En Inde, les grands occidentaux de l’IT soignent leurs salariés

Probablement de quoi donner d’importantes migraines à tous les responsables syndicaux : certaines mesures de réduction des coûts, et notamment chez HP, décidées pour l’occident ne concernent pas l’Inde. Chez IBM, des augmentations de salaires conséquentes sont prévues.

HP l’a annoncé fin mai : d’ici à 2014, le groupe prévoit de se séparer de 8 % de ses effectifs, soit 27 000 collaborateurs. Une mesure qui lui permettrait d’économiser entre 3 et 3,5 milliards de dollars en année pleine. En France, ce projet devrait se traduire par quelque 520 départs, répartis entre HP France et le centre de compétences France du groupe. Au total, près de 8000 postes pourraient être concernés en Europe. Une austérité à laquelle échappera l’Inde, selon Meg Whitman. Interrogée par nos confrères de l’Economic Times of India, lors d’une visite de trois jours dans le sous-continent, la Pdg de HP a fait part de grandes ambitions dans le pays, jusqu’à prévoir d’y augmenter ses effectifs : «nous ne réduisons pas nos effectifs en Inde. Nous avons annoncé une réduction mondiale de nos effectifs mais l’Inde se sera pas touchée parce que nous n’avons pas seulement toutes nos divisions ici mais aussi notre R&D et notre back office. Nous entendons conserver nos effectifs [en Inde] et, je pense, avec le temps, les augmenter.» Selon nos confrères, HP emploierait plus de 30 000 personnes en Inde sur un total de près de 350 000 employés à travers le monde.

Le cas de HP n’est pas isolé. Il pourrait même être symptomatique d’un mouvement plus large. Plusieurs banques multinationales ont ainsi développé depuis longtemps leurs effectifs en Inde pour renforcer les équipes de centres de BPO captifs locaux; elles doivent désormais travailler à améliorer la supervisions de leurs activités. Dans l’IT, l’importance de l’Inde dans l’équation de la R&D semble aujourd’hui bien établie. Si l’on peut parler là de délocalisation, dans le cas des grands groupes IT - voire d’autres - il s’agit parfois plus de redistribution des effectifs au profit de marchés affichant une croissance et des perspectives plus alléchantes que les économies développées. 

Nos confrères de l’Economic Times of India viennent ainsi d’apprendre qu’IBM a offert des augmentations de salaire plus importantes que la moyenne de l’industrie IT indienne, pour ses effectifs dans le sous-continent. Chez les grands groupes indiens, les augmentations au cours du dernier trimestre ont été de l’ordre de 8 %; chez IBM, il aurait fallu compter entre 10 et 25 %. Un bémol tout de même : Big Blue se serait délesté de 600 à 1000 employés temporaires à l’automne dernier, en raison des incertitudes économiques. Mais un Sony, qui a prévu de supprimer globalement 10 000 emplois dans le monde d’ici la fin 2012 prévoit de recruter 500 personnes en Inde où ses activités se portent bien. L’Inde représenterait son cinquième marché après le Japon, les Etats-Unis, la Chine et le Brésil. Pour son développement dans la région Asie-Pacifique, Software AG a annoncé fin 2011 recruter plus d’une centaine de personnes en Inde. Sans donner de chiffres, SAP avait fait part à l’automne dernier d’intentions comparables. L’éditeur vient d’ailleurs de remporter le marché du SI finances de la marine indienne. Toujours fin 2011, Oracle annonçait 3500 embauches dans le sous-continent où il employait déjà 21 000 personnes. Fin juillet, l’éditeur a assuré que ses ventes se portaient localement très bien, en particulier dans le domaine des applications en mode Cloud et sur les secteurs des télécoms et du voyage.

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