Linux sur le desktop : des administrations européennes avancent

Alors que Linux sur le poste de travail connait de nombreuses désillusions dans certaines administrations européennes, d’autres y pensent plus que jamais. A l’image des projets en Espagne, Grèce et Slovénie, qui démontrent que la présence d’ applications Open Source sur le poste de travail et la migration Linux est encore un phénomène qui séduit.

Il est vrai que Linux sur le desktop a connu quelques déconvenues. On se rappelle les échecs cuisants du projet de la Ville de Munich, LiMux, du canton Suisse de Soleure, de la Ville de Bristol , de la Mairie de Marseille, ou encore plus récemment du ministère des Affaires Etrangères allemand. Freinés dans leur déploiement, ces projets de migration vers l’OS Open Source ou d’installation d’applications ouvertes évoquaient tour à tour les sempiternels problèmes d’incompatibilité entre applications - freinant alors les échanges de documents -, des coûts d’intégration parfois trop élevés dus à des développements spécifiques non anticipés, voire pour certains, une sécheresse fonctionnelle par rapport aux offres plus “propriétaires”.

Mais il est également vrai que ces échecs n’ont aujourd’hui pas refroidi une grande partie des administrations européennes, qui depuis le début 2011, mènent une stratégie tournée vers l’Open Source, l’interopérabilité et les standards ouverts. A l’image de la Grande-Bretagne qui s’est engagée dans un plan de réduction des dépenses IT suite à l’arrivée de David Cameron au gouvernement et souhaite désormais privilégier l’option Open Source dans chacune des réponses aux appels d’offres. Poussant ainsi les partenaires et prestataires de l’administration à forcer le trait en faveur des standards et des logiciels ouverts.

Plus qu’un fait isolé, cette décision outre-Manche s’inscrit aujourd’hui davantage dans une tendance. Rien que sur le mois de février, trois projets, visant soit à promouvoir l’Open Source sur le poste de travail, soit à une migration en elle-même, peuvent être notés. Celui du gouvernement grec, d’abord, qui à travers le projet sxolinux entend équiper les écoles élémentaires, (élèves et corps enseignants) de machines Linux, et bâtir dans chacune d’elles un laboratoire informatique. Plus structurant, le rapport du service informatique (Free Software Desktop Migration Guide) de la ville de Saragosse en Espagne, a pour objectif de livrer les clés d’une bonne migration Linux sur le poste de travail. S’inspirant de sa propre expérience, mais également de celle d’autres villes espagnoles, comme Valence ou Madrid. Ce guide s'appuie donc sur des retours d’expérience concrètes et aborde les points techniques, mais également financiers et légaux, deux éléments parfois présentés comme des freins à l’adoption de l’Open Source. Le rapport (disponible en PDF en espagnol) rappelle notamment qu’une migration de Linux sur le poste de travail est une opération “complexe mais réalisable”, et pointe notamment du doigt le fait que les retours financiers et humains ne sont pas immédiats.

En Slovénie, 80% des postes sous Linux en 2015


Citons encore le vaste programme du ministère de l’administration publique de Slovénie qui entend équiper d’ici à 2015 80% des postes de travail des administrations d’applications Open Source (suite bureautique, navigateur et OS). Le projet, visiblement déjà entamé en 2010, devrait s’intensifier en 2011, nous confie le site Osor.eu tout en rappelant que la Justice, ainsi que les services de Santé et de transports publics de la ville de Ljubljana (la capitale), ont déjà recours à l’Open Source.

En France, le débat est certes engagé depuis la publication du RGI (Référentiel général d’interopérabilité) en 2009. Mais le gouvernement semble aujourd’hui reculer dans son approche à l’Open Source. Et l’April, l’association de promotion des logiciels libres et des standards ouverts de s’inquiéter de voir la toute jeune direction interministérielle des systèmes d'information et de communication (DISIC) de l'État zapper la question de l'interoperabilité des systèmes d'information.
Plaçant ainsi la France, considérée pourtant comme un havre de l’Open Source et des standards ouverts dans une position moins innovante et avant-gardiste.  Et perdant du coup un peu de sa superbe.

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