L'IT moins attractive pour les jeunes : une heureuse coïncidence, inquiétante à long terme

Il y aura certainement moins de diplômés en informatique 2009 que l'année précédente. Une étude commandée par Syntec Informatique montre le désintérêt croissant des jeunes pour ces filières depuis 2005. Un recul qui tombe à pic cette année, où les SSII devraient rester timides sur le front du recrutement. Mais qui pose question à plus long terme.

Fin mars, Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et éditeurs, dressait un bilan de la formation dans l'IT. Y étaient notamment présentés les résultats d'une étude au long cours (portant sur la période 2000-2007) menée par le cabinet Ambroise Bouteille. Principal enseignement : si, sur la période, le nombre d'inscrits dans des filières IT augmente de 29 % - et celui des diplômés de 15 % - la tendance s'inverse depuis l'année 2005-2006. Et le recul semble encore s'accentuer. Le phénomène ne constitue pas réellement une surprise, tous les pays occidentaux enregistrant une désaffection des jeunes pour les filières scientifiques. Ainsi, en France, le flux de bacheliers de S a reculé de 3 % entre 2006 et 2007, même si, depuis 2000, il continue de progresser significativement.

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Conjoncturellement, ce recul tombe bien. Etant donné le contexte économique actuel, les SSII vont recruter beaucoup moins cet été qu'elles ne l'avaient fait les années précédentes. Plusieurs d'entre elles ont annoncé avoir gelé ou quasiment gelé leurs embauches. La sortie d'écoles s'annonce donc compliquée pour les jeunes, d'autant que 46 % des jeunes diplômés des filières IT trouvent leur premier emploi dans une entreprise de la branche Syntec (voir ci-dessus). Ce reflux touche avant tout les niveaux bac +1 ou +2, pour lesquels Ambroise Bouteille parle  de "tendance lourde à la baisse", mais également le niveau Bac +5 et +6, là ou les SSII recrutent plus d'un diplômé sur deux.

L'offshore remodèle les besoins des SSII

Structurellement, la tendance est en revanche plus inquiétante pour la profession. D'où d'ailleurs le message que tente de faire passer le Syntec auprès de ses adhérents : ne négliger pas votre présence dans les écoles pour conserver une forme d'attractivité lors de la reprise. Lors de la précédente crise, par ses pratiques en matière de licenciements musclés surtout, la profession a laissé une mauvaise image dans les écoles, image que d'ailleurs, elle n'est pas encore totalement parvenue à gommer. Ce qui l'a conduit, en pleine euphorie des années 2006-2008, à parler de "guerre des talents".

En complément : écouter Jean Mounet, président de Syntec Informatique, sur les besoins en recrutement du secteur après la crise (interview réalisée le 1er avril).

Reste que, même si les SSII prennent la précaution de conserver ces budgets, elles devraient se montrer sélectives. Comme l'a expliqué Alain Donzeaud, président du département Social, Emploi et Formation au Syntec Informatique, lors de la présentation des résultats de cette étude, les fonctions touchant l'exploitation ou le développement - celles habituellement occupées par les jeunes les moins diplômés (voir tableau ci-dessous) - étant facilement délocalisables offshore, "la demande va être plus forte pour les Bac +5 et +6 que pour le bas de la pyramide".

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En complément : lire, sur le blog Jour.homme, le billet intitulé "Carrières en SSII : des parcours.. en fin de parcours".

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