Microsoft au ralenti, mais très profitable, remercie 5 000 salariés

Coup de tonnerre dans l’édition logicielle et, au-delà, dans tout le secteur : Microsoft licencie massivement (plus de 5 % de ses effectifs), invoquant la crise la plus importante à laquelle il ait eut à faire face. Reste une entreprise aux profits immenses qui se sépare de 5 000 salariés après avoir passé des mois à promettre un avenir radieux, autour du Cloud Computing et de Windows 7 notamment.

Toute petite croissance... et grosse conséquence pour Microsoft, qui publie ses résultats pour le compte de son 2ème trimestre fiscal. Le chiffre d’affaires a péniblement atteint 16,63 milliards de dollars, soit une légère croissance de 2 %. C’est « 900 millions de dollars de moins que ce qui était prévu », si l’on en croit la lettre envoyée aux employés du groupe par Steve Ballmer lui-même.

Surtout le bénéfice est en très net recul (- 11 %) tout en se montant tout de même à 4,17 milliards de dollars. Première conséquence, mais de taille : le numéro un mondial de l’édition logicielle procède pour la première fois de son histoire à une vague massive de licenciements qui portera au total sur 5 000 postes - soit plus de 5 % des effectifs - sur 18 mois, dont 1 400 avec effet immédiat. De nombreux services sont concernés : la R&D, le marketing, les forces de vente, les services administratifs et juridiques, les RH et – également – les services informatiques. L’objectif, selon le communiqué de Microsoft, est de réduire les dépenses opérationnelles annuelles de 1,5 milliards de dollars. Selon Steve Ballmer, au cours du trimestre qui vient de s’écouler, « les dépenses ont déjà été réduites de 600 millions de dollars » des suites du plan d'économies annoncé à l'automne.

Des licenciements pour les actionnaires ?

Si l’on se réfère aux rumeurs persistantes qui circulaient depuis plusieurs semaines, faisant état de suppressions de postes se montant à 10 000 voire 15 000 personnes, on peut conclure que l’éditeur a limité les dégâts. Reste qu’il s’agit là d’une grande première pour une entreprise ayant accumulé des bénéfices colossaux et dont les fondamentaux demeurent extrêmement confortables, avec une marge nette de tout de même 25 % !

On se trouve donc confronté à des licenciements "boursiers" censés conforter les actionnaires dans la capacité de la direction à maîtriser ses coûts en temps de crise. Même si Microsoft voit ses ventes de logiciels pour PC chuter de 8 % - en rapport avec la récession qui frappe ce secteur –, les autres activités progressent. De 15 % pour la branche serveurs et outils de développement, de 3 % pour la division produits électroniques grand public (dont la Xbox). La ventilation exacte devrait être communiquée plus tard dans la journée, alors que Steve Ballmer doit commenter les résultats auprès des analystes.

Le poste de travail : talon d’Achille de Microsoft version 2009

La vente de logiciels pour le poste de travail devient donc le point faible de Microsoft. Et le plus inquiétant est que la crise n’est certainement pas la seule responsable du recul de l’activité « logiciels pour postes clients ». L’effet Vista – l’OS tant décrié – n’est pas à négliger ,d’autant que la promesse d’un Windows 7 dans les bacs au tout début de 2010 n’est pas franchement faite pour doper les ventes. De la même manière, Microsoft a mis du temps à prendre la vague des netbooks, le seul segment porteur en 2008 sur les PC. Finalement un XP spécialement maintenu a fait l’affaire. Mais, sur ce segment, malgré le retour de Microsoft, Linux a marqué des points. De même, la montée en puissance sur le web de la suite OpenOffice ou encore de Firefox menace les positions du numéro un.

Des licenciements peu compatibles avec les annonces récentes

Pour l’avenir – notamment la fin de l’exercice au 30 juin 2009 –, Microsoft explique ne pas avoir de visibilité suffisante pour se risquer à la moindre projection. Une cécité qui rappelle celle d'Intel. Seuls les coûts donc semblent maîtrisés. Et ils devraient se monter à 27,4 milliards de dollars sur l’ensemble de l’exercice. Le problème, c’est que Microsoft a fait feu de tout bois à l’automne annonçant le calendrier pour Windows 7 – dont le lancement sera sûrement onéreux pour remonter la pente Vista –, mais également des investissements monstres dans les datacenters pour servir ses ambitions autour d’Azure, sa plate-forme de cloud computing, un marché où il veut jouer les premiers rôles. Sans compter la somme des autres développements. En Inde par exemple, Microsoft a inauguré le 12 août dernier le 3ème bâtiment de son campus à Hyderabad, qui doit permettre de faire passer les effectifs locaux de 1 500 et 3 500 personnes. Officiellement aucun licenciement ne concerne le sous-continent.

Mais, en Inde ou ailleurs, avec ce qu’il prépare ou qu’il a promis, on se demande bien où Microsoft va pouvoir supprimer ses 5 000 postes sans rogner sur ses ambitions.

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