Résultats : HP dans la tourmente

Pour son premier trimestre fiscal, HP voit son activité se contracter de 7% et son bénéfice net plonger de 44%. Les activités PC, serveurs et stockage sont particulièrement affectées. Seul le logiciel et les services s'en tirent plutôt bien. Meg Whitman promet des améliorations mais indique que le redressement passera par de sérieuses réduction de coûts pour financer les investissements nécessaires dans l'innovation. Pour l'instant, on ne sait pas ci ces "réductions de coûts" se traduiront ou non par des réductions d'effectifs.

HP a présenté des résultats en berne pour son premier trimestre fiscal clos le 31 janvier. Un trimestre marqué par les contre-performances spectaculaires de la division PC et de la division Systèmes d’entreprises, respectivement en recul de 15 % et de 10 % sur un an.


Une activité PC en fort recul

Le recul des ventes de PC n’est guère une surprise dans un environnement particulièrement difficile où les ventes de tablettes, notamment, ont eu un impact désastreux sur les ventes de PC portables pour le grand public et ou les inondations en Thaïlande ont perturbé l’approvisionnement en disques durs, un composant essentiel pour l’activité PC. Sur le marché, HP a aussi dû faire face à l’appétit croissant des constructeurs chinois comme Lenovo, dont l’agressivité s’est singulièrement renforcée au cours des derniers trimestres, et à la montée en puissance d’Apple, qui sur tous les segments, grand public et entreprises, grappille trimestre après trimestre des parts de marché. Les ventes de PC portables sont ainsi en recul de 15 % sur un an tandis que les ventes, tandis que les ventes de PC de bureau régressent de 18 %. Seules les ventes de stations de travail sont à l’équilibre.

Les serveurs x86 déprimés, les serveurs Unix en déroute

Côté serveurs, réseaux et stockage, les ventes de serveurs x86 enregistrent un recul de 11 %, tandis que les ventes de serveurs Itanium poursuivent leur descente aux enfers avec un recul de 27 % sur un an. Le stockage est en recul de 6 % malgré le rachat de 3PAR. L’activité réseau est à l’équilibre avec une croissance d’à peine de 2 M$ du CA sur un an.

Autant le dire franchement la contre-performance est terrible sur tous les segments. Sur les serveurs x86, par exemple, Dell a réussi à enregistrer une croissance de 6 % sur la même période. IBM (sur un exercice légèrement décalé, clos le 31 décembre) ne recule que de 2 %. Pour la gamme Integrity, l’agonie se poursuit, sans doute en grande partie du fait du coup de poignard dans le dos d’Oracle, qui a annoncé l’arrêt du support de la plate-forme Unix d’HP. En reculant de 27 %, la division "Business Critical Systems" d'HP réalise une de ses pires performances, quand un IBM affiche une croissance de 6 % de ses ventes de serveurs Power (il est vrai là encore avec un exercice décalé d’un mois).

Sur le stockage, c’est pire encore car le marché est en croissance. HP plonge ainsi de 6 %, quand EMC et NetApp enregistrent des croissances de l’ordre de 20 %. Dell, qui a pour lui l’excuse de la rupture de son alliance avec EMC, voit certes ses ventes de stockage plonger de 13 %, mais les ventes d’équipements sous sa propre marque progressent de 33 %. C’est dire si les difficultés rencontrées par HP au dernier trimestre. De l'aveu même des revendeurs, la gamme 3PAR rencontre un franc succès, mais ce succès se fait au prix d'une cannibalisation forcenée des ventes du haut de gamme de la ligne EVA. HP ne dispose en outre d'aucune réponse vraiment adaptée aux systèmes de stockage unifiés de NetApp et EMC, qui trustent les ventes de baies de stockage de milieu de gamme.

Enfin, sur le marché des réseaux, l’apport de 3Com tarde à se faire sentir. L’activité est certes stable, ce qui est plutôt mieux que les résultats des autres divisions, mais la division Procurve nous avait habitués à mieux. À la décharge d’HP, la gamme de commutateurs pour réseaux de datacenters, héritée de 3Com est en attente de mises à jour techniques importantes dans les prochains trimestres, mises à jour qui devraient relancer les ventes (avec notamment le support de DCB et l’arrivée d’une technologie de « fabric » Ethernet).

Comme si cela ne suffisait pas, la division impression montre elle aussi des signes d’essoufflement avec notamment un fort recul des ventes d’imprimantes grand public (-15 %) et un recul de 6 % des ventes d’imprimantes professionnelles. Ces reculs devraient qui plus est se payer dans les prochains trimestres par une chute des ventes de consommables et donc par un recul de la rentabilité de la division.

Finalement, les seuls motifs de satisfaction sont à chercher dans l’activité software dont le CA bondit de 30 %, dans les services qui progressent d’un petit pour-cent sur un an et dans l’activité de financement qui a vu son CA bondir de 15 %.

Vers un vaste programme de réduction des coûts

La photo finale n’est toutefois guère réjouissante avec un recul de 7 % du CA et un effondrement de 43 % du bénéfice net qui ne s’établit plus qu’à 1,46 Md$. Une performance en berne qui a amené la CEO du groupe, Meg Whitman a appelé les actionnaires à un peu de patience. Selon Whitman, HP devrait mettre en place un programme vigoureux de réduction des coûts (programme qui n'a pas été chiffré mais dont on peut penser qu'il aura pour objectif de réduire de 2 à 3 Md$ les coûts de la firme en année pleine). l'objectif est de préserver la capacité d'HP à investir dans l'innovation et dans les activités que la firme juge clés, comme le cloud, la gestion des informations ou les services de sécurité. Bref après la cure d’austérité imposée par Mark Hurd et qui a handicapé l’innovation chez HP, après les tumultes de l’ère Apotheker, la reconstruction s’annonce longue et douloureuse. Pas de quoi inquiéter Meg Whitman qui estime que maintenant que les challenges de la firme sont identifiés, elle va dans la bonne direction.

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