Retrait de la bourse de Dell : le bras de fer continue avec Carl Icahn

C’est un énième rebondissement dans ce qui pourrait bien devenir le feuilleton de l’année dans l’industrie IT. Plusieurs semaines après que Michael Dell a proposé de racheter les actions de son groupe, deux de ses principaux actionnaires, Carl Icahn et Southeastern Asset Management, ont proposé une offre concurrente.

Après quelques semaines de rumeurs, l’information tombait, début février : Michael Dell et le fonds Silver Lake proposaient aux actionnaires de Dell de racheter leurs actions pour 13,65 $ par titre. Les deux partenaires entendaient ainsi retirer du marché l’ensemble des titres du groupe non détenus déjà par son fondateur et certains de ses dirigeants dans le cadre d’une opération valorisée à 24,4 Md$. Pour Michael Dell, l’opération avait un objectif simple : permettre à sa firme de mieux se concentrer sur sa stratégie de recentrage sur le marché des entreprises (sous entendu, sans la pression imposée par les marchés). Plus tôt, début décembre 2012, le fondateur du groupe avait d’ailleurs pris soin de défendre cette stratégie de recentrage. Un effort d’autant plus important que celle-ci n’a pas, jusqu’ici, véritablement convaincu les investisseurs. Dans cette perspective, on comprend mieux que la société, en quittant les marchés boursiers, espère échapper à leur pression «court-termiste», focalisés qu’ils sont sur les résultats trimestriels: «ils pourront faire ce qu’ils souhaitent loin de la curiosité de Wall Street et de la SEC »,  expliquait récemment Patrick Moorhead, analyste chez Moor Insight & Strategy, dans la presse américaine. Et ce dernier de souligner en outre que cette opacité regagnée rendrait «plus difficile l’interprétation de leur stratégie par leurs concurrents ». 

Le bras de fer de Carl Icahn 

Mais voilà, Carl Icahn, l’un des principaux actionnaires du groupe ne l’entend pas de cette oreille. Ecartant début mars le plan mis en place par Michael Dell, il a commencé par proposer aux actionnaires une recapitalisation du groupe, à hauteur de 9 dollars par action. Dans sa lutte contre le projet de sortie des marchés boursiers, il a été rejoint, fin mars, par Southeastern Asser Management, second plus gros actionnaire du groupe. Le fonds Blackstone les a un temps ralliés avant de se rétracter. Un dernier mouvement justifié par un déclin croissant du marché des ordinateurs personnels et des doutes sur la solidité financière de l’entreprise. De quoi presque lire, entre les lignes, une validation de la stratégie de Michael Dell qui prend justement acte du dit déclin pour motiver un recentrage sur le marché entreprises. 

Mais la détermination de Carl Icahn ne semble pas fléchir. En fin de semaine dernière, l’investisseur a adressé une nouvelle proposition au Conseil d’administration de Dell. Il suggère deux options pour les actionnaires : obtenir 12 $ en numéraire pour chacune de leurs actions et même, s’ils le veulent... sans les céder. Car, pour Icahn et Southeastern, l’offre de Michael Dell n’est pas assez généreuse. Une opération qui couterait rien moins que 21 Md$. Et tant pis si le comité spécial chargé d’étudier ces offres au sein du conseil d’administration du groupe estimait, jusqu’ici, qu’il serait trop risqué de rester sur les marchés ou de se recapitaliser par levier - à savoir, en s’endettant pour verser un important dividende aux investisseurs. 

Ce comité vient donc de demander à Carl Icahn et à son allié Southeastern Asset Management des informations complémentaires sur leur proposition, estimant qu’il n’était pas clair s’il s’agissait «d’une proposition d’achat effective» ou d’une alternative en cas de rejet de la proposition de rachat de Michael Dell et Silver Lake Partners.

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