Innorobo : la robotique de services montre ses atouts de charme à Lyon

Le premier sommet européen de la robotique de service, Innorobo (du 23 au 25 mars à Lyon) a permis de livrer un instantané des éventuelles applications grand public de la robotique. Un foisonnement d’idée qui s’inscrit sur un marché promis à une progression fulgurante et qui doit devenir un des nombreux leviers de la croissance. Y compris en Europe et en France. De quoi donner des idées à un monde de l’IT, à la recherche de souffles nouveaux.

“La “robolution” est arrivée !” C’est gonflé à bloc que Bruno Bonnell, président du très jeune syndicat de la robotique en France, Syrobo, a présenté le monde de la robotique de service, lors du premier sommet européen de la robotique de services, Innorobo - dont il est l’organisateur -, qui se déroule du 23 au 25 mars à Lyon. Une cartographie d’une forme de robotique, celles des services, qui doit s’extraire du monde de l’automatisme professionnel (et de la robotique industrielle) - chère par exemple à l’industrie automobile -, pour donner un aperçu d’un segment de marché plus près du consommateur. Ici, à Innorobo, pas de machine de montage, mais bien des objets robotisés, sous forme humanoïde ou pas,  dont l’objectif premier est de rendre service à la personne, et de trouver une application dans un environnement de consommateur. Robots aspirateurs, de loisirs et de jouets, d’assistance à la personne, santé, téléprésence et surveillance… autant de terrains de jeux pour un marché, encore embryonnaire, mais dont les perspectives de croissance rappellent celles de “la téléphonie mobile et des tablettes tactiles, voire celle d’Internet dans les années 90, avec la bulle en moins”, raconte Bruno Bonnell. Mieux, souligne-t-il : la robotique de services représente un enjeux considérable pour les 10 prochaines années et représente une opportunité [pour l’Europe et la France, NDLR] de se positionner” sur un marché à forte croissance.

Du loisir à la santé

Du coup, les idées foisonnent, tout azymuth. Les robots de loisirs d’abord, comme les bans de poissons de la jeune société Robotswin (voir la vidéo), qui proposent d’animer des événements ou d’amuser les enfants par des chorégraphies millimétrées. Sans passer à côté d’une des plus belles démonstrations d’intelligence artificielle du salon : le “camarasaure”  Pleo (voir la vidéo) de la société Robopolis. Un dinosaure évolutif et intelligent qui “grandit” en fonction de son environnement. Citons également l'humanoïde Nao, emblème de la robotique à l'Européenne, développé par la société Aldebaran (photo de Une).

Point d’orgue du salon, la présence de la société iRobot, dont le Pdg Colin Angle est vu comme le Messie de la robotique domestique. Ses robots aspirateurs Roomba (voir la vidéo) ont aujourd’hui fait pénétrer le robot chez monsieur tout le monde. Assis sur un CA de 400 millions de dollars, le groupe enregistre une forte présence en Europe sur ce segment., et notamment en France. Mais la société est également un acteur très actif de la robotique militaire et de secours dont certains modèles comme le Packbot (voir la vidéo) ont rejoint les équipes de secours au Japon.

Mais à Innorobo, tous les intervenants s’accordent à dire que la première application de la robotique de services, celle la plus propice à recevoir l’acception rapide du public, c’est la téléprésence et la surveillance. Le robot Jazz de la société française Gostai, tout droit sorti d’un film de Star War, déambulait dans les allées du salon. Monté sur roulette, et doté d’une tête en forme d’écran, Jazz  se destine à remplacer l’humain dans le cadre de visio-conférence.

Encore peu représentées, les applications liées à la santé et à l’assistance à la personne prenaient forme via un fauteuil roulant capable de monter à reculons un escalier.
Plus probant, le  Kompaï de la société Robosoft : sous sa forme vaguement humanoïde, il propose un large écran tactile qui facilite l’accès à des fonctions domestiques pour les personnes nécessitant une assistance. Signe que le robotique de services intéresse le secteur de la santé, la mutuelle MalaKoff Médéric proposait un large stand pour accueillir des partenaires, développant notamment des solutions pour les déficiants visuels ou favorisant la prévention médicale par le biais de capteurs disséminés dans une maison (comme la société Bioparhom). Plus loin, on pouvait croiser un prototype de robot de simulation d’accouchement, qui permet aux praticiens d’être in situ et de se former plus en amont, avant intervention.

Une croissance digne de celle de la téléphonie mobile

Autant de développements d’applications, de services et d’entreprises pour structurer un marché qui n’attend que de se développer. Car si aujourd’hui, le marché de la robotique en général reste tiré par la robotique industrielle, celui de la robotique de services devrait connaitre une croissance exponentielle dans les 10 années à venir et se positionner parmi les secteurs à plus forte croissance. Assis pour l’heure sur un petit marché mondial de 3,3 milliards de dollars en 2008 (source IFR - International Federation of Robotics), il devrait atteindre 85 milliards en 2018 et franchir la barre des 100 milliards de dollars en 2020. Poussé notamment par une acceptation grandissante (mais très progressive) des consommateurs sur différents segments de marché. A commencer par les robots liées au nettoyage, à la surveillance et à la téléprésence, avant d’aborder véritablement les domaines plus critiques, comme la santé et l’assistance à la personne, semble souligner Michael Siggins, vice président de Robots Trends.
Sans surprise, c’est l’Asie qui s’octroie 50% du marché mondial, devant l’Europe (33%) et les Etats-Unis (17%). En Europe, la France ne compte aujourd’hui que pour 12% du marché, loin derrière l’Italie (22%) et grand n°1 l’Allemagne avec 51% du marché. Avec 200 millions d’euros de CA généré en 2009, “la bataille en France est loin d’être perdue mais il ne faut pas s’endormir”, lance Bruno Bonnell. Rappelant au passage l’intervention de Renan Stephan, directeur général pour la recherche et l’innovation auprès du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche, pour qui la robotique de services, de par ses implications avec d’autres sciences et technologies, joue un rôle catalyseur pour les autres secteurs d’activités.

Une opportunité pour l’IT?

Evidemment, si aujourd’hui ce marché encore balbutiant, est justement l’occasion de voir germer des expérimentations multiples, de voir foisonner des idées (quitte à se fondre parfois sur des secteurs comme le M2M), d’ici quelques années, il devrait également jouer un rôle fédérateur de nombreux secteurs et de nombreuses technologies. Un point de convergence, en somme, où se marieront hardware, logiciel capteurs, connectique, mobilité et automatisme et qui pourrait alors créer une opportunité de poids pour  les traditionnels acteurs de l’industrie IT. Comprendre IBM, Intel, Apple, notamment.

Et justement. Présent, et de façon inattendue, sur le salon - le seul ténor du IT à s'être montré -, Microsoft semble s’y préparer, même si pour l’heure, c’est encore par l’innovation et des prototypes que le géant de Redmond aborde la question : conjuguer robotique et sa plate-forme de Cloud Azure (notons par ailleurs qu’à l’occasion des Techdays 2011, Microsoft avait également présenté un aspirateur robotisé, illustrant son engagement sur ce segment).

La société QuidMind présente sur le stand de Redmond présentait un prototype de robot destinée à la téléprésence qui déporte une série de traitements dans le Cloud Azure. Le prototype repose donc sur une architecture classique, et embarque quelques logiciels pour gérer la sécurité et les chocs et de piloter le matériel. Et ce qui est couteux mais ne nécessite pas le temps réel, comme la reconnaissance des visages [le robot oriente sa caméra vers le plus proche visage, NDLR], a été déporté dans le cloud”, résume alors Nicolas Clerc, Pdg de la société, et directeur régional de Microsoft. Une combinaison inattendue, certes, mais qui rappelle que Redmond offre également un IDE pour le monde de la robotique, Microsoft Robotic Studio, basée sur Visual Studio qui repose sur Visual Studio. Des investissements R&D donc, mais qui laissent toutefois supposer que les géants de l’IT, motivés par un marché en devenir, multiplient leurs actions.

 

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