BI 4.0 : le décisionnel de SAP fusionné à BO plutôt bien accueilli

Avec la sortie de la plate-forme BI 4.0 ce 23 février, SAP unit enfin intimement ses propres technologies à celle de l'éditeur français BO. Avec des arguments qui portent chez les utilisateurs. Même si certains choix laissent encore la base installée perplexe.

Ce 23 février, SAP démarre la commercialisation de ce qui apparaît comme la première génération technologique consommant l'union du porte-feuille logiciel de l'Allemand avec celui de BO, l'éditeur français de BI racheté en 2008. Comme l'avait expliqué le géant de l'ERP lors d'un forum organisé pour ses clients en novembre dernier, cette nouvelle plate-forme, appelée BI 4.0, résulte d'un cycle d'ingénierie complet de 18 mois sur les produits BI issus des gammes de BO et SAP. Un cycle qui a toutefois pris plus de temps qu'annoncé au départ.

Lors de ce forum organisé par SAP à Paris - et qui avait été l'occasion d'une première présentation du produit dans l'Hexagone - l'intégration native des outils issus de la gamme BO à l'entrepôt de données SAP BW avait été mis en avant. "Mais l'éditeur a deux discours selon qu'il s'adresse à la base installée SAP ou à celle de BO, plus agnostique en matière de datawarehouse, explique Olivier Le Moing, président du club des utilisateurs BO en France. Car la suite a aussi beaucoup évolué pour l'ensemble des clients, et non pour la seule base installée SAP." Ainsi, lors de la dernière réunion du club, les utilisateurs se sont davantage concentrés sur l'unification et la simplification de l'interface ainsi que sur l'évolution significative de Designer, outil de création des univers (couche sémantique entre le datawarehouse et l'outil de reporting dans la terminologie BO).

Les fonctions regrettées de Desktop Intelligence

Du mieux donc, de l'avis des utilisateurs. Mais tout n'est évidemment pas parfait. La suite est ainsi marquée par la disparition de l'outil de requête et de création de rapport Desktop Intelligence. Même si le support standard de ce composant court jusqu'en 2015, les utilisateurs devront programmer la migration vers son remplaçant, Web Intelligence (ou WebI). Une marche forcée qui fait grincer quelques dents côté utilisateurs, même si SAP explique que cet arrêt était programmé depuis longtemps et que la dernière version de WebI apporte quelques améliorations bienvenues (comme la possibilité de s'interfacer avec des cubes, permettant de créer des univers multidimensionnels). "La disparition de Desktop Intelligence fait grincer des dents, tout simplement car quelques fonctions de cet outil - certes une infime minorité - ne sont pas encore disponibles dans WebI. C'est par exemple le cas de l'accès aux fichiers Excel", explique Olivier Le Moing. Même motif, même punition pour les utilisateurs de Bex Analyzer, issu du porte-feuille SAP et lui aussi promis à la retraite, remplacé dans BI 4.0 par Analysis for Office, outil d'analyse dérivé des outils BO et limité aux environnements BW. "SAP a certes annoncé très tôt après le rachat de BO que cet outil était voué à disparaître, note Olivier Le Moing. Mais, aujourd'hui, ce discours est moins affirmé. J'ai l'impression que, sous la pression des utilisateurs, SAP se prépare à faire vivre BW plus longtemps que prévu initialement."

Sur la base d'un premier test mené auprès d'un très grand compte industriel français - qui a été sélectionné parmi les 5 ou 6 clients dans le monde ayant eu accès à la plate-forme BI 4.0 en bêta -, l'intégrateur Business & Décision tire un bilan globalement positif de sa première expérience avec la plate-forme. "Environ 70 % de la plate-forme a été testé, notamment la partie connectique BW et les nouvelles fonctionnalités. 58 scénarios ont ainsi été mis sur pied, dont 20 sur la connexion à l'entrepôt BW et 6 sur les tableaux de bord, explique Gaëtan Falletta, directeur de l'agence Sud-Ouest de la SSII qui a conduit ce pilote avec les équipes de l'industriel. Au niveau de l'ergonomie, on assiste à une véritable intégration de la plate-forme. On peut ainsi attaquer de multiples sources depuis un seul univers. Ce qui évitera aux DSI d'acheter Data Federator, cet outil se voyant de facto intégré en standard dans la plate-forme BI 4.0. Avec l'outil d'analyse Analysis, cet effort d'intégration est également évident. Idem en ce qui concerne l'outil de tableau de bord qui s'intègre bien sur les entrepôts BW, là où, auparavant, il fallait employer des passerelles difficiles à maintenir." La principale promesse de SAP - l'intégration - semble donc tenue. Conséquence : une logique de plate-forme qui facilite les déploiements dans des environnements couplant outils BO et entrepôts BW. "Jusqu'à présent, sur des environnements de ce type, il fallait entrer dans une analyse très détaillée des modules à implémenter ou non", rappelle Jean-Michel Franco, directeur des solutions du même intégrateur.

Un nouveau format pour les univers

Reste que, même si SAP promet une migration tout en douceur - au rythme choisi par les utilisateurs, selon le discours officiel -, quelques figures imposées sont bien au programme. Ainsi, selon Gaëtan Falleta, les utilisateurs qui conservent de vieilles versions des outils de BO (antérieurs à la version 6) devront eux franchir une étape intermédiaire avant d'imaginer passer à BI 4.0. "Une migration directe est impossible. Certes ces versions ne sont plus maintenues depuis longtemps, mais elles continuent à tourner chez de nombreux clients. Il faut alors envisager une migration intermédiaire vers XI 3.0 (la précédente plate-forme décisionnelle de BO, NDLR) ; la migration entre cette mouture et BI 4.0 est ensuite très facile." Idem en ce qui concerne les univers, qui voient arriver un nouveau format de fichiers. Pour bénéficier des nouvelles fonctionnalités de la plate-forme BI 4.0, il faut en passer par un outil de conversion vers le dernier standard. "Mais, comme a choisi de le faire une des entreprises qui a participé au ramp-up (phase de pré-commercialisation du produit qui a suivi l'étape de la bêta, NDLR), on peut très bien choisir de conserver l'ancien format pour l'existant et n'utiliser le nouveau format qu'avec les nouveaux univers", remarque Olivier Le Moing.

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