Mainframe : IBM renoue avec l'antitrust, avec une petite aide de Microsoft ?

IBM pourrait prochainement renouer avec les poursuites antitrust sur le marché mainframe du fait du dépôt d'une nouvelle plainte par le dernier des mohicans des compatibles mainframes IBM, le constructeur californien T3 technologies. Détail croustillant : Microsoft a investi dans le capital du petit constructeur en novembre dernier...

Comme nous l'écrivions aujourd'hui dans l'un de nos telex, IBM devrait prochainement renouer formellement avec les poursuites antitrust en Europe. Big Blue est en effet l'objet d'une plainte de T3 Technologies, un constructeur de compatibles mainframes basé en Floride, qui l'accuse d'abus de position dominante et concurrence illégale.   Une information qui ne manque pas de piment, et qui fera sans doute grincer des dents le géant d'Armonk : Microsoft a investi dans le capital de T3 en novembre 2008. Un concours qui pourrait ne pas être totalement innocent et qui serait en quelque sorte une réponse du berger à la bergère après le soutien apporté demain par IBM aux poursuites de l'UE contre Microsoft et après la guerre menée par Big Blue à Open XML lors de sa normalisation par l'ISO.

IBM a reconstitué son monopole sur le marché des mainframe

T3 explique qu'IBM a reconstitué son monopole sur le marché des grands systèmes, en liant la vente de son système d'exploitation mainframe à ses propres machines. C'est précisément pour lutter contre cette pratique que le gouvernement américain avait attaqué IBM dans les années 50, des poursuites qui s'étaient traduites par un accord à l'amiable signé en 1956; lequel avait contraint Big Blue à fournir son OS mainframe à ses concurrents. 

Dans les années 70, cet accord a permis à des concurrents comme Amdahl ou Hitachi de se lancer dans les compatibles mainframes. Et à des sociétés comme T3 ou PSI de tenter l'aventure dans les années 90. Mais la situation s'est compliquée en 2001, avec la levée effective de l'accord conclu avec le DOJ, le ministère américain de la justice. Big Blue a dès lors commencé à restreindre l'accès à z/OS pour les utilisateurs de mainframes compatibles. Dans le cas de PSI, cette logique a été poursuivie à l'extrême : alors que PSI, la petite société, commençait à séduire de grands clients (dont Lufthansa), le géant d'Armonk et ses avocats ont accusé la société de violer la propriété intellectuelle d'IBM et de ne pas se conformer à l'accord de licence régissant le logiciel. Dans le même temps, Big Blue a refusé de continuer à fournir des licences z/OS à des clients utilisant la plate-forme de PSI. Etranglé, PSI a porté l'affaire devant les tribunaux américains et devant la commission européenne. Mais les poursuites se sont éteintes aux US après qu'IBM ait décidé de racheter la petite société, la faisant taire définitivement. 

L'Europe dernière chance de T3 après la démission de l'antitrust US

Problème, la plainte de PSI ne s'est pas éteinte en Europe, l'Union opérant dans un cadre juridique différent de celui des Etats-Unis. De son côté, T3 a lui aussi renforcé ses critiques. Le constructeur a rencontré à plusieurs reprises des responsables de la direction de la concurrence de Bruxelles et amassé une large documentation qu'il a aujourd'hui jointe à sa plainte. Pour IBM, la menace est réelle. En pleine renaissance, les ventes de mainframes, et les prestations associées, représenteraient près du quart du CA de la firme, selon T3, et près de 40 % de ses profits.

Alors qu'IBM profite largement du succès retrouvé des grands systèmes, T3 est, quant à lui, a l'agonie. Fabricant historique de mainframes 31 bits z/OS utilisant la technologie d'émulation de Fundamental Software (FSI), la firme est ensuite devenue un revendeur des solutions de PSI et se retrouve aujourd'hui à la merci de son concurrent. Big Blue refuse en effet de continuer à fournir des licences z/OS aux clients utilisant la plate-forme de PSI. Il est vrai que la technologie a de quoi agacer Big Blue : la principale innovation de sa désormais filiale était de permettre le fonctionnement de z/OS sur des plates-formes Itanium fournies par HP et NEC...

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