L'Open Source, c'est désormais une affaire d'éditeurs propriétaires

Saugatech Technology publie un rapport qui pointe du doigt l'influence des éditeurs propriétaires sur le modèle Open Source. Offre hybride, double licence, puissance marketing, mais également participation active dans les communautés... le monde propriétaire devient la raison principale de l'adoption de l'Open Source dans les entreprises. Quitte à flouter la frontière entre les deux mondes.

Si l'Open Source connait un taux d'adoption en pleine progression et une image de plus en plus appréciée auprès des entreprises, c'est bien parce que Microsoft (entre autres) s'est approprié le concept. Ce constat, qui constitue un tsunami idéologique dans la sphère de l'Open Source, résume pour parti, le dernier – et court – rapport du cabinet Saugatech Technology (intitulé « Power, Speed and Assimilation: Open Source Changes the Industry, and the Industry Changes Open Source »). 

Selon le rapport, le dynamisme et la perception de plus plus positive de l'Open Source chez les DSI est la résultante directe d'une implication, tant commerciale que dans les développements, des grands comptes de l'industrie IT dans le modèle économique de l'Open Source. « La commercialisation galopante de l'Open Source a accéléré son adoption et bien au delà de ce que les responsables IT et les directeurs de l'industrie logicielle avaient perçu ou anticipé ». La force de frappe d'IBM, d'Oracle ou encore de Microsoft, en matière de marketing et de distribution, a donné l'impulsion nécessaire au logiciel ouvert, semble ainsi confirmer Saugatech Technology, en lui procurant notamment une assise conforme aux attentes des responsables IT.

Comme l'indiquait Didier Lambert, président du Cigref, à l'occasion d'une table ronde sur Paris Capitale du Libre en 2007, l'absence de véritable marque forte pour soutenir l'écosystème Open Source constituait un frein à son adoption dans les départements SI des entreprises.

Il semblerait donc que, depuis, la présence de poids lourds ait fait son effet, jusqu'à en devenir le moteur principal. Saugatech parle alors d'une mutation du modèle : « la nature première des logiciels Open Source est en train de passer d'initiatives orientées développeurs et projets, à des logiciels orientés éditeurs et vendeurs».

[Lire également « Open Source : les entreprises adoptent le modèle sans le maîtriser » ]

Le rapport pointe également le fait que les communautés de développeurs - le poumon de l'Open Source - soient désormais encadrées et soutenues par ces mêmes ténors. Structurant davantage les évolutions dans les développements et dans leur gestion. «La réalité aujourd'hui est que la plupart des acteurs influents dans l'Open Source sont les mêmes marques phares à qui nous achetons des solutions critiques d'entreprise, comme IBM, Microsoft, Oracle, SAP, Sun et bien d'autres », ajoute le rapport. En clair, l'Open Source n'est plus représenté par des projets de d'envergure comme la fondation Apache, par exemple.

Vers une confusion des modèles propriétaire et Open Source

Le cabinet explique ensuite que les éditeurs, comme Microsoft – icône du monde propriétaire -, intègrent de plus en plus de composants Open Source dans leur offre. D'où leur intérêt à prendre position dans les communautés de développeurs et dans des organismes prônant les standards ouverts. Cela a pour effet de flouter un peu plus la frontière entre les mondes, à l'origine très distincts, de l'Open Source et du logiciel propriétaire. Du moins dans l'esprit des entreprises.

Cette convergence est soutenue notamment par les modèles de double licence, souligne Saugatech. Un phénomène (adopté notamment par MySQL) qui contribue « à réduire les distinctions entre les logiciels Open Source traditionnel et les logiciels à code propriétaire ».

A tel point que « d'ici 2012, explique le cabinet, la présence et la participation d'éditeurs dans les communautés et les projets Open Source auront contribué à aligner la majorité des développements Open Source sur les besoins d'éditeurs [propriétaires, NDLR] spécifiques ». Et d'ajouter que le modèle de développement reposant sur une communauté deviendra « le standard de facto pour les développeurs d'applications propriétaires et les fournisseurs Saas d'ici 2012 ».

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