Serveurs : virtualisation et rationalisation triomphent; Windows jugé plate-forme critique

La dernière étude du cabinet JEMM Research, menée auprès de 600 entreprises françaises, confirme les efforts de rationalisation menées par les entreprises sur les plates-formes serveurs. Consolidation, Green IT et virtualisation font parti des priorités pour 2010. Et si Unix est largement cité comme plate-forme pour les applications critiques des entreprises, Il est désormais devancé par Windows.

Après une étude très intéressante sur le travail collaboratif publiée en fin d’année 2009, le cabinet d’étude français JEMM Research vient de publier « Infrastructure Intelligente 2010 : Les serveurs, leurs rôles et leurs usages» une nouvelle étude sur l’usage des serveurs informatique dans les entreprises menée en France pour le compte d'IBM. Menée entre mars et avril 2010, l’enquête du cabinet a porté sur près de 600 responsables (DSI, responsables infrastructures, responsables réseau, architectes techniques, responsables des opérations et de l’exploitation), dont près d’une trentaine ont été interrogés en face à face pour des entretiens qualitatifs.

Vu la nature des entreprises interrogées, pour l’essentiel de grosses PME et des grands comptes, les parcs de serveurs analysés se comptent en centaines voire en milliers de machines. Mais comme le note Bertrand Garé, l’un des analystes qui a rédigé l’étude, rares sont les responsables interrogés qui ont pu fournir des détails exacts sur la taille de leur parc. si à l’échelle de quelques centaines de serveurs,les réponses restent souvent précises, au delà l’organisation en silo des grandes entreprises empêche souvent la fourniture de chiffres précis. Et puis la virtualisation et l’automatisation sont passées par là : comme l’indique B.Garé, «la virtualisation a rendu la notion de serveur installé quelque peu complexe et variable». De plus, l’externalisation chez des prestataires tiers rendent les estimations complexes.

Une rationalisation des fournisseurs et des plates-formes
Un premier constat de JEMM Research est la rationalisation en cours par les entreprises du nombre de leurs fournisseurs. 55% des répondants indiquent ainsi n’avoir plus qu’un fournisseur de serveurs, tandis que 30% en ont deux. Les 15% restant indiquent avoir référencé 3 fournisseurs. Il est à noter que sur l’échantillon interrogé, seuls HP, IBM, Dell et Oracle sont cités par les utilisateurs, Bull et Fujitsu n’étant pas mentionnés. HP est ainsi cité par 44% des utilisateurs contre 28% pour IBM et 14% pour Dell et Oracle.

Côté plates-formes logicielles, JEMM Research  indique qu’un peu plus de 60% des entreprises utilisent Windows, contre environ 55% pour Unix, un peu plus de 25% pour Linux, un peu moins de 15% pour IBM i (ex- OS/400). HP-UX est l’Unix le plus utilisé du marché avec un peu moins de 40%, devant AIX à un peu moins de 30%. Solaris et Red Hat sont au coude à coude avec 15% de parts de marché loin devant Suse Linux, utilisé dans moins de 5% des cas.

Parmi les principaux usages des serveurs en place figurent dans l’ordre les serveurs d’applications métiers, les serveurs de développement, les serveurs de messagerie, les serveurs de test et de pré-production, les serveurs d’applications en ligne et les serveurs de bases de données. Comme l’indique JEMM Research, «la seconde place prise par les usages de développement est intéressante. Elle démontre que, même si les grandes entreprises investissent dans des progiciels de gestion intégrés (ERP, CRM...) standards, elles consacrent encore beaucoup de ressources à adapter et intégrer ces environnements dans leur système d’information(...). La gestion de la messagerie est également un aspect critique pour les entreprises, relevé par l’utilisation de ressources pour supporter la collaboration et les communications dans l’entreprise.».

Windows considéré comme une plate-forme critique
Un résultat plus étonnant est le fait que Windows est largement considéré par les répondants comme un environnement dédié aux environnements critiques. Comme le note Bertrand Garé, ce résultat est révélateur des engagements de services auxquels sont tenus les SI pour certaines applications comme les services d’infrastructure, la messagerie ou le collaboratif traditionnellement déployées sous Windows. Il témoigne aussi du rôle de plus en plus important des plates-formes serveurs x86 dans les entreprises. Enfin, la montée en puissance d’applications comme SQL Server explique aussi sans nul doute le fait que Windows soit de plus en plus considéré comme critique.

Si Windows est l’OS le plus cité (43,3% du total des réponses), Unix vient naturellement derrière (33,3%), encore loin devant Linux (16,67%). Comme le note JEMM Research, la plupart des répondants n’évoquent pas de migration en masse d’Unix vers Linux, une réponse qui n’est que peu surprenante vu le profil des comptes interrogés et la criticité des environnements sur lesquels Unix est encore utilisé. Les réponses auraient sans doute été différentes si l'échantillon avait été composé massivement de PME. Il est à noter qu’une des raisons du succès de Windows est la facilité de trouver des compétences d’exploitation sur l’OS Microsoft (88,2 % des interrogés n’ont pas de difficulté à trouver des compétences), ce qui est plus compliqué pour Unix (2/3 des répondant indiquent trouver facilement des compétences) et pour Linux (60% seulement).


Le marché des serveurs devrait profiter de la virtualisation et des nouveaux projets

L’étude de JEMM Research confirme aussi l'appétence des entreprises pour la virtualisation. 57% d’entre elles entendent ainsi lancer de nouveaux projets de virtualisation en 2010 tandis que 30% ne se prononcent pas et que 13% indiquent ne pas avoir de plan pour 2010.

L'étude permet aussi d'espérer un redécollage du marché des serveurs d’infrastructure en 2010. 80% des entreprises indiquent ainsi avoir des projets de déploiement de nouvelles plates-formes Linux en 2010 et 58,8% estiment qu’elle vont déployer de nouveaux serveurs Unix. Cette proportion n’est que de 36,8% dans le cas de Windows.

Parmi les raisons amenant au renouvellement de serveurs, les entreprises évoque notamment la réduction de la consommation énergétique dans leur datacenter, des projets d’externalisation en cours, des projets de consolidation, des projets de migration de plates-formes et déploiement d’infrastructure de cloud (privé).

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