Virtualisation : Face à VMware vSphere, Hyper-V doit encore progresser

Visiblement très en forme, Kevin Turner, COO de Microsoft, est monté sur scène, à l’occasion de la conférence partenaires de l’éditeur pour, notamment, fustiger la «taxe VMware». Comprendre, un surcoût qui serait injustifié par rapport aux solutions de virtualisation de serveurs maison. Eric Cucchietti, architecte infrastructure chez Acesi, relativise... soulignant les limites des solutions de Microsoft pour les infrastructures virtualisées les plus avancées.

capture cran 2010 44C’est un COO de Microsoft très agressif qui est monté sur scène pour une intervention de motivation des partenaires de Microsoft réunis en ce moment à Washington. Evoquant la «taxe VMware», Kevin Turner a repris les derniers chiffres d’IDC sur le marché de la virtualisation de serveurs. Des chiffres flatteurs pour l’éditeur : +6,1 points de parts de marché en deux ans, avec 24,4 % du marché des hyperviseurs au premier trimestre 2010, contre 49,9 % pour VMware (-3,7 points sur deux ans). L’illustration d’un «élan très fort», selon lui. Surtout, pour Kevin Turner, il est temps, pour les partenaires, de pousser Hyper-V auprès des entreprises, alors que «de nombreux contrats VMware, conclus il y a trois ans, vont être renégociés», et que Microsoft concourre désormais à "iso-fonctionnalités". Une affirmation qui apparaît quelque peu exagérée, si l’on écoute des utilisateurs familiers des deux mondes.

«Du côté des fonctionnalités, notamment en termes d’exploitation, Hyper-V n’est pas abouti»

Eric Cucchietti, architecture infrastructure chez Acesi fait partie de ceux-ci. Et son constat est pour le moins plus partagé que les affirmations de Kevin Turner. Cet expert connaît bien les deux environnements concurrents : il est accessoirement certifié VMware. D’entrée, il insiste pour souligner les avantages d’Hyper-V : «en termes de performances et de stabilité, c’est très bon. Pour ça, clairement, c’est abouti.» Mais le constat se gâte rapidement. Globalement, pour lui, «sur le terrain des fonctionnalités, c’est un peu la version N-2 d’ESX.» Et cela commence dès l’installation : d’un côté, «tout l’interfaçage avec le matériel est maîtrisé par VMware» tandis que, de l’autre, «pour regrouper des interfaces réseau, par exemple, afin de gérer redondance et équilibrage de charge sur plusieurs VLAN, il faut passer par les pilotes logiciels spécifiques des constructeurs des cartes.» Cela n’a peut-être pas l’air bien grave, mais c’est potentiellement source de lourdes différences : «les pilotes Broadcom et les pilotes HP, par exemple, n’offrent pas la même stabilité.» Et puis, de toute façon, pour Eric Cucchietti, on touche là un problème simple : «on ajoute un tiers» à l’équation, avec la part d’incertitude que cela peut comporter. 

Le mille-feuilles d’Hyper-V 

capture cran 2010 53Mais cette considération pourrait apparaître comme marginale face à ce que l’architecte décrit comme un «empilement», un véritable mille-feuille, lorsque l’on souhaite industrialiser au maximum l’exploitation d’un environnement Hyper-V en grappe. Et de donner un exemple concret : «pour profiter de la distribution automatique des VM entre serveurs physiques, en fonction de la charge, il faut acheter System Center Operations Manager (SCOM) car ce n’est pas prévu de base avec seulement System Center Virtual Machine Manager (SCVMM).» Et il en va de même pour pouvoir obtenir des remontées d’alertes automatiques en cas de défaillance quelconque. Idem encore pour la mise en route automatique d’une VM sur le serveur le moins chargé. Et pour la gestion de snapshots, il faut ajouter Data Protection Manager (DPM). Et Eric Cucchietti de pointer une contrainte qui peut être gênante : «sans Active Directory, le cluster Hyper-V ne peut pas démarrer. [...] Avec VMware, la console vCenter a, au plus, besoin de pouvoir résoudre les noms canoniques des machines - ça peut n’être qu’un fichier hosts.»

Au final, «à force d’empiler les couches, l’écart de prix n’est plus aussi significatif.» Et il l’est d’autant qu’à l’empilement des couches logicielles s’ajoute celui des compétences : «avec un VMware, il suffit d’un expert VMware... Avec Hyper-V, il faut quelqu’un de compétent sur Hyper-V, un autre sur SCOM, sur SCVMM, etc.» Une multiplication des ressources qui fini par avoir un coût. Mais les différences se voient dès l’installation : «généralement, on estime qu’il faut une demi-journée pour préparer un serveur avec ESX, en installant les mises à jour, etc. Et une journée, voire une journée et demi pour Hyper-V, selon qu’il doit être configuré en cluster ou non.»

Pour les budgets les plus serrés

Bref, pour Eric Cucchietti, Hyper-V est surtout adapté «à des petites PME qui n’ont pas les moyens de prendre les solutions VMware.» Mais ce dernier semble plus à même de répondre efficacement aux besoins et aux attentes des structures de plus grande taille en quête d’un niveau d’industrialisation de leur exploitation plus avancé et... plus rapide à obtenir. Du moins pour le moment.

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