Hitachi affiche ses ambitions dans le stockage milieu de gamme avec ses baies unifiées HUS

Avec ses baies de stockage unifiées Hitachi Unified Storage de la série 100 (HUS 100), le géant japonais du stockage propose une alternative crédible aux systèmes unifiés d'EMC et NetApp. De quoi lui permettre, enfin, de décoller sur le marché du stockage de milieu de gamme.

Reconnu pour ses baies de stockage haut de gamme mais aussi pour ses systèmes de gestion de contenu, Hitachi n’a jamais réussi à percer sur le marché du stockage de milieu de gamme. Sa dernière incursion sur ce marché, avec les baies AMS, est ainsi loin d’avoir marqué les esprits, malgré d’indéniables qualités techniques. Le constructeur japonais n’a ainsi jamais vraiment dépassé la barre des 3 % de parts de marché sur ce segment. Les choses pourraient toutefois changer avec l’arrivée de la nouvelle ligne de baies de stockage milieu de gamme du constructeur les baies Hitachi HUS 100 (pour Hitachi Unified Storage).

Avec ses baies AMS, Hitachi s’était contenté d’offrir un stockage en mode bloc quand ses deux principaux concurrents, NetApp et EMC pariaient sur le stockage unifié. Un choix malheureux qui n’est sans doute pas pour rien dans l’inaptitude des baies AMS à percer sur le marché. Autre problème, l’écosystème de partenaires et distributeurs du constructeur reste plus restreint que celui de NetApp et EMC et limite donc la distribution de ses baies – un problème qu’Hitachi devra résoudre avec les baies HUS.


Une partie bloc qui tire parti de l’expérience des baies AMS

A l’occasion du lancement de la gamme HUS 100 à Munich, Hitachi a présenté trois nouvelles baies unifiées, les HUS 110, 130 et 150. Ces baies sont des baies à deux contrôleurs en mode actif/actif. Le module contrôleur des deux premiers modèles est au format 2U, celui du HUS 150 est au format 3U.

Selon Bob Plumridge, le CTO d’Hitachi Data Systems, chaque contrôleur est motorisé par une puce Xeon bi-cœur, épaulé par un ASIC spécifique à Hitachi qui gère les opérations d’entrées/sorties vers les serveurs ainsi que les opérations Raid vers les disques. Cet ASIC est associé à son propre cache NVRAM et à 16 Go de cache DDR3 (dans le HUS 150, moins dans le HUS 110 et le HUS 130), soit bien plus que les 3,5 Go connectés au Xeon. Plumridge explique également que les baies HUS ont hérité d’une large partie du code de leurs prédécesseurs, les AMS, ce qui leur permet dès le départ de bénéficier des fonctions avancées de provisioning, de tiering de données ainsi que de l’intégration avec la plupart des grands environnements logiciels du moment dont VMware vSphere (toutes les fonctions VAAI et VMware SRM, par exemple, sont supportées). Les baies HUS héritent aussi de la capacité active/active des baies AMS avec notamment le bénéfice qu’aucun contrôleur n’a un contrôle prioritaire sur un LUN. Ce qui permet notamment de distribuer les I/O entre les deux contrôleurs sans avoir à recourir à un logiciel de gestion multipath (par comparaison dans une baie VNX, un LUN est affecté par défaut à un contrôleur ou « datamover »).

Les différentes baies HUS se distinguent tout d’abord par la performance des puces Xeon installées mais aussi par le nombre de liens SAS en back-end pour la connexion aux disques. Avec ses 8 liens SAS, le HUS 110 supporte un maximum de 120 disques (SSD ou disques durs SAS) répartis dans des tiroirs de 2U (contenant selon les modèles 24 disques 2,5 pouces ou 12 disques 3,5 pouces). Avec ses 16 liens, le HUS 130 supporte quant à lui jusqu’à 264 disques tandis que le HUS 150 en supporte 960 (soit un maximum de 2,8 Po).

En entrée de gamme, le HUS 110 embarque 8 Go de cache (4 Go par contrôleur). Il sait gérer un nombre maximal de 50 groupes RAID et de 2 048 LUNs (d’une taille maximale de 128 To). Le HUS 130 embarque de son côté 16 Go de cache, gère jusqu’à 75 groupes RAID et 4 096 LUNs. Enfin le HUS 150 est équipé de 32 Go de cache, gère 200 groupes RAID et 4 096 LUNs. Chaque volume logique peut être protégé par un maximum de 1 024 clichés instantanés (ou snapshots), avec un maximum de 100 000 snapshots par système.

Des fonctions NAS d’origine BlueArc

Si la partie bloc est finalement classique pour une baie Hitachi, la partie NAS est loin de ce que le constructeur avait initialement prévu, ce qui explique sans doute ce lancement tardif par rapport à ce qui était attendu à l’origine. Pour la partie fichiers, Hitachi a en effet abandonné en cours de route son développement initial, basé sur son propre code NAS, au profit de contrôleurs BlueArc – son ex-partenaire OEM racheté en septembre 2011.

Ce choix permet au constructeur de doper ses baies unifiées d’une technologie NAS avancée, reconnue et réputée. Comme EMC avec ses VNX, Hitachi a fait le choix de séparer techniquement la partie NAS de la partie SAN, ce qui permet de dimensionner les deux fonctions Séparément. Cette approche est certes moins « unifiée » que celle de NetApp mais elle présente aussi des avantages comme on le verra plus loin, d’autant qu’Hitachi a, comme EMC, masqué la dualité des baies HUS par une interface d’administration unifiée.

Dans la pratique, les baies HUS 110 et 130 peuvent se voir adjoindre jusqu’à deux têtes HNAS 3080, insérées dans un tiroir rack 3U. Le HUS 150 accepte, quant à lui, entre une et quatre têtes NAS basées sur le contrôleur HNAS 3090, plus performant.

L’adjonction de contrôleurs NAS de technologie BlueArc aux baies HUS, permet à Hitachi de disposer d’un argument de taille face à ses concurrents dans la mesure où ces contrôleurs sont renommés pour leurs performances mais aussi pour leurs fonctions avancées notamment en matière de gestion d’espace de nommage unique, de tiering de fichiers et de stockage objet. Autant de fonctions qui font largement défaut aux baies EMC VNX et aux baies NetApp (en l’absence de l’activation des fonctions de cluster d’OnTap).

Notons que les fonctions de stockage objet fournis par les contrôleurs BlueArc des baies sont exploitées par le logiciel HDS Data Discovery d’Hitachi, qui permet d’effectuer des recherches avancées dans les données mais aussi les métadonnées des objets. Un interfaçage intéressant dans la mesure où une entreprise qui disposerait déjà d’un système de gestion de contenu HCP peut ainsi utiliser le même outil pour effectuer des recherches dans l’ensemble de son stockage.

Des performances en forte hausse
Selon des tests menés par Josh Krisher & Associates avec des disques SAS 10 000 tr/mn, les performances des baies HUS sont en nette hausse par rapport à celles des baies AMS. Une baie HUS 150 affiche ainsi des performances en écriture aléatoire (mesurées en IOPS) en hausse de 43 % (à env. 20 300 IOPS) et un débit en lecture séquentielle en progression de 176 % en Raid 5). Avec une application effectuant 50 % de lectures séquentielles et 50 % d’écritures, les débits sont en hausse de 221 %. Tandis qu’une application effectuant des écritures séquentielles enregistre un débit en hausse de 98 %
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Une interface d’administration unifiée

Comme IBM et EMC, Hitachi est engagé dans un vaste chantier d’unification de ses interfaces d’administration et ce chantier a fait un pas de plus avec le lancement des baies HUS. Ces dernières sont en effet pilotées par l’interface Hitachi Command Suite v7 (déjà mise en œuvre pour les baies VSP), que ce soit pour leurs fonctions en mode bloc, en mode fichiers ou en mode objet.  A l’instar d’Unisphere pour les baies VNX, Hitachi Command Suite a pour mission de masquer la nature technique duale des baies HUS. L’utilisateur a donc l’impression de disposer d’une vraie baie unifiée, même si les différentes fonctions restent, techniquement, séparées.

À ce propos, si les fonctions FC relèvent clairement de la partie bloc et les fonctions NAS clairement de la partie NAS, les services iSCSI peuvent être indifféremment fournis par les deux types de contrôleurs. Notre préférence irait de fait à la partie BlueArc, du fait des fonctions avancées de réplication et de clonage de fichiers (qui s’appliquent aux volumes iSCSI gérés par les HNAS) de ces contrôleurs mais les clients qui n’opteront que pour la partie bloc des baies HUS (il est possible de n’acheter que la partie SAN) apprécieront de leur côté de disposer d’accès iSCSI et FC en standard.

Les baies HUS seront disponibles d’ici la fin mai à partir de 22 700 $ pour un système HUS 110 avec un minimum de disques, mais sans la partie NAS. Le même système avec des capacités NAS sera vendu à partir de 52 000 $ avec trois ans de support et de maintenance logicielle.

Selon Hitachi, une baie NAS d'entrée de gamme devrait venir s'ajouter à la gamme HUS sans doute dans le courant de l'été. L'objectif, d'après ce que laissaient entendre les responsables de la firme à Munich, est de proposer une solution aux environs de 10 000$. A ce prix, on voit mal Hitachi proposer un contrôleur BlueArc. Et il faudrait sans doute un assez gros travail d'ingénierie logicielle pour éliminer les ASIC des baies HUS et "émuler" leurs fonctionnalités afin d'abaisser les prix d'une baie HUS (sans compter l'impact que cela aurait sur les performances). Hitachi évoque en fait une nouvelle plate-forme, baptisée "Platform F", sans en préciser les contours. Il pourrait en fait s'agir de la première incarnation, sous bannière Hitachi, de la technologie de Parascale (acquis par le Japonais en août 2010). Un mini-cluster à deux noeuds, équipé de la technologie de Parascale, pourrait ainsi faire une baie NAS économique et ouvrir la voie à des systèmes bien plus ambitieux. Avant son rachat, Parascale parlait en effet de systèmes en cluster à plus de 100 noeuds, de quoi offrir une alternative à des offres comme EMC Isilon ou à des technologies comme Gluster, par exemple...

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