Michelin : les dessous techniques du projet de pneus connectés

Le chef du projet Tire Care chez Michelin a apporté des précisions sur la manière dont les pneus sont tracés et analysés, ainsi que sur l’infrastructure globale de cette offre dans l’air du temps placée sous le signe de de l’IoT.

Michelin s’est lancé cette année dans l’Internet des Pneus. Au moment de l’annonce française du projet, la dimension technique (puces, transmission, back-end, etc.) avait été survolée au profit du potentiel de transformation numérique qu’il impliquait – aussi bien pour les flottes de camions clientes (qui économisent en optimisant les kilomètres parcourus par un pneu) que pour l’entreprise du Bimbendum.

Dans un entretien avec LeMagIT, Christophe Peysson, Chef de Projet de Michelin Tire Care, a apporté des précisions sur les dessous de ces pneus de nouvelles générations.

LeMagIT : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ces « pneus connectés ». Reposent-ils sur des capteurs ou sur une puces RFID ?

Christophe PEYSSON : Les offres TireLog et iCheck (NDR : les deux offres de Michelin qui ciblent des tailles de transporteurs différentes) ne nécessitent pas de capteur particulier.

Il y a 2 éléments techniques importants mis en œuvre dans l'offre iManage (NDR : qui gère les informations du pneu) pour faciliter et "fiabiliser" les prises d'informations :

Premièrement, le RFID. Une puce RFID est noyée dans le pneu. Elle permet une identification rapide et sûre du pneu tout au long de son cycle de vie vue qu’elle contient un code unique et standardisé. Ce code permet de connaître l'article mais aussi le numéro de série. Il ouvre ainsi la voie à un suivi individualisé et précis de tous les pneumatiques. C'est la clef d'un bon suivi et d'une bonne gestion.

Cette technologie RFID est éprouvée est largement utilisée dans d'autres industries, pour la gestion des actifs notamment. Elle a néanmoins nécessité une adaptation pour pouvoir supporter les contraintes spécifiques du pneu (cuisson au moment de sa fabrication, contraintes mécaniques, durée de vie, etc.).

Pour les pneus non équipés, il existe une autre possibilité qui consiste à coller un "patch" qui contient une puce RFID. Le signal issu de la puce est alors lu avec un lecteur bluetooth qui communique avec l'iManageApp installée sur un téléphone.

LeMagIT : Et le deuxième élément ?

Christophe PEYSSON : C’est le TPMS (Tyre Pressure Monitoring Sensor ou capteur de pression). Il est, dans le cas de l'offre iManage, monté sur la jante et est associé à la puce RFID. Ce capteur peut ensuite relayer l'identification et fournir la pression et la température.

LeMagIT : Un pneu connecté est-il plus cher qu’un pneu « traditionnel » ?

Christophe PEYSSON : Les pneus MICHELIN X INCITY 275/70 R 22.5 sont déjà équipés de puce RFID depuis mars 2013. C'est une caractéristique intrinsèque du pneumatique et il n'y a pas de facturation supplémentaire liée à la RFID. La majorité des pneus MICHELIN Poids Lourds seront équipés de puce RFID d'ici la fin de l'année 2016.

L'équipement TPMS, quant à lui, reste une option pour pouvoir utiliser l'offre. Le prix de l'équipement TPMS est à la charge du client.

LeMagIT : Comment se fait la récupération et la transmission des données générées par le pneu ?

Christophe PEYSSON : Nous interrogeons actuellement le capteur TPMS avec un lecteur bluetooth, relié à un smartphone via notre application iManageApp fournie dans l'offre iManage. Cela présente un très bon équilibre coûts des équipements / rapidité de mise en œuvre et des prises de mesures. Mais d'autres solutions viendront pour proposer d'autres alternatives à nos clients.

Les informations du pneu sont collectées dans les magasins, les ateliers ou autour des véhicules par les personnels du client. Puis elles sont relayées, toujours par l'application iManageApp pour être envoyées (via Wifi ou 3G) à notre centre de données où elles sont traitées et stockées.

Cela permet de générer les états et les rapports sur notre portail MICHELIN MyAccount. Et le cas échéant d'envoyer des alertes immédiatement au gestionnaire de flotte ou au chef d'atelier par exemple.

LeMagIT : Le service Michelin Tire Care est-il facturé sur un modèle de Pay as you Drive ?

Christophe PEYSSON : Le service TireLog est gratuit. Les offres iCheck et iManage sont facturées sous forme d'abonnement mensuel. Les prix dépendent de l'offre et de la configuration souhaitée par le client et du nombre de véhicules gérés. Mais ramené au véhicule, cela revient entre 1 et 9 € avec des gains au moins 4 fois supérieurs.

LeMagIT : Dernière question, qu’y a-t-il côté back-end ?

Christophe PEYSSON : L'infrastructure du projet est construite principalement sur une offre de Virtual Private Cloud (NDR : un Cloud privé qui s’appuie sur une infra de Cloud public) également en lien avec des infrastructures datacenter classique.

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