Marché IT : croissance tutti riquiqui, fondamentaux maousse costauds

La croissance du marché IT pour 2009 se limitera à 1,8 % selon le cabinet Pierre Audoin Consultants. Soit moins de la moitié des précédentes estimations, datant du printemps. Mais les fondamentaux du secteur restent bons, tant en France qu'en Europe.

A l'occasion d'une conférence de presse organisée aujourd'hui par les organisateurs du Cebit, le grand salon allemand qui se tiendra du 3 au 8 mars prochain, Frédéric Giron, directeur des études au cabinet Pierre Audoin Consultants (PAC), a livré les derniers chiffres du cabinet en matière de prévisions de croissance pour 2008 et - surtout - 2009. Une révision drastique par rapport aux estimations données en avril dernier.

A cette période, PAC s'attendait à 3,7 % de croissance pour le marché IT (matériel, logiciel, services) en France en 2009. Une progression désormais ramenée à 1,8 %. "L'impact de la crise est fort, mais la bonne nouvelle, c'est qu'on continue à enregistrer de la croissance", a commenté Frédéric Giron. En revanche le cabinet a confirmé ses prévisions d'avril pour la croissance du marché en 2008 : celle-ci atteindra 3,8 % (contre 3,7 % prévus précédemment).

Coup de froid pour les sous-traitants

Tant les logiciels que les services seront fortement affectés par ce coup de frein en 2009. Les premiers voient leur progression passer de 4,9 à 2,9 %. Plus durement touchés encore, les services freinent brutalement, passant de 6,2 à 3,6 %. Un point d'autant plus important que les services pèsent plus de la moitié du secteur IT, avec un total de 25,5 milliards d'euros par an. "La situation n'a évolué que récemment, avec des carnets de commande un peu moins remplis. Les petites et moyennes SSII, qui interviennent souvent en sous-traitance des grandes, seront fortement impactées en 2009", estime Frédéric Giron. Logique : les prestataires de rang 1 privilégieront l'occupation de leurs ressources internes, au détriment des sous-traitants.

Déjà en plein marasme, du fait de la guerre des prix sur les PC et serveurs, le marché du matériel s'enfonce encore. Il devrait reculer de 2 % en 2009, après un tassement de 1 % en 2008, selon les dernières estimations de PAC. "Le taux de renouvellement des équipements va ralentir avec la crise, prédit Frédéric Giron. En plus, sur le marché jusqu'alors moteur des portables, l'arrivée de netbooks va entraîner une diminution du prix moyen des machines vendues".

Résistance du marché des télécoms

Plus résistant, le marché des télécoms progresserait, lui, de 1,9 % en 2009 selon l'Idate (Institut de l’audiovisuel et des télécommunications en Europe). Contre 2,2 % attendus au printemps dernier. Par contre, en 2008, le marché devrait dépasser les attentes, avec un bond de 3,0 %, contre une estimation jusqu'alors bloquée à 2,4 %.

Ce coup de froid sur 2009 rejoint les précédentes estimations de PAC, portant sur la dépense IT des seules entreprises. Fin octobre, le cabinet prévoyait que sa progression passerait de 3 % en 2008 à 1,3 % l'année prochaine. Ou encore celle de Syntec Informatique, le syndicat patronal des SSII et éditeurs, qui prévoit un tassement du marché français des logiciels et services, passant d'une croissance de 6 % en 2008 à une fourchette comprise entre 2 et 4 % au premier semestre 2009.

Elles rejoignent encore la vision de l'EITO (European Information Technology Observatory), sur l'état du marché IT en Europe. Selon les chiffres donné aujourd'hui par le Bitkom, l'équivalent allemand de Syntec qui pilote cet observatoire européen, le marché IT sur le vieux continent progressera de 2 % en 2009. L'EITO prévoyait encore 4 % de croissance en avril. Pour les seuls services, l'expansion se limitera à 3,4 %.

"l'IT est une partie de la solution"

"La correction est importante, a expliqué Thomas Mosch, du Bitkom, et particulièrement marquée par le matériel". Mais, tant l'Allemand que son homologue de PAC ont souligné les raisons de rester optimistes : la croissance qui reste malgré tout au rendez-vous, le rôle croissant de l'IT dans les entreprises rendant difficile des réductions massives d'investissement ou encore l'origine de la crise, extérieure à l'IT contrairement à la crise de 2001.

Sven Prüser, commissaire général du Cebit, veut croire que "l'IT est une partie de la solution à la crise actuelle". Réponse en début d'année, dans les allées du Cebit et dans les carnets de commandes des SSII et éditeurs. Car, tant le Syntec Informatique, lors de sa conférence du début du mois, que Frédéric Giron de PAC soulignent les incertitudes qui entourent encore le second semestre 2009.

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