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Stockage : les fournisseurs dans le creux de la vague… Sauf Dell

Tous les fabricants connaissent une chute de leurs ventes ce trimestre. Sauf Dell EMC qui a lancé assez tôt ses nouvelles gammes. Et Pure Storage qui innove, mais qui se fait sermonner par le marché.

Chez les grands fournisseurs de baies de stockage, le troisième trimestre de l’année 2019 aura bénéficié à Dell EMC et Pure Storage, mais pas à HPE, ni à IBM, ni NetApp. Selon les résultats qu’ils ont tous récemment publiés, le palmarès trimestriel des chiffres d’affaires sur la seule activité stockage est le suivant : Dell EMC affiche 4,1 milliards de dollars (+7 % par rapport à l’année dernière), NetApp 1,37 Md $ (-10 %), HPE 855 millions de dollars (-10,8 %), IBM 433,7 M$ (-4 %) et Pure Storage 428,4 M$ (+15 %).

Paradoxalement, alors qu’il est celui qui progresse le plus, Pure Storage est aussi celui qui est le plus sermonné par les analystes financiers. On lui reproche de ne pas avoir atteint les 434 millions de dollars de CA initialement prévus. Il devrait d’ailleurs terminer 2019 avec un CA annuel compris entre 1,63 à 1,65 milliard de dollars, alors que le marché attendait 1,74 Md $.

Pure Storage en pleine forme

Selon Charles Giancarlo, le PDG de Pure Storage, le constructeur a bel et bien vendu la quantité de baies de stockage qu’il avait prévue. Mais ses résultats financiers auraient souffert de rabais consentis aux entreprises, pour se maintenir dans une nouvelle guerre des prix sur les gammes Flash initiée par Dell EMC et NetApp. Ses efforts pour maintenir les livraisons prévues seraient d’autant plus notables qu’il lui aurait été particulièrement compliqué de vendre au Royaume-Uni, à cause du Brexit, et en Chine, à cause des relations tendues avec le gouvernement Trump.

Ces considérations de boursicoteurs mises à part, Pure Storage est plutôt satisfait de son année. Rien qu’au troisième trimestre, le constructeur – qui était encore une startup il n’y a pas si longtemps – a encore séduit 350 nouvelles entreprises, ce qui porte le nombre de ses clients à 7 000. Mieux, sa nouvelle baie de stockage FlashArray//C aurait connu un succès notable, avec un décollage des ventes sans précédent dans l’histoire de Pure Storage. Charles Giancarlo évoque des contrats autour de centaines de millions de dollars sur cette configuration.

Le PDG, enfin, est optimiste pour 2020. Il estime que l’arrivée de nouveaux services de stockage en cloud à son catalogue devrait encore augmenter son chiffre d’affaires et, surtout, décupler ses marges.

Dell EMC No 1 pour avoir lancé assez tôt de nouvelles gammes

Chez Dell EMC, les ventes de la division stockage ont été portées par la disponibilité de nouveaux modèles PowerMax, Data Domain et Unity XT annoncés un an auparavant. Selon Tom Sweet, le directeur financier du constructeur, ce succès devrait perdurer en 2020 grâce à la mise à jour récente des PowerMax avec des disques Optane et une connectique NVMe-over-FC, et l’évolution des Data Domain en PowerProtect. Du côté des activités serveur fortement liées au stockage, Dell EMC se satisfait aussi des ventes des infrastructures hyperconvergées VxRail, en progression de 82 %, et de licences vSAN qui auraient augmenté de 35 %.

Les ventes de stockage représentent désormais quasiment la moitié du chiffre d’affaires de la division ISG (Infrastructure Division Group). Au sein de celle-ci, le stockage est la seule activité qui a progressé durant le dernier trimestre : les ventes de serveurs et de réseau, qui représentent ensemble 4,2 Md $, ont baissé de 16 % par rapport à l’année dernière. Au total, ISG atteint donc un chiffre d’affaires trimestriel de 8,4 Md $, globalement en baisse de 6 %.  

Tom Sweet pense lui aussi que l’activité stockage de Dell EMC continuera de croître en 2020 avec l’arrivée d’une nouvelle famille de baies, les MidRange. Next, censées remplacer les familles de baies SC (héritées de Compellent), Unity (ex-VNX/Clarion d’EMC) et XIO (ex-XtremIO).

Concernant la contre-performance de ses serveurs et de ses solutions réseau, Dell EMC accuse lui aussi un climat économique compliqué avec la Chine. Mais ce n’est pas le pire. Ce sont surtout ses ventes de PC – son activité la plus rentable – qui auraient le plus souffert ce trimestre, à cause de pénuries de processeurs de la part d’Intel. Le fondeur, qui restructurerait ses usines pour rattraper son retard sur la gravure de puces en 7nm de précision, cumulerait les retards de livraison. Si seules les gammes grand public de processeurs x86 sont pour l’heure touchées, les fabricants s’inquiètent déjà d’une contamination possible aux gammes pour serveurs et baies de stockage.

Les ventes trimestrielles de PC chez Dell ont rapporté un CA de 11,4 Mds (+5 % par rapport à l’année dernière), répartis à raison de 8,9 Md $ pour les PC professionnels (+9 %) et 3,1 Md $ pour les PC grand public (-6 %). Au total, le CA global de Dell EMC au dernier trimestre, toutes activités confondues, était de 22,84 Md $, en hausse de 2 % par rapport à l’année dernière.

HPE ne profite pas encore de la relance promise par ses baies Primera

HPE connaît une situation similaire à celle de Dell ISG, si ce n’est que ses baies Primera ont été mises sur le marché un an après les PowerMax de Dell EMC et n’ont donc pas encore permis à leur constructeur de relancer ses ventes. À date, les clients seraient encore en période d’évaluation de ces derniers modèles et les commandes n’auraient pas encore été passées. Dans son bilan, le PDG Antonio Neri estime que les bénéfices des nouveaux produits ne se feront ressentir que d’ici à deux trimestres.

Le CA global de HPE était ainsi de 7,2 Md $ au dernier trimestre, soit 9 % inférieur à celui d’il y a un an ; les solutions serveur et réseau ayant elles aussi baissé d’environ une dizaine de pourcentage, pour les mêmes raisons que celles évoquées par Dell ISG.  

Seul événement notable, HPE indique qu’il changera bientôt sa manière de comptabiliser les résultats de ses gammes. À partir de l’année prochaine, les ventes de ses infrastructures hyperconvergées ne seront plus comprises dans celles des serveurs, mais dans celles du stockage.

IBM dans le creux de la vague en attendant une nouvelle dynamique autour du Z15

IBM a aussi lancé sa nouvelle famille de mainframes Z15, trop récemment pour que les ventes de nouvelles machines – et des baies de stockage DS8900 qui vont avec – soient déjà dans les carnets de commandes. La branche infrastructure IBM Systems, qui comprend les serveurs et le stockage, a généré au dernier trimestre un CA de 1,5 Md $, dont 1,1 Md $ pour la vente effective de matériels (-16 % par rapport à l’année dernière), le reste étant les licences logicielles des systèmes.

En ne déclinant que de 4 %, les gammes de baies de stockage sont finalement celles qui s’en sortent le mieux parmi les offres d’infrastructure d’IBM : les ventes de mainframes ont chuté de 20 % et celles de serveurs Power de 27 %. Ces baies de stockage comprennent les baies de disque en mode bloc FlashSystem 9100 lancées il y a un an. Outre l’ajout des ventes des DS8900, le trimestre en cours d’IBM pourrait également bénéficier des premières commandes pour les nouveaux NAS Elastic Storage System 3000.

Pour sa part, le CA global d’IBM aura été de 18 Md $ lors du dernier trimestre, soit une chute de seulement 3,9 % par rapport à l’année dernière alors que les solutions d’infrastructures au catalogue étaient vieillissantes. Mais comme nous l’avions déjà écrit, l’activité globale d’IBM a surtout été maintenue grâce à l’arrivée de Red Hat dans son portefeuille.  

NetApp mise sur la vente de services de stockage en cloud

De son côté, NetApp tient à relativiser les chutes de son CA depuis les trois derniers trimestres : ses bénéfices, eux, augmentent légèrement. Ils passent de 241 M$ il y a un an à 243 M$ aujourd’hui.

Dans le détail, les ventes de ses équipements de stockage sont passées de 913 M$ de CA l’année dernière à 771 M$ aujourd’hui. En revanche, l’accompagnement sur ses logiciels, une activité avec une marge bien plus importante, a crû d’environ 20 millions de dollars, passant de 236 M$ de CA il y a un an à 254 M$ désormais. Mieux encore, ses nouveaux services de stockage en ligne, à savoir Azure NetApp Files et Cloud Volumes for GCP lancés au début de cette année, ont rapporté un CA de 72 M$ sur une catégorie inexistante il y a un an.

Dans son bilan trimestriel, George Kurian, le PDG de NetApp, explique ne pas savoir exactement quand la situation sera de nouveau favorable pour la vente de matériels de stockage. Il reste néanmoins confiant dans l’organisation de ses forces de vente autour de son nouveau catalogue, lequel ne devrait nullement souffrir de l’arrivée des baies MidRange.Next chez Dell EMC. Il estime qu’il atteindra un CA compris entre 1,39 et 1,54 Md $ à la fin du trimestre en cours, soit une baisse moyenne des ventes d’environ 6 % par rapport à la fin de l’année 2018.

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