Cet article fait partie de notre guide: Le Grand Guide de l'OpenWorld 2019

Zurich, dernière étape de l’expansion galopante du cloud Oracle

La flotte des datacenters dédiés au cloud d’Oracle doit totaliser 19 sites d’ici à la fin de l’année. Dernier en date, celui de Zurich qui symbolise la volonté d’héberger les applications critiques.

Oracle a fermement l’intention d’exister sur le marché très disputé du cloud public. Ayant intégralement revu son offre il y a presque trois ans, le fournisseur a depuis redéployé une flotte de datacenters de seconde génération autour de la planète. Avec un rythme qui s’accélère : sur les 16 sites inaugurés depuis 2017, cinq ne le sont que depuis cet été et trois autres devraient encore être ouverts d’ici à la fin de l’année. La dernière implantation physique du Cloud Oracle est située à Zurich, en Suisse, à une fraction de temps d’accès des entreprises françaises. 

« Le datacenter que nous venons tout juste d’ouvrir à Zurich est d’abord destiné aux entreprises suisses ou à celles qui ont des filiales en Suisse et qui doivent respecter des réglementations locales. Les entreprises françaises peuvent y héberger leurs traitements, mais nous les orientons plus généralement vers notre datacenter de Francfort qui, lui, garantit le respect des réglementations de l’Union Européenne », précise Régis Louis, en charge de la stratégie produits chez Oracle pour la zone EMEA.

Selon un communiqué officiel, en France, l’intégrateur Orange Business Services, qui accompagne le déploiement d’entreprises en Suisse, et La Poste, qui utilise les services du prestataire suisse SGS pour les certifications, se félicitent de cette implantation.

Côté entreprises suisses, outre le CERN, Oracle reconnaît qu’il cible essentiellement les banques, pour lesquelles il est impossible d’utiliser des services en ligne dès lors qu’ils reposeraient sur des ordinateurs situés en dehors des frontières de la confédération helvétique. Le prestataire suisse spécialisé en informatique financière, Expersoft Systems, est cité comme l’un des principaux partenaires locaux du cloud Oracle.

Se positionner comme hébergeur d’applications critiques

« Nous positionnons notre cloud comme une plateforme véritablement destinée à exécuter des applications critiques, avec une meilleure isolation en termes de cybersécurité et des performances plus prédictibles sur les calculs », dit Régis Louis. Il suggère que les autres clouds publics ont plutôt vocation à être des solutions d’appoint, pratiques pour mener des tests ou accueillir les débordements de charge en cas de pics d’activité, mais pas véritablement rigoureux sur les caractéristiques les plus sensibles. 

Oracle se targue de deux différences techniques pour argumenter les avantages de son cloud dans les applications critiques. D’une part, la virtualisation du réseau serait confiée à un système séparé de l’hyperviseur qui virtualise les serveurs. « Ainsi, en cas de corruption d’une machine virtuelle, il n’est par conséquent physiquement pas possible qu’une cyberattaque se propage en exploitant des failles dans le réseau », explique Régis Louis.

D’autre part, Oracle assure qu’une grande partie des ressources commercialisées – il ne nous a pas été possible de savoir dans quelle proportion exactement – sont du Bare metal, ou, dit autrement, des serveurs physiques dédiés à des clients en particulier, avec 100 % de puissance disponible et une garantie d’étanchéité du réseau.

De manière plus subjective, Oracle assure que les machines virtuelles de son cloud disposent de meilleures performances et achèvent plus rapidement les traitements que celles de la concurrence. Une revendication que T-Systems et Scaleway avaient eux aussi développée dans nos colonnes mais, à date, seul AWS a su détailler pourquoi il pensait être le meilleur dans ce domaine. Selon nos informations, le cloud Oracle de seconde génération utilise des processeurs Intel Xeon et AMD Epyc conventionnels, ainsi que des GPU Nvidia pour l’analytique.

Gratuité du trafic, bases autonomes et connexion directe vers Azure

En définitive, il y a surtout trois différences - pas véritablement critiques - qui semblent surtout jouer en faveur du cloud Oracle. D’abord, le trafic réseau entre le siège d’une entreprise et ses ressources en cloud n’est pas facturé. Outre des économies probables, cela permet surtout aux clients d’Oracle d’avoir une meilleure certitude quant au montant de la facture qu’ils payeront en fin de mois.

Ensuite, Oracle oblige, un service de base de données autonome vu nulle part ailleurs est disponible. Celui-ci repose sur un moteur d’IA pour patcher, étendre ou réindexer tout seul les bases, de sorte que l’entreprise n’a plus besoin de mobiliser des administrateurs sur ces tâches.

Enfin, Oracle met en place des connexions directes entre son cloud et celui de Microsoft, Azure. Outre promettre que les applications analytiques, hébergées chez l’un, communiqueront à pleine vitesse avec les applications .Net, qui fonctionnent chez l’autre, ce mariage apporte surtout une authentification et une console d’administration unique. Un avantage qu’Oracle estime bienvenu dans le contexte du multi-cloud, où les entreprises se heurtent à la complexité de jongler entre différents portails pour maintenir leur gouvernance sur les ressources en ligne.  

Pas encore de cloud Oracle directement en France

En Europe, Oracle a aussi installé un datacenter au Royaume-Uni, pour respecter les réglementations pro-britanniques. Et il devrait bientôt en ouvrir un autre à Amsterdam, en remplacement d’une infrastructure qui exécute, aujourd’hui encore, la première version de son cloud.

« Installer un site directement en France est sur le planning, mais je ne peux pas encore donner de date. En tout état de cause, les temps d’accès devraient être similaires entre Francfort et Zurich pour une entreprise française », ajoute Régis Louis.

Selon lui, si l’on exclut les entreprises qui ont activité locale, ce sont les diffuseurs de contenu à l’international qui gagneront à faire héberger des instances de leurs applications en Suisse. Zurich est en effet situé sur un backbone – segment principal du réseau Internet – qui descend jusqu’à Milan, puis rebondit en Sicile vers l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Asie.

Précisons toutefois que Marseille, via les bâtiments d’Interxion, est mieux desservie en câbles sous-marins vers ces destinations. Mais, au contraire d’AWS et Azure, Oracle n’a pas encore jugé bon d’y installer ses machines. Rappelons que, généralement, les fournisseurs de cloud ne construisent pas leurs propres bâtiments en Europe, ni en Suisse. Oracle et ses concurrents louent des mètres-carrés chez des spécialistes de l’immobilier pour datacenters : Equinix, Interxion, Data4, etc.

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