GTC China 2011 : Nvidia en ordre de bataille face à Intel

Dans une convention dédiée au GPU qui s’inspire fortement de l’IDF d’Intel, les piques fusent en direction du fondeur de Santa Clara. La question n’est plus d’opposer CPU contre GPU, mais bien les architectures x86 contre le reste du monde électronique.

Avec le lancement de Tesla en 2008 et l’arrivée de Nvidia dans le domaine du calcul haute performance (ou HPC), la traditionnelle guéguerre des fondeurs s’est déplacée du couple Intel/AMD vers le couple Intel/Nvidia. Fort de la croissance de 166 % de son chiffre d’affaires dans le secteur du HPC, Nvidia se sent aujourd’hui pousser des ailes et n’hésite plus à s’en prendre directement à Intel, aussi bien en paroles qu’en actes. Pourtant, avec 200 millions de chiffres d’affaires, cette activité n’est qu’une infime partie des revenus totaux de Nvidia : 4,5 milliards de dollars répartis de façon quasi-égales entre les ordinateurs portables (1,5 milliards de dollars), les PC de bureaux (1,8 milliards de dollars) et les stations de travail (1,2 milliards de dollars). «  C’est parce que le GPU a un vrai boulot, que nous pouvons nous permettre de développer Tesla », se plaisent à répéter Jen-Hsun Huang, le président-CEO-fondateur de Nvidia, et  Sumit Gupta, directeur de la division Tesla GPU Computing. » 

Ce dernier s’interroge en effet sur la viabilité des offres MIC d’Intel, issues de Larabee (un ancien processeur graphique) : « combien de temps Intel pourra-t-il se permettre de dépenser un milliard en développement pour ne générer qu’un milliard de dollars de revenus ? » Selon lui, sa société peut se permettre de développer Tesla, car cette offre dédiée au HPC, s’appuie sur la même architecture que les autres gammes de la société à l’exception de Tegra (un SOC sous ARM développé en priorité pour le marché mobile). Comme les cartes GeForce et Quadro, Tesla est basée sur l’architecture Fermi en attendant les versions Kepler l’an prochain et plus tard Maxwell. Les modifications nécessaires pour l’adapter au HPC seraient donc bien moins onéreuses que le passage au massivement multicoeur d’une architecture x86.

ARM, le chouchou de Nvidia

Concrètement, même si Cuda vient de s’ouvrir aux plate-forme tierces, Nvidia veut plutôt séduire les processeurs ARM. « Une des solutions pour atteindre l’exaflops [ndlr : la prochaine frontière des super-calculateurs qui devrait être atteinte en 2019 avec des architectures hétérogènes, selon Jen-Hsun Huang] passera par les processeurs ARM », affirme Steve Scott, directeur technique de la division Tesla. En raison de leurs succès dans le monde mobile, et de leurs incursions dans le marché des serveurs Web, pour lui « les puces ARM deviennent les processeurs leaders. Il y a de forte chance pour que l’architecture ARM devienne très diversifiée ». Avec un petit coup de pouce de Nvidia, qui devrait sortir un kit de développement Cuda pour architecture ARM au premier trimestre 2012, « pour aider à répandre l’usage des processeurs ARM dans le calcul HPC ».

Nvidia misera aussi sur les processeurs ARM pour la prochaine version de ses systèmes Tegra. Si aucun plan n'est prévu pour faire des cartes Tesla en se basant sur ARM, « ce serait certainement le cas d’ici la fin de la décennie », envisage Steve Scott, précisant également que « nous jouons également avec l’idée d’un serveur Tegra, mais c’est encore un sujet de recherche et pas encore une évolution commerciale. En revanche, il est possible d’avoir un système couplant Tegra et Tesla ». Interrogé sur l’avenir des processeurs x86, Steve Scott reconnaît qu’ils ne disparaîtront pas dans l’immédiat mais « qu'ils seront nettement moins dominants dans le futur. Le monde devient de plus en plus mobile et en recherche d’économie d’énergie. Même si nous sommes agnostique techniquement, les processeurs ARM peuvent être plus efficaces en terme de consommation électrique. » Dont acte et bon 40e anniversaire aux processeurs x86.

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