Birst Inc.

Qu’est-ce que Birst ?

La plateforme de BI Cloud rachetée par Infor, mais qui reste indépendante, débarque en France. Son créateur, Brad Peters, explique ce qui, selon lui, la différencie de SAP, Oracle, MicroStrategy, Qlik, Tableau et PowerBI.

Birst est une plateforme analytique Cloud. Classée par le Gartner dans son Magic Quadrant de la BI, l’entreprise a été rachetée par Infor et débarque depuis quelques semaines en France.

« Birst est une plateforme, nous nous connectons aux données générées par d’autres applications pour examiner les processus, prendre des décisions, regrouper ces processus et obtenir de la visibilité sur des questions données », explique Brad Peters, le fondateur de Birst dans un entretien au MagIT lors de son récent passage à Paris.

Une Infor Company

Le rachat par, Infor le petit Oracle de Manhattan, pourrait poser un problème à cette position de brique analytique agnostique.

« En fait, Infor était client de Birst depuis quatre ans. Environ 30% de notre clientèle est constituée d'autres éditeurs de logiciels (NDR : comme Trimble ou Coupa) qui intègrent Birst dans leurs solutions. […] A ma connaissance il n’y en a qu’un dont une partie de son activité pourrait être un peu en concurrence avec Infor. Donc, non, dans la globalité, nous n’avons pas eu de problème avec notre acquisition ».

Au contraire, d’après celui qui est désormais officiellement le SVP & GM Analytics & BI d’Infor, le rachat va permettre de concrétiser le potentiel de la société qu’il a créée.

« Il y a toujours eu une synergie entre le transactionnel et l’analytique. SAP a acheté Business Objects. Microsoft a ses propres lignes de produits. Oracle a Oracle BI… qui a d’ailleurs été sous ma responsabilité par le passé […] Pour Infor, l'analytique est aussi au cœur de la stratégie. Et c’est pour cela que Birst est devenu une brique centrale pour Infor ». La force de vente et la base de 90.000 clients de l'éditeur d'ERP devrait au final accélérer le développement de Birst. « Il est plus facile de dialoguer avec un client qu'on connait déjà que de débuter une toute nouvelle relation».

Birst, toujours indépendant

Bien que l’éditeur de BI soit désormais sous pavillon Infor, il reste entièrement indépendant. « Mon travail est de continuer à faire de Birst la meilleure solution analytique possible, y compris pour les clients non-Infor. Infor est un de nos 120 clients, il est juste beaucoup plus gros ».

Brad Peters gère donc une BU séparée du reste du groupe. C’est une exception pour Infor qui a plus l’habitude d’intégrer totalement ses rachats. « Mais Birst n'est pas une application. Nous sommes une plateforme. Nous n'avons pas de données nous-mêmes. Nous nous appuyons sur d'autres applications. Il était donc logique de nous garder séparés […] Bien sûr, nous avons fait quelques ajustements pour être très étroitement intégrés aux solutions d’Infor. Il y a des équipes chez Infor qui prennent Birst et qui l’utilisent pour mettre de l’analytique dans toutes ses applications. Mais ce n'est pas ma responsabilité. On les aide, mais ma mission c’est vraiment de continuer à participer à un marché qui n’est pas celui d’Infor. Comme nous sommes horizontaux, nous pouvons aller voir n'importe quel client ».

Brad Peters rend d’ailleurs directement des comptes au PDG d’Infor, Charles Philips. « Il l’a voulu comme cela dès le départ ».

Une des raisons de cette indépendance est également de permettre à l’éditeur d’ERP d’aller chasser sur les terres de ses concurrents directs. « Infor a une approche assez agnostique avec ses clients. D'autres grands fournisseurs d’ERP vous disent que vous devez tout prendre chez eux. Infor dit plutôt "vous savez quoi? Si vous avez SAP ou Oracle, nous pouvons maintenant nous positionner au milieu de tout cela et rassembler toutes vos données pour que vous puissiez avoir une vision transverse de toutes vos applications" ».

Birst vs BusinessObject & Qlik/Tableau

Birst se positionne à la fois comme un concurrent des historiques (BusinessObject, Cognos, MicroStrategy) et de la « Modern BI » (Qlik, Tableau).

Tout comme la BI « traditionnelle », qui centralise l’analytique et qui la diffuse dans une optique top-down, Birst a une vision qui englobe la DSI. « Mais nous automatisons beaucoup de choses et nous sommes end-to-end », affirme son responsable. « BIRST intègre par exemple son propre ETL et ne demande pas d’utiliser d’autres briques d’autres éditeurs comme Informatica ».

Le problème de cette première vague de BI a été sa rigidité qui a permis à la BI en self-service de séduire les utilisateurs métiers. Ce qui a en contrepartie récréer des sillos d’information (chaque métier utilisant ses propres jeu de données et génère ses propres rapport).

« Typiquement, vous trouvez un peu des deux BI dans les entreprises. Et cela créer des conflits entre l’IT et les métiers. Nous, nous essayons d'apporter les deux, parce que les deux sont nécessaires. À notre avis, ce n'est pas l'un ou l'autre. C'est les deux à la fois ».

Birst propose donc un client « simplifié » mais connecte cette BI en self-service avec le backend de l'entreprise.

« Ce que les gens ont tendance à faire avec un BusinessObjects, c'est de cliquer sur le bouton "exportation", de prendre le fichier, puis de construire un silo avec. Avec Birst, vous avez les deux fonctionnalités au même endroit. Au lieu d'exporter les données et de les fusionner avec votre feuille de calcul, vous pouvez uploader votre feuille Excel dans Birst et l'associer aux données qui s' y trouvent ».

Féroce avec Qlik et Tableau (et Spotifre), le fondateur de Birst souligne l'absence de vraie version de ces éditeurs. Pour lui, ils proposent « des endroits où, assez basiquement, vous publiez des rapports. C’est une sorte de YouTube du rapport en quelque sorte [...] Il n' y a pas de consistance des données, aucune réutilisation possible, aucun modèle de données commun. Il n' y a pas non plus de préparation des données, ni d'infrastructure de données commune », critique Brad Peters.

Quant à SAP, et Oracle, le virage vers la BI Cloud semble surtout ouvrir la porte à des alternatives concurrentes. « Oracle et SAP ont essayé à plusieurs reprises. SAP dit qu'ils vont avoir une offre BusinessObjects Cloud, qui est une toute nouvelle plate-forme (NDR : indépendante de BusinessObjects sur site). On sait très bien ce qui se passe après qu’ils disent qu’ils vont sortir la première version et que tout fonctionnera immédiatement pour le client. Il y a une certaine fatigue qui s’installe. Et c’est la même chose avec Oracle ».

Birst vs MicroStrategy & PowerBI

L’argumentaire fait assez penser à celui de MicroStrategy. Brad Peters ne le nie d’ailleurs pas. « MicroStrategy n'est pas une société stupide. Ils sont là depuis longtemps. Nous sommes tous les deux d'accord pour dire que la gouvernance est une bonne chose et qu'il est aussi bon d'avoir la perspective de l'utilisateur final ».

Mais pour le dirigeant de Birst, « il y a certaines choses fondamentales qui leur manquent » comme une infrastructure complète de gestion des données.

Quant au Cloud, « leur stratégie est douloureuse, recommencée plusieurs fois. […] Et ils ne sont pas multi-tenant ».

Pour lui, cette limitation est rédhibitoire. Elle implique qu’il ne peut pas y avoir deux instances qui cohabitent (une pour l’IT et une pour les métiers par exemple). « Lorsque vous utilisez leurs composants Desktop et que vous publiez, c'est exactement comme avec Tableau. Parce que c'est un produit single-tenant, cette différence fondamentale d'architecture signifie, quoi qu’ils en disent, que si quelqu'un utilise le client Desktop sur le modèle de données de l'entreprise, il le change et tout le monde l’a ».

Autre différence, le fait d’être né dans le Cloud permettrait à Birst de mieux s’intégrer dans des existants hybrides.

PowerBI est lui aussi né dans le Cloud. L’offre de Microsoft est de plus en plus populaire, et complète. Pour Brad Peters, l'outil de Microsoft - plus « Front-end » - serait complémentaire. «Birst peut se connecter à Power BI. Notre offre est différente, elle va au-delà avec une couche sémantique »

Birst, l’AI et l’importance de la couche sémantique

Le nouvel outil d’Infor suit aujourd’hui la tendance décrite par Gartner : l’AI infuse de plus en plus ses fonctionnalités.

Elle génère par exemple automatiquement des Dashbords en fonction des données ingérées. Il est également possible de requêter en langage naturel.

En amont, « le système peut explorer des données pour vous, créer et identifier des analyses utiles sans que vous n'ayez à parcourir vous-même un tas de visualisations ».

« Mais ce qui est important, à mon avis, c'est que la puissance [de l'AI dans la BI] dépend de la couche sémantique que vous utilisez ».

L’AI et le « Smart » sont au coeur du développement de la solution.

« Cette idée d'automatiser les processus analytiques a été notre différenciateur fondamental depuis le tout début. Automatiser l’analyse d’une seule feuille de calcul, tout le monde peut le faire. Mais nos clients ont des centaines de tables. Et s'il était aussi difficile d'utiliser Birst que d'utiliser Informatica + MicroStrategy, nous n’aurions pas ajouté beaucoup de valeur ».

Plusieurs domaines devraient en bénéficier, comme la préparation des données. « Un utilisateur peut spécifier son besoin analytique, et Birst va configurer l’ETL sous-jacent pour répondre au besoin formulé ».

BIRST prévoit par ailleurs des packages de Machine Learning pré-configurés pour déployer ces algorithmes facilement dans des cas identifiés (par exemple le scoring de leads dans le cas d’analytique appliquée à des données CRM).

L’éditeur travaille également à infuser l’AI dans les processus de Data Discovery. « C'est l'idée de demander à la machine d'étudier les données pour vous et de vous proposer les enseignements appropriées ».

Idem pour les rapports. « Imaginez qu'un analyste rédige un rapport et qu'une fois le rapport publié, il y ait une intelligence qui le personnalise pour chacune des 1000 à qui il est destiné. Nous travaillons à dessus. »

Les options de déploiement de Birst

Birst est une solution SaaS. Mais elle peut aussi être utilisée sur site.

Plusieurs options sont disponibles. La première consiste à installer un agent en local. « Avec ce que nous appelons le “live access”, nous faisons des requêtes en temps réel depuis le Cloud sur les données sur site. Vous ne les bougez pas de votre datacenter ».

La deuxième option est celle de l’appliance à installer dans son datacenter. « Vous avez votre propre instance de Cloud privé multi-tenant ». Mais dans ce cas, Birst ne s’occupe pas de la maintenance. « C’est la grosse différence. Si c’est dans votre Cloud, vous avez la main ».

Dans la continuité de cette option appliance, il est possible de virtualiser Birst (plus exactement la couche logicielle de l’appliance) sur le Cloud et/ou la VM de son choix. L’éditeur propose même des Amazon Machine Images.

« Si vous voulez qu'on fasse tourner Birst pour vous, on le fait dans un de nos datacenters. Mais si vous voulez l’exécuter vous même, vous pouvez le faire dans n'importe quel Cloud (Azure, AWS, Softlayer, etc.). Vous pouvez l'exécuter dans VMWare. Vous pouvez utiliser Citrix. Vous pouvez utiliser ce que vous voulez », résume Brad Peters.

Birst en France

« En France, la concurrence est principalement avec BusinessObjects. Nous voyons aussi beaucoup de Tableau et de Qlik. Et de plus en plus, Power BI », constate Eric Delattre, le tout premier Directeur de Birst pour la France et l'Europe du Sud

« Localement, nous en sommes au tout début. Je suis arrivé il y a six mois, et aujourd’hui nous sommes une équipe de huit personnes »

Eric Delattre a passé les 4 dernières années chez SAP où il était responsable de l'équipe Business Analytics. Il a occupé le même poste chez IBM pendant les 5 années qui ont suivi l'acquisition de Cognos. Avant l'acquisition, il a été Directeur Général de Cognos en France pendant 2 ans.

Pour 2018, sa priorité pour Birst en France est « de gagner en notoriété ».

Pour approfondir sur Outils décisionnels et analytiques

Close