Orange inaugure à Marseille le premier réseau 4G LTE français

Orange a officiellement annoncé l’ouverture de son premier réseau 4G à Marseille à l’occasion d’une conférence organisées aux Docks des Sud en présence de Jean-Claude Gaudin, le maire de la cité phocéenne.

Orange a officiellement inauguré hier le premier réseau 4G français à Marseille en présence des édiles locaux, dont Jean-Claude Gaudin, le premier magistrat de la cité phocéenne, mais aussi de nombreux journalistes de la presse nationale et régionale.

Comme l’a expliqué Stéphane Richard, le PDG de l’opérateur, le déploiement des réseaux 4G a pour but de faire face à l’explosion des usages mobiles. Stéphane Richard a ainsi expliqué que les volumes de données sur le réseau de l’opérateur ont été « multipliés par 68 en 5 ans et le seront encore d’un facteur de 7 d’ici à 2015 ». En permettant d’acheminer des débits près de 10 fois plus élevés que les réseaux actuels, la 4G doit permettre de répondre à cette progression frénétique de la consommation de données, tout en délestant progressivement les réseaux 3G qui, à terme, devraient permettre de transporter l’essentiel du trafic voix dans les villes.

Marseille entièrement couvert en 4G d’ici la rentrée

Ce premier déploiement à Marseille se fait avec des équipements fournis par Alcatel Lucent. « Il est bien que deux grandes entreprises françaises se soient mises ensemble pour apporter cette technologie en France », a sobrement commenté le patron de l’opérateur. Ce déploiement utilise la bande de fréquence des 2,6 GHz et porte sur près de 120 antennes sur les 200 que compte aujourd’hui la cité phocéenne. Les 80 autres stations de base devraient être mises à jour d’ici à la rentrée.

Comme nous l’a expliqué Jean-Luc Vuillemin, le directeur technique réseau et services d’Orange, le choix de la bande des 2,6 GHz n’est pas anodin. Tout d’abord, il a pour but de tester l’efficacité de la technologie en milieu urbain afin d’évaluer la qualité de service aussi bien à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments (plus la fréquence est élevée et plus le signal a du mal à passer les « murs »). À terme, Orange déploiera aussi des stations de base dans la bande des 800 MHz, que ce soit dans Marseille mais aussi dans sa périphérie (on imagine qu'une zone allant de Vitrolles à Toulon en passant par Aix sera rapidement couverte dans le courant 2013). Mais il faudra pour cela régler l'épineuse question des perturbations de la réception TNT par les signaux 4G.

Selon Jean-Luc Vuillemin, le problème vient du fait que la plupart des antennes râteau de TV modernes sont couplées à un amplificateur qui n’a pas été conçu pour filtrer les fréquences 4G dans la bande des 800 MHz (ex-fréquences TV). L’amplification indifférenciée des signaux TV et 4G, se traduit par un parasitage du signal TV et donc par un magnifique écran noir pour certains clients. Non que la bande des 2,6 GHz ne connaisse pas aussi quelques soucis. Les opérateurs évitent ainsi de l’utiliser à proximité des aéroports car une partie des signaux 4G émis dans la bande des 2,6 GHz vient parasiter les installations radar civiles qui ne sont pas équipées des filtres adéquats (un problème qui devrait se régler avec le temps, mais qui pour des raisons évidentes de sécurité est pour l’instant un obstacle au déploiement dans certaines zones).

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Jean-Claude Gaudin (photo), le Sénateur-Maire
de Marseille, s'est félicité de la coopération entre
la ville et Orange et s'est réjoui de voir la cité
phocéenne être la première dotée d'une
couverture 4G.

Interrogé sur le choix de Marseille pour ce premier déploiement, Stéphane Richard a expliqué que l’opérateur disposait dans la capitale du Sud d’une de ses principales UPR (Unité de production réseau), en fait des équipes qui pilotent le développement et la performance des réseaux fixes et mobiles. De plus, a-t-il souligné, Orange avait déjà déployé à Marseille des équipements de test 4G avec Alcatel. « Il était donc logique de prolonger cette expérience par une ouverture en grandeur réelle ».

Le patron de France Télécom a aussi précisé que ce choix de Marseille faisait partie d’une stratégie de reconquête. « On a perdu des positions à Marseille. On a une vraie carte à jouer avec la 4G. » Reste que si les premiers utilisateurs pourront goûter aux joies de la 4G rapidement - à commencer par des clients pilotes comme l'OM, dont les dirigeants étaient présents au lancement - , la commercialisation n’est pas prévue avant début 2013, faute de terminaux supportant les bandes de fréquences 4G européennes (mis à part une tablette Samsung présente en masse lors des démonstrations et un « domino » 4G). Stéphane Richard s’est toutefois dit confiant de voir arriver des terminaux 4G compatibles avec son réseau vers la fin de l’année (ce devrait, par exemple, être le cas du prochain iPhone).

Marseille, Lyon et Toulouse en tête, Paris à la traîne

Orange vise une couverture de 50% de la population française en 4G pour la mi-2014, et compte investir environ 500 M€ par an sur ses infrastructures mobiles. Les prochaines grandes villes couvertes devraient être, après Marseille, Lyon et Nantes. Puis une quinzaine de villes seront couvertes courant 2013. Interrogé par un confrère sur le cas particulier de Paris, où les déploiements sont au point mort du fait des exigences délirantes du conseil de Paris, Stéphane Richard a exprimé le désarroi des opérateurs mobiles face à la position de la Mairie de la capitale.

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Tout en se félicitant du déploiement à
Marseille, Stéphane Richard, le PDG d'Orange,
s'est désolé de la situation à Paris, où les
exigences déraisonnables du Conseil de Paris,
bloquent pour l'instant tout déploiement mobile.

« C’est un sujet compliqué, un peu frustrant, voire, à certains moments, désolant. La capitale est une ville dont la qualité de service mobile se dégrade continuellement. Il y a une sensibilité des responsables parisiens à l’implantation des antennes mobiles sur la ville de Paris, qui rend les choses compliquées. Je ne dis pas que ces débats sont illégitimes, l’ennui est que d’abord il y a une base scientifique la-dessus et que l’on en tient aucun compte. On a toujours dit que l’on était prêt à faire des gestes. Encore faut-il que cela reste raisonnable et que l’on ne tombe pas dans l’absurde ».

Il est vrai que l’on comprend mal les exigences en matière d’émission des édiles parisiens et que l’on voit mal comment il pourront durablement refuser le déploiement de la 4G notamment dans la bande des 800 MHz en arguant de la dangerosité des ondes, d’autant que cela fait plus de 70 ans que cette bande était utilisée pour diffuser de la télévision dans la capitale et à des niveaux de puissance sans commune mesure avec celle des antennes de téléphonie… Pour Stéphane Richard, au rythme actuel de la dégradation de la situation, « les parisiens seront bientôt obligés de descendre dans la rue pour téléphoner, comme les fumeurs ». Et d'indiquer qu'il pourrait en appeler au Maire de Paris pour tenter de débloquer la situation.

Du petit-lait, pour Jean-Claude Gaudin, qui ne s’est pas privé de faire remarquer que sa ville avait fait le pari du développement des nouvelles technologies, citant en vrac les projets NFC de Marseille métropole, mais aussi le développement du pôle de la Belle de mai… Un pari qui vise à renforcer l’attractivité du territoire marseillais pour les entreprises de haute technologie. Au passage, l’édile a fait un appel du pied à Orange pour devenir le sponsor du futur stade vélodrome, un appel du pied accueilli avec bienveillance par Stéphane Richard qui a qualifié la proposition de « sympathique ». Il faudra encore toutefois de longs mois de calvaire aux automobilistes et habitants marseillais avant de voir émerger le futur stade et avant même qu’un nom ne soit accolé à celui qui n’est aujourd’hui que le « Vélodrome ». A supposer que la sympathie de Stéphane Richard se transforme un jour en espèces sonnantes et trébuchantes...

Fibre optique : Stéphane Richard confirme un objectif peu ambitieux de 60% de couverture d'ici 2020

LeMagIT a profité de la présence à Marseille de Stéphane Richard pour le questionner sur le lent déploiement de la fibre optique. LeMagIT a argué du fait que les opérateurs mobiles avaient peu ou prou dépensé près de 20 milliards d’euros en licences au cours des 10 dernières années et investi autant dans la construction de leurs réseaux mobiles. Et ce journaliste d’interroger le patron de France Télécom sur la raison pour laquelle les opérateurs ont des difficultés à réunir les 15 milliards de fonds nécessaires à la couverture de 100% du territoire d’ici 2025 (les autres 15 milliards devant être apportés par l’état et les collectivités).

Pour Stéphane Richard, le plan sur lequel s’est engagé l’opérateur consiste à couvrir 60% des foyers français d’ici 2020 (en clair les 60% d’habitants des grandes agglomérations et villes).

« Il est impossible de comparer les marchés mobile et fixe, explique le patron de l’opérateur. Le mobile est un marché concurrentiel non régulé. On est dans un domaine d’économie concurrentielle. Dans la fibre, c’est plus compliqué. (…) Il y a aussi une différence entre les zones denses et les zones non denses. C’est coûteux d’apporter de la fibre dans les zones moins denses. » Se voulant toutefois optimiste, il a ajouté « qu’il y a des grandes causes nationales où les opérateurs peuvent se retrouver ». Et de rappeler qu’Orange a signé des accords avec tous les opérateurs pour le déploiement de la fibre.

Ce qui ne l'a pas empéché  d'exprimer une certaine rancœur vis à vis du gouvernement passé et des régulateurs : « Était-il raisonnable au moment où l’on demande aux opérateurs d’investir dans la fibre d’introduire un 4e opérateur mobile qui intensifie la concurrence », s’est ainsi interrogé publiquement le patron d’Orange.

Avec Free, le président de France Télécom a des relations "normales"

Questionné par nos confrères de ZDNet sur la concurrence avec Free, Stéphane Richard a expliqué fermement : « On a des relations de concurrence absolue avec Free. La concurrence fait rage, il n’y a pas de doute », ajoutant qu’elle profitait au premier abord aux consommateurs. « La différence » a-t-il ajouté, « est que l’on a signé avec Free un contrat d’itinérance. Free rentre sur le marché avec 25% de couverture et l’itinérance était prévue [par le régulateur, N.D.L.R.]. C’était une itinérance 2G et on y a rajouté la 3G car il était impensable pour Free de mettre sur le marché des offres sans data. On a donc une relation de partenariat sur les réseaux. Cette relation est globalement satisfaisante. Notre objectif est d’être irréprochable dans la délivrance de ce contrat. On est un partenaire loyal ». Et de conclure : « Nos relations avec Free sont…normales. » Le terme est à la mode et a déclenché l’hilarité générale des politiques, dirigeants et journalistes présents dans la salle.

Depuis notre "bureau" de Gémenos, en proche banlieue marseillaise, par Christophe Bardy

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