Pour tenir ses objectifs de marge, Atos-Origin met l'intégration sous pression

Une intersyndicale d'Atos Intégration dénonce la batterie de mesures mise en place par la direction pour optimiser les marges, principal objectif affiché par la nouvelle direction du groupe. Au programme, selon les syndicats : des réaffectations au sein de la branche infogérance, le gel des congés et des licenciements individuels.

La grogne monte chez Atos-Origin Intégration, la branche dédiée aux projets d'intégration de la SSII française. Une intersyndicale montée récemment - et réunissant CFDT, CGC, CGT et Unsa - organisait hier une journée d'action pour protester contre un ensemble de mesures frappant cette entité de la SSII. Dans un inventaire à la Prévert, les organisations syndicales dénoncent le gel des salaires et des formations, les missions déqualifiantes, le refus des congés aux salariés en mission, les congés imposés aux intercontrats, la réduction des frais de déplacement, la diminution des indemnités kilométriques ou encore la multiplication des licenciements. Le tract diffusé par l'intersyndicale évoque également des "menaces de solutions radicales" émanant de la direction.

Selon les sources syndicales que nous avons interrogées par téléphone, la manifestation s'est tenue tant à La Défense (siège de Atos Intégration) que sur différents sites de Province. La participation a été toutefois limitée à Paris ; la CFDT évoquant une centaine de personnes sur le site de La Défense. Par contre, le quotidien Ouest France évoque le chiffre de 150 salariés en grève à Rennes, ce qui constitue un succès pour la mobilisation dans cette ville où la SSII emploie environ 280 personnes sur deux sites.

Ingénieurs à tout faire

Le Specis (Syndicat professionnel d'études, de conseil, d'ingéniérie, d'informatique et de services), affilié à l'Unsa (Union nationale des syndicats autonomes), dénonce notamment les missions de help-desk confiées à des ingénieurs. Selon l'organisation, le principe consiste à réaffecter des intercontrats de la division intégration sur des missions de ce type au sein d'Atos infogérance, en remplacement de sous-traitants ou d'intérimaires. "Une dizaine d'ingénieurs vont également installer dans les mairies des machines nécessaires à la production des passeports biométriques", ajoute le secrétaire général du Specis.

"La branche intégration subit les mesures les plus dures", relève Marie-Christine Lebert, coordinatrice CFDT pour le groupe. Ce qui vaut pour la politique de gel salarial, mais aussi en matière de prise de congés. "Officiellement, la direction conseille simplement aux salariés en mission de retarder la prise de leurs congés au-delà de la période légale. Mais sur le terrain, l'application de la mesure se passe très mal, les managers mettant la pression sur les salariés", insiste la déléguée CFDT. D'autant que, selon elle, les salariés n'obtiennent pas de garantie écrite sur le report de ces congés à l'année suivante. Pour les salariés en intercontrat, la SSII déploierait des mesures assez classiques (prise de congés, réaffectation) ; les mesures "non conventionnelles" comme celles expérimentées par Logica n'étant pas à l'ordre du jour. Du moins pour l'instant.

Tout pour la marge

Pour Marie-Christine Lebert, cet ensemble de mesures s'explique par la volonté de la nouvelle direction, emmenée par l'ex-ministre Thierry Breton, "de surperformer financièrement". Rappelons qu'en février dernier, le Pdg avait annoncé une amélioration de la marge opérationnelle du groupe de 50 à 100 points dès 2009, grâce à un programme de réduction des coûts baptisé TOP (Total Operational Performance) et piloté par Charles Dehelly, le nouveau directeur général adjoint. Un objectif confirmé hier lors de l'Assemblée générale de la SSII. Lancé le 1er décembre dernier, le programme doit donner ses premiers résultats à la fin du premier semestre, et surtout au second semestre, selon la direction de la SSII.

A l'intérieur du groupe, retrouver la branche intégration sous pression ne constitue pas une surprise : au premier trimestre, cette activité accusait un recul de 6,2 % sur un an (elle représente un peu moins de 40 % du total), tandis que l'infogérance poursuivait sa marche en avant (+ 5,5 %).

Montrouge, le futur et unique site d'Atos à Paris

Le programme d'optimisation des marges passe également par le regroupement de toutes les équipes de la région parisienne (La Défense, Paris, Nanterre) sur un seul site, à Montrouge (92). Une façon pour l'équipe de Thierry Breton de faire disparaître les "chapelles" au sein du groupe, mais aussi de couper dans les coûts fixes. "La surface sera divisée par deux par rapport aux locaux actuels", note Marie-Christine Lebert.

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