Openworld 2008 : Et Oracle vint au cloud computing avec Amazon

Petit coup de tonnerre dans le monde émergent de l’informatique en nuage : Oracle a décidé de s’y mettre… mais pas directement. L’éditeur passera par les services d’Amazon, un partenaire solide et hors de l’univers concurrentiel du n°1 des SGBD. Il y gagne une intrusion sur un segment longtemps négligé. Et l’offre d’Amazon monte fort en crédibilité.

Après un cycle de quatre ans qui a vu l’éditeur racheter – et intégrer - pas moins de 50 sociétés de tailles diverses, Oracle a profité d’Openworld, sa grand-messe utilisateurs, pour tracer la route pour 2009/2010. Et celle-ci passera par le Cloud Computing. Certes, le gros des annonces a porté sur la stratégie en matière d’outils collaboratif avec le lancement de Beehive, mais la présentation de l’offre 11g pour le Cloud d’Amazon est une vraie rupture stratégique. Selon James Kobielus de Forrester, on assiste avec ce mouvement à « un important changement d’échelle tant pour Oracle que pour Amazon ».

[voir sur ces sujets notre dossier sur le cloud computing]

Au delà de l’informatique en nuage, il s’agit d’une conversion officielle à un modèle On demand porté par l’éditeur depuis une dizaine d’année mais souvent vilipendé par son principal dirigeant, Larry Ellison. Au mois de juin, ce dernier se payait même Salesforce (acteur historique de la distribution logicielle en mode Saas, reposant sur une architecture cousine du nuage) sur l’air du « Salesforce ? combien de divisions ».
Mais la multiplication des annonces des géants de l’informatique en matière de Cloud Computing ou d’informatique à la demande (Microsoft, Google et Salesforce, IBM …) a sans doute poussé Oracle à passer à la vitesse supérieure.

De la crédibilité pour Amazon

Le leader mondial des bases de données a donc annoncé la disponibilité de versions spécialement dédiées aux architectures en nuage de ses suites phares 11g – pour le SGBD – et Fusion – côté middleware. Les deux seront proposés pour fonctionner avec EC2 (Elastic Compute Cloud), le service d’allocation de puissance de calcul pour le déploiement d’applications à la demande d’Amazon. Issue de la vente en ligne, ce dernier s’est très tôt positionné sur la mise à disposition de services d’hébergement ou de déploiement applicatifs fondés sur le Cloud Computing et l’expérience en la matière accumulée pour son propre compte. Jusqu’à présent, Amazon proposait bien des possibilités en matière de SGBD - avec par exemple le déploiement de MySQL et sa propre offre de cloud SimpleDB -, mais rien du niveau critique de 11g, qui devrait lui apporter un vrai plus en matière de crédibilité.

Une approche incitative

Pour aider au déploiement sur EC2 Oracle propose une série d’aides techniques et économiques. Ses équipes ont développé un jeu d’images de l’architecture d’Amazon – les AMI, Amazon Machine Images – qui permettent la bascule vers la plate-forme d’Amazon en quelques minutes. Les licenciés 11g actuels pourront basculer sans coûts supplémentaires, les nouveaux pourront souscrire un package spécialement dédié. Par ailleurs, Secure Backup Cloud Module, une déclinaison d’Oracle Secure Backup, est également mis a disposition pour permettre la sauvegarde encryptée sur S3 (Simple Storage Service), le service de stockage en ligne d’Amazon.

Une première donc, qui s’appuie sur un acteur relativement neutre du point de vue de l’environnement concurrentiel d’Oracle, mais qui pourrait être suivie d’autres accords avec d’autres fournisseurs de Cloud Computing, notamment parmi la kyrielle de pure players qui se lancent actuellement et dont nous présentions il y a quelques semaines deux exemples.
Pas question pour l’instant de proposer une offre 100% Oracle mais le développement de l’activité On Demand pourrait rapidement faire bouger les lignes. Au premier trimestre, cette activité a progressé de 23 % pour représenter désormais 195 millions de dollars, une part non négligeable de l’activité services de l’éditeur.

[voir sur ces sujets notre dossier sur le cloud computing]

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