L’Asie se prépare à encaisser une nouvelle rechute de l’économie mondiale

Les discours ont changé, les pratiques aussi. Désormais, en Inde comme en Chine, de nombreux acteurs de la sphère IT semblent se préparer à une rechute de l’économie mondiale, entraînée par les difficultés en Europe et aux Etats-Unis.

Lors de la dernière présentation de leurs résultats trimestriels, les SSII indiennes se sont globalement efforcées de faire bonne figure. Même si certains PDG, comme celui de Wipro, n’ont pas manqué de souligner «la volatilité de l’environnement» ou encore «l’incertitude» qui plane sur l’économie mondiale pour les prochains mois. L’insolent Cognizant est même allé jusqu’à reconnaître une «accélération de la demande moins rapide que prévu» jusque là. Pour certains, 2012 présente des traits comparables à 2009, avec une visibilité limitée dans les budgets des entreprises. 

Mais pour d'autres, l’horizon s’est encore assombri récemment, entre craintes de sortie de la Grèce de la zone euro, réduction des dépenses publiques et augmentation de la fiscalité aux Etats-Unis, ou encore tensions géopolitiques avec l’Iran. En fait, pour David Levy, président du Centre de prévision Jerome Levy, interrogé récemment par nos confrères de l’Economic Times of India, l’Europe ne pourra pas échapper à un repli sévère dans les prochaines années. Et cela nuira à la croissance mondiale. La question est de savoir de quelle manière et dans quelle mesure l’industrie IT sera touchée.


En Inde, la demande intérieure pourrait aider quelque peu. Les dépenses IT des entreprises locales devrait progresser de 16 % cette année, pour atteindre 30 Md$, selon Gartner. Mais les indicateurs macro-économiques du pays n’en sont pas pour autant excellents et certaines voix s’élèvent déjà pour souligner des signes de faiblesse.

Selon Kotak Securities, les grandes SSII du sous-continent devraient avoir des difficultés à enregistrer 20 % de croissance, dans les conditions actuelles. Et certains de faire déjà le parallèle avec la crise de 2008. En tout cas, elles semblent se préparer à un nouveau choc. Signe de cette situation, elles auraient augmenter leur recours à de la main d’oeuvre temporaire. Dans l’Economic Times of India, Sangeeta Lala, vice-président sénior et co-fondateur de TeamLease Services, un spécialiste du travail temporaire, indiquait récemment que «nous plaçons 7 000 employés temporaires par mois mais nous sommes en recul de 35 % sur les derniers mois, par rapport à l’an passé, pour le placement d’employés à durée indéterminée.» Ranstadt India a enregistré une croissance de 20 % de ses placements d’employés temporaires, sur un an, entre février et avril. Et Manpower, 15 %. Et ce seraient principalement les SSII et l’industrie du commerce de détail qui procèderaient à ces ajustements. Kelly Services a constaté un recul de 15 % de ses placements en contrat à durée indéterminée, essentiellement dans l’industrie IT. 

Dans l’atelier du monde IT, la Chine, la situation ne semble guère meilleure. Le patron de Foxconn, qui assemble notamment les iPad et iPhone d’Apple, a récemment reconnu, dans les colonnes de nos confrères de Digitimes, prévoir que s’aggrave la situation économique tant aux Etats-Unis qu’en Europe. Le vice-premier ministre Li Keqiang a quant à lui annoncé de nouveaux projets d’investissement et des aides nouvelles pour stimuler l’économie et la consommation... face à des pressions extérieures contraires. 

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