Europe : Nec se retire du PC; Angers panse ses plaies

Engagé dans une vaste opération de réduction des coûts, Nec a décidé de cesser son activité PC en France, et même en Europe, pour se concentrer sur le marché plus lucratif des serveurs et du stockage pour les entreprises. Une décision lourde de conséquences pour le bassin d’emploi d’Angers, déjà lourdement fragilisé.

La décision est tombé au début de ce mois de février : après une perte de 2,4 Md€ au dernier trimestre 2008, Nec a décidé de mettre un terme à ses activités grand public en Europe, et notamment en France.

En termes de ressources humaines, le bilan est lourd, quant bien même Nec aurait ouvert 80 postes en Europe pour les reclassements, dont 30 en France : sur 400 postes à Angers (sur une activité d'assemblage essentiellement), seuls une trentaine devraient être maintenus. Tong Chhor, directeur exécutif de la division professionnelle de Nec Computers, assure de sa volonté d’y maintenir l’activité serveurs, qui reste au coeur de la stratégie du groupe en Europe.

Michel Bouyer, secrétaire CFDT Métaux pour le département du Maine-et-Loire, ne cache pas ses doutes. Pour lui, c’est sûr, l’activité de Nec à Angers est appelée à disparaître : « l’activité serveurs est beaucoup plus importante au Royaume-Uni ; il y a de fortes chances que tout soit concentré là-bas. » Echaudé par son passé chez Thomson, Michel Bouyer évoque aussi le départ de Bull de la région et s’inquiète du sort de personnes que « l’on ne pourra pas reclasser dans l’électronique. »  Car Nec n’est pas seul à occuper les journées des responsables syndicats locaux ; il faut aussi compter avec Packard Bell.

Réaction en chaine

Dans ce contexte, Michel Bouyer salue la réactivité des élus ; le maire d’Angers et le président du Conseil Général du Maine-et-Loire se sont très vite mobilisés. Mais le syndicaliste reste prudent : Nec, « soucieux de son image », aurait proposé aux élus locaux « de participer à la revalorisation du bassin d’emploi. » Du coup, à la table des négociations, il y a deux enveloppes, l’une pour le bassin d’emploi, l’autre pour le plan social, de quoi « compliquer la négociation » du côté des salariés, s’inquiète Michel Bouyer, qui constate que celle-ci avance mais « a l’air un peu ‘hard’. » Selon lui, les réunions s’enchaînent quotidiennement.

Mais le secrétaire de la CFDT Métaux pour le Maine-et-Loire s’inquiéte aussi du sort des intérimaires – « jeunes, surtout à la manutention » - et des victimes collatérales, à commencer par « un transporteur qui travaille presque exclusivement pour Nec. » Selon lui, en comptant toute cette activité induite, l’ardoise sociale devrait être multipliée par trois, soit environ un millier de personnes privées d’emploi.

Des doutes pour l’avenir du site

A la suite du rachat de Packard Bell, c’est Acer qui détient les murs dont Nec est en train de se retirer; un Packard Bell lui aussi concerné par les suppressions de postes. Jean-Luc Bayel, directeur des ressources humaines du groupe asisatique en France, tient à rassurer : « nous avons décidé d’investir sur le site d’Angers afin d’y ouvrir un centre de réparation pour les PC de Packard Bell et une partie des machines Acer. » Ce centre devrait créer 100 emplois. Selon Jean-Luc Bayel, Acer devrait donc maintenir 160 personnes sur « une petite partie du site d’Angers. » Apparemment pris de vitesse par la décision de Nec, le DRH d’Acer indique n’en être qu’au « début des discussions. » Un rendez-vous avec Nec serait programmé pour les prochaines semaines afin, notamment, d’imaginer le futur du reste du site, Acer ne souhaitant pas le laisser vide de tout occupant.

Adresser les entreprises en direct

De son côté, Nec, pour l'Europe, va se recentrer sur le marché professionnel (serveurs, stockage et client léger), jugé plus lucratif. Tong Chhor, directeur exécutif de la division professionnelle de Nec Computers, précise quelque peu le projet du groupe : « en France, nous avons une activité liée à toute l’Europe avec, notamment, des commerciaux et des ingénieurs chargés des relations avec nos revendeurs à valeur ajoutée. » A cela, il convient d’ajouter le marketing et le service. Un schéma où ne figure plus l’assemblage de PC à Angers donc. Mais « les équipes liées au service seront renforcées, pour répondre aux besoins des clients. » Tong Chhor identifie le point faible de Nec en France : « ce n’est pas la technologie, c’est la commercialisation. »

Et si des partenaires, comme Bull, permettent de garantir à Nec une certaine activité dans l’Hexagone, ce n’est pas suffisant. Tong Chhor veut séduire directement les entreprises. Pour cela, « nous avons déjà commencé à organiser des petits déjeuners, des séminaires, pour faire connaître notre offre, » explique-t-il. Et de chercher aussi à développer des synergies avec les autres entités du groupe Nec. Au final, Tong Chhor a jusqu’à fin 2009 pour présenter un plan d’affaires sur 3 ans.

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