Greve des informaticiens de la SNCF : forte mobilisation contre la co-entreprise avec IBM

Le mouvement de grève des informaticiens de la SNCF, qui protestent contre le projet de co-entreprise entre la compagnie ferroviaire et la SNCF, a fortement mobilisé dans les services informatiques de la société publique. Le projet Ulysse, qui vise à confier à IBM la rationalisation des sous-traitances de la SNCF, apparaît fragilisé.

p1010071Selon le blog Cortis, tenu par un informaticien de la DSIT (Direction des systèmes d'information et des télécommunications, un des principaux services informatiques internes de la SNCF), la journée de grèves dans les DSI de la compagnie nationale a connu une forte mobilisation. Le blog évoque plus de 80 % de grévistes à la DSIT, plus de 70 % à Vinsi (la DSI de la partie voyageurs) et environ 65 % à ISI (DSI dédiée aux infrastructures ferroviaires). "Même des managers ont débrayé", souligne le blogueur joint au téléphone, qui explique que la mobilisation n'a été qu'amplifiée par une réunion voulue par la direction mardi dernier afin de rassurer les salariés. Le "manque de cohérence des réponses" aurait abouti à l'effet inverse à celui souhaité par la SNCF.

Rappelons que la journée de grève d'aujourd'hui, limitée aux personnels informatiques de la SNCF, vise à protester contre la création d'une co-entreprise entre la société ferroviaire et IBM - le projet Ulysse -, afin de rationaliser toute la sous-traitance informatique. Un mouvement qui, selon les syndicats, s'accompagnera inévitablement de délocalisations offshore. Hier, dans nos colonnes, un délégué Sud Rail expliquait : « L’exploitation de l’informatique de la SNCF est déjà suffisamment industrialisée pour qu’il ne soit pas possible de faire chuter son coût de 520 €/jour homme en moyenne à 230 €/jour homme (la cible du projet Ulysse, NDLR) sans recours à l’offshore. »

Offshore : après la production, les études

Le même Cortis assure, lui, s'être procuré des documents récents faisant état d'un planning de délocalisations bien établi pour la partie études de la DSIT (DSIT-E). Cible de la direction et de la SNCF, selon Cortis : délocaliser près de 730 postes de ce service d'ici au début 2011. Le même blog avait dévoilé un premier document faisant état également de délocalisations en Inde pour l'exploitation des infrastructures (DSIT-X en jargon SNCF). La direction avait alors démenti, affirmant que ledit document n'était en fait qu'une proposition commerciale d'IBM, rejetée en l'état. Problème : selon Cortis, les plans concernant la DSIT-E sont eux postérieurs à la signature du contrat entre IBM et la compagnie ferroviaire. Difficile dès lors de parler de proposition commerciale...

Le mouvement ne s'essouffle pas

Les chiffres de la mobilisation de ce premier avril, s'ils se confirment, montrent que la détermination des informaticiens de la SNCF contre le projet Ulysse s'est renforcée au fil des semaines. Lors de la précédente grève du 3 février, les deux principaux services de la DSIT recensaient 61 % de grévistes (côté étude) pour l'un et 78 % pour l'autre (côté exploitation). Tandis que ISI n'en comptait alors que 15 %, et Vinsi 40 %.

Les syndicats demandent l'abandon pur et simple du projet. De son côté, le blogueur Cortis lance : "à minima, il faudrait qu'IBM ne puisse plus être à la fois juge et partie. Car, dans le schéma actuel, il conseille la SNCF sur la mise en place des centres de service, tirant au passage les prix vers le bas. Pour ensuite répondre aux appels d'offre qu'il a contribué à formaliser avec des solutions recourant massivement à l'offshore."

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