Réforme du système de santé US : les SSII dans les starting-block, les Indiens en embuscade

C’est un combat pour lequel les armes se fourbissent en coulisses, loin des débats politiques houleux, sinon passionnés, qui entourent le projet de réforme du système de santé des Etats-Unis. Ce combat, c’est celui du marché prodigieux que doit ouvrir cette réforme, tant pour les SSII américaines que pour leurs homologues… indiens. A la clé, un gâteau de 20 Md$ au bas mot à se partager.

Qui viendra alimenter son chiffre d’affaires au banquet de la réforme du système de santé actuellement en débat outre Atlantique ? La question est, pour l’heure, ouverte. Mais les prestataires de services présents aux Etats-Unis semblent prêts à en découdre pour récolter plus que de simples miettes. Le gâteau est, il faut bien le dire, appétissant. Outre les budgets que le projet de réforme pourrait faire émerger, il faut déjà compter avec les 20 Md$ d’investissement prévus d’ici à 2014 pour, notamment, la création du dossier médical électronique dans le cadre du plan de relance de l’administration Obama ; sur un total de 150 Md$ pour la santé.

Une bataille qui explique le prix de certains rachats

Certains comme Dell ou Xerox semblent en pleins préparatifs pour adresser ce marché. Avec le récent rachat d’Affiliated Computer Systems (ACS), Xerox a mis la main sur un spécialiste de l’externalisation des processus métiers (BPO) qui connaît bien le marché de la santé, tant pour le secteur privé que pour les grandes administrations publiques. ACS compte ainsi, parmi ses clients, le réseau d’hôpitaux et de cliniques privés Rehoboth McKinley Christian Health Care Services, dans les états du Nouveau Mexique et de l’Arizona, l’état du Missouri – pour son système public de gestion d’informations médicales –, celui de l’Oklahoma – pour le suivi de santé des enfants –, ou encore celui du Michigan – pour la gestion des remboursements dans le cadre de la couverture santé des mères et de leurs enfants –, pour ne citer que quelques exemples. La nouvelle filiale de Xerox officie, dans différents domaines relatifs à la santé, pour le compte des gouvernements locaux d’au moins 24 états américains ainsi que pour le district de Columbia (Washington). Dans son rapport d’activité annuel (formulaire 10-K) communiqué, fin juin dernier, au gendarme des marchés boursiers américains, la SEC, ACS souligne la progression de ses résultats sur le marché de la santé, y attribuant une part significative de sa croissance organique. Et de rappeler au passage s’y être renforcé en 2008 avec l’acquisition de CompIQ Corporation, mais aussi en 2006, avec celle de Primax Recoveries, et en 2007 avec celle de CDR Associates.

Le GIE Sesam Vitale se prépare à infogérer
En France, le gestionnaire des cartes Vitale se prépare à infogérer ses applications métier, ainsi que ses environnements de développement. Pour l'assister dans la définition des architectures, la rédaction du scénario de migration et réaliser des études sur les besoins d'industrialisation de l'exploitation avant le transfert à un outsourceur, le GIE s'est tourné vers Sodifrance fin août. Le contrat est évalué à 2,3 millions d'euros. Il prépare l’un des contrats d'outsourcing majeur de ces prochains mois. L'externalisation des fonctions de gestion de la santé en France fait saliver les SSII. Ainsi, pour la publication ses résultats, Atos-Origin met désormais en avant une ligne BPO médical. De même, Steria, très présent sur le secteur de la santé outre Manche via le rachat de Xansa, ne devrait pas manquer de batailler.
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Le même intérêt pour le marché de la santé ne semble complètement étranger au rachat de Perot Systems par Dell. Parmi les clients que Perot Systems met de bon cœur en avant sur son site Web, on compte notamment Catholic Healthcare West – 40 hôpitaux répartis sur trois états –, Harvard Pilgrim Health Care, Mount Sinai Hospital and Schwab Rehabilitation Hospital, Northern Arizona Healthcare ou encore Saint Joseph Health. Dans son rapport d’activité annuel remis à la SEC en février dernier, Perot Systems indique que sa division Industry Solutions a participé à son chiffre d’affaires 2008 à hauteur de 77 % ; une division qui compte deux groupes : la santé et le commercial. Et les activités liées à la santé ont représenté à elles seules 47 % du chiffre d’affaires 2008 de Perot…

Des chiffres qui pourraient bien expliquer, au moins en partie, les sommes déboursées par Xerox et Dell pour les acquisitions de ces deux spécialistes américains du BPO. Dans les deux cas, les marchés avaient estimé que les sommes étaient trop élevées, avec une surcote de 34 % par rapport au cours de l'action d'ACS et de 68 % dans le cas de Perot, l'acteur le mieux positionné dans la santé. Avec les perspectives qu'ouvre la réforme Obama, les positions sur ce marché se paieraient elles au prix fort ?

Des concurrents… indiens

Le même rapport annuel de Perot Systems évoque la compétition de prestataires au nom familier. En tête, sont cités Accenture, ACS, Capgemini, HP et IBM, notamment. Mais, pour ce qui concerne spécifiquement l’activité Industry Solutions, d’autres noms apparaissent. Parmi eux, on relèvera, à partir de la sixième place, une majorité de prestataires indiens : HCL Technologies, Infosys, Mphasis (filiale indienne de HP), Patni Computer Systems, Polaris, TCS, Tech Mahindra ou encore Wipro. Une vraie fausse surprise : pour Rajiv Shah, vice-président senior de la division services pour le secteur de la santé chez Wipro, interrogé par nos confrères de Silicon India, le plan de relance américain est porteur de « nombreuses opportunités. » Kris Gopalakrishnan, Pdg d’Infosys, est encore plus clair : « le plan de l’administration Obama pour la santé ne profitera pas seulement à Infosys, mais aussi à d’autres SSII indiennes. » Pas sûr que les contribuables américains apprécient de financer de manière quasi directe la croissance de SSII étrangères [on se souvient de la férocité des débats sur les visas de travail, NDLR] dans le cadre d’un plan de relance national.

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