Les créations d'emplois dans l'IT sont surestimées déplore le Munci

L'association professionnelle des informaticiens dénonce ce qu'elle appelle "les chiffres fantaisistes des créations d'emplois". Elle reprend à son compte une étude qui pointe le mal-être des informaticiens au travail.

Le Munci en a visiblement assez des nombreuses études sponsorisées par les majors de l'IT, études qui tentent à démontrer que le numérique est créateur de nombreux emplois. L'association professionnelle relève ainsi que les statistiques de Pôle Emploi font état de la création de 269.000 emplois entre 1995 et 2010.

Un nombre considérable mais loin de celui avancé par Mc Kinsey dans son étude intitulée « Impact d’internet sur l’économie française » commanditée par Google. « Ce rapport permet à des acteurs comme Syntec Numérique et le Conseil National du Numérique de revendiquer 700.000 emplois créés en France depuis 1995, 20 % de la croissance française entre 2004 et 2009 et 450.000 emplois directs et indirects créés à l’horizon 2015 dans le numérique », s'indigne le Munci qui explique que ces chiffres sont repris systématiquement par les politiques français, aussi bien de gauche que de droite.

Se basant toujours sur des statistiques officielles, ce dernier tord également le cou à ce qu'il considère comme une légende : la pénurie d'informaticiens. Selon ses calculs, 20.000 à 25.000 jeunes diplômés arriveraient ainsi chaque année sur le marché du travail, ce qui permettrait de répondre aisément aux besoins des entreprises qu'il estime entre 15.000 à 20.000 informaticiens.

S'il existe effectivement une pénurie, croit savoir le Munci, on la doit à l’inadéquation entre l’offre et la demande, qui résulte à la fois des spécificités du marché du travail français et du décalage entre les formations proposées et les compétences les plus recherchées par les entreprises.

Par ailleurs, à l'issue de leur formation, de nombreux diplômés changeraient de voie à cause d'un problème d’attractivité des entreprises du secteur informatique.

Le mal-être des informaticiens

 Une étude semble en revanche avoir les faveurs de l'association professionnelle, celle réalisée par le Cabinet Mozart Consulting qui reprend les données 2010 de la Dares, de la Cnamts et d’Alma Consulting, un cabinet européen de conseil opérationnel en réduction des coûts. Ce document pointe du doigt le secteur des services informatiques et celui des services aux entreprises comme étant les plus concernés par le mal-être au travail, en raison notamment d'une forte augmentation du taux d’arrêts pour accident du travail et maladie professionnelle (AT/MP), qui progressent de 20 %, et des sorties forcées de l'entreprise (licenciements et ruptures conventionnelles), lesquelles bondissent de 20,8 %. Mozart Consulting attribue l'explosion de ces chiffres à une « persistance de la mauvaise gestion du turnover endémique dans ce secteur ».

Le Munci affirme ne pas être surpris par la hausse des AT/MP « compte tenu de la forte pression que subissent les salariés, tout particulièrement en période de crise ». Il cite parmi les principaux facteurs anxiogènes et sources de dépressions au travail (qu'il considère comme des outils de gestion) les horaires à rallonge, les problèmes de management et la mauvaise reconnaissance des salariés détachés, l’industrialisation des services avec ses indicateurs, des métiers en évolution constante où la nécessité de se remettre en cause est permanente, des incertitudes courantes sur l’avenir des entreprises et des missions, sans oublier le harcèlement. « Le volume important des séparations individuelles cache des cas fréquents de harcèlement moral, plus généralement des relations souvent difficiles et conflictuelles entre le management et les collaborateurs des SSII », affirme l'association avant d'ajouter, « On signale chaque année des suicides d’informaticiens au travail » .

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