Windows 7 : il n'y aura pas de version avec IE 8 en France

Afin d'éviter une énième sanction de la Commission européenne, Microsoft a décidé de prendre les devants et de commercialiser en Europe une unique version de Windows 7, sans IE 8. Une mesure préventive qui place le sort du navigateur entre les mains des constructeurs de PC, qui auront le choix entre les logiciels de Microsoft, Mozilla, Opera ou encore Google.

Windows 7 débarquera bien en France le 22 octobre, mais sans IE 8. Dans une mesure que Microsoft qualifie de préventive, visant à satisfaire les desiderata de la Commission européenne, l'éditeur de Redmond a décidé de dénouer les liens qui unissent IE 8 et Windows 7. Et de rebaptiser Windows 7 « E » l'ensemble des éditions ainsi « allégées » du navigateur qui seront commercialisées dans la zone Europe, en Suisse et en Croatie. Cette édition frappée du « E » sera la seule commercialisée en France pour le grand public.

L'affaire remonte à janvier dernier. A cette époque, la Commission européenne décide d'expédier une lettre de grief à Microsoft lui demandant de s'expliquer sur les liens entre IE et Windows qu'elle juge anticoncurrentiels. En bref, la plate-forme de Redmond ne serait pas assez ouverte aux éditeurs de navigateurs tiers, dont Opera - éditeur qui est à l'origine de ce procès.

En découlent alors de multiples alliances, tant du côté de la résistance – Mozilla, mais aussi Oracle, IBM et Sun se joignant au plaignant - que dans le camp de Redmond, qui reçoit l'appui de la puissante association ACT. Autant de rebondissements qui viennent donner au feuilleton Microsoft vs EU un air de western, à la sauce européenne. Le suspense devait se terminer entre le 3 et 5 juin dernier, l'échéance que l'UE avait fixée à Redmond pour répondre à ses griefs.

Ne pas prendre le risque de voir la sortie de Windows 7 retardée

Avec cette mesure consistant à tirer un trait sur l'objet de la plainte, « on espère répondre aux demandes de la Commission. Mais on ne sait pas encore comment elle va réagir », explique Bernard Oughanlian, directeur technique de Microsoft France. Tout en rappelant qu'il s'agit pour l'éditeur de garantir un sortie mondiale de Windows 7. « Il faut prendre une décision aujourd'hui et pas après la sortie de Windows 7 », ajoute-t-il. Il s'agit donc avant tout de lever tout éventuel obstacle dressé par la Commission, obstacle susceptible de différer la sortie du prochain OS, devenue capitale pour Microsoft après l'échec de Vista.

Windows 7 « E » vient ainsi rejoindre l'édition « N », une autre version light de Windows qui, suite à un autre procès antitrust durant la période Windows XP, avait été délestée du Media Player. Cette édition « N » - qui n'a pas été beaucoup achetée, rappelle Microsoft - sera également dépourvue du navigateur IE 8. Il est à noter que Windows « N » n'était pas la seule version commercialisée en Europe. À l'époque, les utilisateurs pouvaient également acheter une édition complète, intégrant le lecteur multimédia. Avec « E », Microsoft fait donc une concession supplémentaire à la Commission.

Microsoft s'en remet aux OEM

L'intégration d'IE 8, ou d'un navigateur tiers comme Firefox ou Chrome, sera donc à la charge des constructeurs de PC (OEM), précise Bernard Ourghanlian. Si des constructeurs comme Dell ont la possibilité de sonder en amont les utilisateurs, d'autres, comme ceux qui commercialisent des machines dans la grande distribution, devront faire un choix. Pour le grand public peu initié qui décide d'acheter un édition de Windows 7 en boîte, il faudra donc télécharger un navigateur …. sans navigateur préinstallé.

Pour les entreprises, sous accord de licence ou sous abonnement Software Assurance, la décision spectaculaire de l'éditeur n'a toutefois aucune répercussion.

Rappelons au passage que Microsoft avait, suite à l'enquête de la Commission, considéré plusieurs alternatives. L'éditeur avait notamment la possibilité d'inclure dans Windows un ensemble de navigateurs tiers – comme Firefox et Opera – aux côtés d'IE, que l'utilisateur ou le constructeur pouvait alors activer selon ses besoins ou ses envies, au premier démarrage de Windows et lors de son activation. Une alternative que l'avocat de Redmond, Dave Heiner, estime trop complexe (sic). « Au regard des intérêts concurrentiels, nous ne pensons pas ce qu'il s'agissait de la meilleure option pour nous », précise-t-il sur son blog.

La Commission maintient le cap

Bernard Ourghanlian justifie le choix d'une édition séparée en expliquant qu'il est très compliqué d'installer plusieurs navigateurs sur un OS. « D'abord lesquels doit-on choisir ? », s'interroge-t-il. Puis il ajoute que les vendeurs de PC n'ont pas toujours les compétences en termes de support sur l'ensemble des navigateurs « surtout si on en intègre 5 ou 6 ».

Si Opera a fait part de son indignation quant au choix de Microsoft de sortir une version appauvrie, plutôt que d'opter pour une cohabitation entre navigateurs, la Commission réserve encore sa décision. Et affirme vouloir poursuivre l'enquête afin de déterminer si cette mesure suffit à offrir un « authentique choix pour le consommateur ».

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