Les Britanniques enterrent leur système de santé centralisé

Le gouvernement de sa Gracieuse Majesté devrait abandonner son vaste projet de base de données centralisé de santé ou profit d'une gestion décentralisée des dossiers médicaux des patients britanniques. Après 9 années d'effort et plusieurs milliards de livres dépensées, le gouvernement suit les recommandations d'un rapport des Commons qui pointait du doigt le gouffre financier sans fond du projet.

Fichiers centralisés et gouvernements, deux idées semblent aujourd'hui s'affronter. Alors que le gouvernement français, par la voix de Xavier Bertrand, le ministre du Travail et de la Santé, relance son idée de fichier social unique, censé recenser tous les bénéficiaires de prestations sociales en France, le gouvernement britannique devrait de son côté abandonner tout simplement son très vaste et très couteux projet de base de données centralisée, réunissant le dossier médical individuel de chaque citoyen, nous apprend le quotidien The Independant, dans son édition du 3 août. Après la centralisation, le gouvernement mise sur une décentralisation de l'IT de santé du pays et devrait permettre désormais aux hôpitaux et aux autorités locales de développer leur propre système en s'équipant de PC et d'un serveur central. Machine arrière toute, donc.

Selon nos confrères, le projet de centralisation qui avait commencé il y a 9 ans et pour lequel 11,4 milliards de Livres Sterling avaient été budgétisées, devrait connaître un enterrement de première classe dès le mois prochain, date prévue de l'annonce officielle du gouvernement. Il est vrai que ce projet très controversé, n'a jamais tenu son coalendrier d'implémentation. A l'origine, le projet Electronic Health Record visait à centraliser les dossiers médicaux de chaque patient et s'inscrivait dans le cadre du programme NHS Connecting for Health, visant à moderniser l'informatique de santé du pays.

C'est la publication d'un rapport du Commons Public Accounts Committee, un comité de la Chambre des Communes, qui a sans doute mis le dernier clou dans le cercueil du projet. Le rapport, que devrait suivre le gouvernement, conclut, en effet, à l'incapacité du ministère de la Santé de mettre en place le projet. Interrogée par nos confrères, la présidente du comité Margaret Hodge ajoute que "le ministère n'a pas été capable de démontrer quels bénéfices ont été réalisés après 2,7 milliards de livres déjà dépensés dans le projet" et qu'il fallait mieux dépenser les 4,3 Mds £ prévus dans l'achat de systèmes IT qui ont fait leur preuve, explique-t-elle en substance. Nos confrères ajoutent qu'une dépense de 4,4 Md£ supplémentaires était également prévue dans des secteurs informatiques annexes au projet.

Et le comité de pointer ouvertement du doigt le ministère et son manque de gouvernance et de leadership, tout évoquant son incapacité à réunir et "à inclure dans les prises de décisions les professionnels de la Santé". Cette lacune a notamment provoqué des retards à l'allumage chez les prestataires IT, note encore le comité, qui ne sont pas parvenus à livrer leurs développements dans les temps, pour certains - citant au passage BT et CSC (Computer Sciences Corporation) - , ou se sont retirés du projet - on pense notamment à Accenture et IDX. Le gouvernement serait en négociation avec eux afin d'éviter tout problème légal lié à l'abandon du contrat.

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