entraîné d'importants retards de paiement des factures de fournisseurs. Les Echos parlent de plusieurs centaines de millions d'euros d'impayés pour ce ministère qui, chaque année, investit entre 10 et 15 milliards d'euros.

En cause, les multiples problèmes (reprise des données, formation des utilisateurs insuffisante, rigidité du logiciel) qui sont apparus lors de la bascule entre l'ancien système et Chorus. En septembre dernier, une source très proche du projet reconnaissait d'ailleurs dans nos colonnes : "l'outil de bascule est un peu trop générique. Le sujet s'annonce très chaud notamment à la Défense, où les volumes sont considérables". S'y ajoutent les préventions de la Défense à l'encontre d'un outil vu par le ministère comme une façon pour Bercy de fliquer son activité.

Complexité, volumétrie : la Défense, un vrai test pour Chorus

Tant et si bien que, comme l'a indiqué le blog "Secret Défense" tenu par un journaliste de Libération, le président du Groupement des industries françaises de défense terrestres (Gicat), Christian Mons, est allé se plaindre à la direction générale de l'armement (DGA). Une démarche à laquelle se sont associées deux autres fédérations : Gican (naval) et Gifas (aéronautique). Pour l'instant, la DGA parle d'une résorption graduelle du problème, mais admet que la situation ne sera pleinement rétablie que fin 2010. Le ministère a même mis en place un circuit dérogatoire permettant le paiement des fournisseurs les plus fragiles. Cocasse quand on se remémore les objectifs de centralisation de Chorus.

Rappelons que le déploiement de Chorus au ministère de la Défense a été confié en juin 2009 au tandem constitué par BearingPoint et Sopra. Du fait de sa taille - 4 000 utilisateurs - et de la complexité du projet (avec la gestion de marchés complexes), ce déploiement était considéré comme un test majeur pour le progiciel, censé regrouper toutes les applications comptables et financières de l'Etat. Ce même tandem de SSII avait déjà remporté les déploiements au sein de l'Education Nationale.

Un projet pharaonique : 1,1 milliard sur dix ans

Contacté, Sopra indique que le projet à la Défense ne rencontre "ni bogue, ni dépassement de budget". Sans toutefois préciser dans quelles conditions se déroulent la reprise de données ou l'interfaçage de Chorus avec les applications dédiées du ministère, notamment celles gérant les engagements pluri-annuels complexes sur des marchés liés à l'armement. BearingPoint n'a pas répondu à nos sollicitations dans les délais impartis.

Plusieurs rapports de la Cour des comptes et de la Milolf (Mission d’information de la commission des Finances sur la mise en œuvre de la LOLF, loi organique relative aux lois de finances) ont déjà sérieusement écorné ce qui est aujourd'hui certainement le plus grand projet informatique au monde. Rappelons que le coût de Chorus - tous ministères confondus - est estimé à 1,1 milliard d'euros sur la période 2006-2015.

En complément :

- Projet Chorus : tout se passe aussi mal que prévu

- Chorus : après l'Education Nationale, le tandem BearingPoint-Sopra s'adjuge la Défense

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