Les salariés IT redescendent dans les rues de province

Que ce soit à Rennes, à Bordeaux, Marseille, ou encore Tours, des salariés de l’informatique, des services, de l’électronique ou encore de la recherche, sont déjà descendus dans la rue, ce jeudi 19 mars au matin, avec un niveau de mobilisation annonciateur d’une forte présence dans le cortège parisien de cet après-midi.

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La mobilisation provinciale de ce matin, pour cette importante journée de revendication sociale du jeudi 19 mars, pourrait être annonciatrice d’un important rassemblement à Paris, dans l’après-midi. Des principales villes de France remonte la même tendance : il y a aujourd’hui plus de monde dans les rues que le 29 janvier dernier.

A Rennes, on comptait quelques 20 000 personnes à la mi-journée. A Marseille l'ampleur des manifestations a pris de court les organisateurs et la police qui ont du improviser un second parcours et scinder en deux la manifestation afin de désengorger le trajet initialement prévu.

p10http://beta.lemagit.fr/wp-content/uploads/2011/02/cv2ith5w73kt5chtwabspgwhwmdqwoqw.jpgSelon les syndicats ce sont pas moins de 300 000 à 320 000 manifestants qui auraient défilé dans la capitale phocéenne (alors que les sources policières évoquent un chiffre de 80 000, qui parait bien improbable tant l'affluence était grande ce matin dans les rues). En tête de cortège, on aura noté la présence en nombre des salariés du secteur microélectronique, et notamment Atmel et ST Microelectronics. Le premier a annoncé la mise en vente de son site de Rousset et à défaut de repreneur sa fermeture pure et simple avec à la clé 1300 suppressions d'emplois dans le pire scénario. Coïncidence ou pas, les syndicats et la direction ont annoncé aujourd'hui avoir trouvé un accord qui portera la prime de départ des salariés concernés par une éventuelle fermeture à près de 34 000 € et l'indeminté de licenciement à 1,4 mois de salaire brut par année d'ancienneté. Le site de Rousset ferait toutefois l'objet de plusieurs offres de reprise. On notait aussi dans les cortèges une forte présence des salariés de ST Microelectronics - qui dispose aussi d'un site à Rousset-, venus contester les mesures de chômage technique récentes mais également apporter leur soutien aux salariés d'Atmel. 

p10http://beta.lemagit.fr/wp-content/uploads/2011/02/ut6zf4gt67vgvg4gv7rlul2inys2dyvg.jpgDu côté des SSII, la présence était moins visible, sans doute aussi parce que les effectifs SSII en périphérie de Marseille ne sont guère significatifs, du moins comparés aux effectifs de l'autre grande zone technologique régionale, Sophia Antipolis. On comptait ainsi ce matin une dizaine de grévistes sur la centaine de salariés du site Logica d'Aix-en-Provence et une poignée de gréviste chez EDS ou BT Infrastructures critiques à Aix-en-provence. De sources syndicales, on notait aussi la présence de salariés de SSII de tailles plus petites. Une présence modeste, mais finalement à la mesure du tissu informatique local. Il est à noter que les syndicats s'attendent à une présence bien plus conséquente cet après-midi à Nice, avec notamment un fort contingent de salariés venant du site Atos de Sophia, la présence de salariés de Steria, Sopra,  GFI, HP et France Telecom, sans parler des salariés de Texas Instruments, récemment frappés par un plan de licenciements sur le site de l'Américain à Villeneuve-Loubet (sur la zone de Sophia également)

A Bordeaux, les syndicats attendent plus de 70 000 personnes, avec une forte présence des salariés d’EDF, de La Poste, de Ford, mais aussi du géant de l’électronique Sony dont une centaine de collaborateurs sont attendus.

Dans la ville de Tours, la police attendait une mobilisation de grande ampleur. Avec un cortège d’environ 1,5 km de long en milieu de matinée, la mobilisation attendue semble au rendez-vous. La manifestation du 29 janvier avait réuni entre 10 000 et 20 000 personnes ; ce chiffre pourrait avoir été dépassé.

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p10http://beta.lemagit.fr/wp-content/uploads/2011/03/ymmrtzy3c76pmiwimeyutdwugni2h7d6.jpgDans un cortège largement hétéroclite, comme un peu partout en France, on trouvait des salariés du CEA – une cinquantaine –, de Gemalto, mais aussi et bien sûr de STMicroelectronics – une vingtaine. Chez Gemalto, la situation est plutôt bonne, avec notamment le projet d’implantation d’un centre de calcul à Chambray-lès-Tours : la présence dans le cortège se justifie principalement par la solidarité. Mais chez STMicroelectronics, la situation est tendue. Le délégué CFDT de l’entreprise, sur le site de Tours, fait état de la mise au chômage partiel annoncée de l’ensemble des 1500 salariés du site, une semaine par mois, à compter du mois d’avril : pendant ce temps-là, le site sera donc intégralement arrêté. Le tout assorti d’une visibilité limitée à 3 mois sur la stratégie de l’entreprise : « nous sommes indemnisés conformément à la loi, pour le chômage partiel, mais nous aurions aimé que l’entreprise aille au-delà […] Cela a des répercutions sur le pouvoir d’achat, des répercutions sociales. » Dans se contexte, pourquoi la mobilisation n’est-elle pas plus grande ? « En 2005, on a tenté des opérations de grève, de débrayages, mais la direction s’est montrée très ferme. Il y a, parmi les salariés, un sentiment d’impuissance, » conclut le syndicaliste.

A Blois, où le cortège doit s’ébranler vers 14h30, la représentante CFDT d’Atos Origin attend une dizaine de collègues. Localement, il s’agit de protéger le site mais aussi celui, plus récent, de Tours, dont l’extension à 50 personnes – contre 15 aujourd’hui – prévue il y a encore un an, semble aujourd’hui repoussée aux calendes grecques. 

Par nos correspondants locaux.

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