Licences : Microsoft transforme Windows 7 en Cheval de Troie de la Software Assurance

Bénéficiant d'une campagne de promotion - avec un rabais de 35 % accordé par Microsoft à ses revendeurs sur les mises à jour vers Windows 7 Professionnel - le dernier OS semble en passe de faire son trou dans les entreprises, contrairement à son prédécesseur Vista. Un lancement non dénué d'arrière-pensées chez Microsoft, qui tente de profiter de son dernier né pour imposer sa Software Assurance, système d'abonnement à toutes les mises à jour. Notamment en réservant certaines pépites technologiques aux entreprises ayant souscrit à ce mode de relation avec l'éditeur.

"A une très large majorité, les distributeurs jouent le jeu de la promotion". Julien Lesaicherre, chef de produit Windows 7 Entreprise, s'affirme satisfait du démarrage de la campagne de promotion visant à accélérer l'adoption du dernier OS de l'éditeur par les entreprises : en septembre, Microsoft a annoncé des rabais aux revendeurs de ces licences en volume. Jusqu'au 28 février prochain, le canal de distribution bénéficie ainsi de 35 % de réduction sur la version Professionnelle du dernier opus de Redmond. Cette promotion concerne les mises à jour depuis les versions OEM 2000 Pro, XP Pro ou Vista Pro pour les entreprises couvertes par les contrats de licences en volume Open (de 5 à 250 postes) et Select (250 postes et plus). Ce qui amènerait la mise à jour aux environs de 120 ou 130 euros ("fourchette haute", précise Microsoft France). "Depuis octobre, plusieurs dizaines de milliers de postes ont migré vers Windows 7 dans les entreprises. La tendance est très bonne. On voit des entreprises profiter de la promotion pour tester Windows 7 sur de petites parties de leur parc, soit sur des machines ayant un à deux ans d'existence, soit sur les PC récemment achetés", avance Julien Lesaicherre. Des cabinets d'étude reconnus, comme Gartner, recommandent, il est vrai, aux entreprises de migrer rapidement.

Passer sous Software Assurance pour quelques euros de plus

Au-delà de cette incitation à migrer, Microsoft utilise également la sortie de son dernier OS, et des outils associés côté serveurs, pour tenter de pousser les entreprises vers ses formules annualisées, la fameuse Software Assurance (qui s'applique aux contrats en volumes dits Enterprise Agreement et Open Value). Quand un responsable de parc dispose d'un PC sous Windows 7 Pro (soit via l'achat d'une machine, soit via une mise à jour dans le cadre d'un contrat en volume), il dispose de 90 jours pour passer sous Software Assurance. "Pour quelques dizaines d'euros pour 2 ou 3 ans, il accède à tous les avantages de ce type de contrat", avance Julien Lesaicherre. Soit notamment l'accès à la version Entreprise, au multilingue ou aux droits étendus de downgrade (capacité de revenir à une version antérieure de l'OS).

Licences en volume : un site grippé
Le site de licensing en volume de Microsoft est en maintenance depuis plus d'une semaine, afin de recevoir des "améliorations", signale Microsoft dans un mot d'excuse. Placé hors ligne le 7 décembre, le site doit officiellement redémarrer le 17 (l'éditeur avait dans un premier temps promis un retour à la normale le 16).
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Rappelons, que contre un forfait annuel (25 à 29 % du prix des licences en fonction de la catégorie d'outils), la Software Assurance (SA) donne accès à toutes les nouvelles versions d'un produit. Un mode de relation que Microsoft avait imposé au forceps en 2002, et qui est resté très décrié par la suite. Certains DSI estimant en effet payer pour des nouvelles versions dont le calendrier de sortie n'était pas respecté ou qu'ils ne pouvaient pas installer facilement du fait des besoins de validation de l'ensemble de la chaîne logicielle. Certains grands comptes hexagonaux, comme Essilor, se sont ainsi détournés de ce type de contrat après y avoir goûté.

Pépites technologiques réservées

Au dessus de cette offre "d'upselling", l'éditeur réserve aussi aux entreprises sous SA des conditions d'accès intéressantes à quelques unes de ses technologies les plus récentes. Ainsi le Microsoft Desktop Optimization Pack, qui comprend 6 outils dont App-V (streaming applicatif) et Med-V (pour virtualiser des applications ne fonctionnant pas sous Windows 7), est réservé - en option - aux entreprises sous SA pour "quelques euros par poste et par an". "Med-V (Microsoft Enterprise Desktop Virtualization, NDLR) fournit des béquilles pour la migration, assure Julien Lesaicherre. Par exemple en permettant de continuer à exploiter d'anciennes versions d'IE ou des applications métier développées en interne". Dans le même ordre d'idée, l'offre de virtualisation complète de postes de travail (Virtual Enterprise Centralized Desktop) avantage clairement les entreprises sous SA. Pour elles, la solution coûte "quelques euros par poste et par an" par PC sous SA... et bien plus sans.

Scott Rosenberg, Pdg de Miro Consulting, un cabinet de conseil américain spécialiste des contrats de licence de Microsoft et Oracle, s'étonnait d'ailleurs dans un billet de blog de cette propension de l'éditeur à pousser sa SA : "le piège pour avoir accès à certaines nouvelles fonctions professionnelles de Windows 7, c'est que Microsoft oblige les entreprises à acheter la Software Assurance. Cette exigence peut être un des facteurs ralentissant l'adoption de Windows 7 en entreprise. Pour plusieurs raisons - le contexte économique ou le manque de confiance d'entreprises qui ont déjà investi dans SA et qui n'ont pas été impressionnées -, nous pensons que beaucoup de clients se garderont d'acheter la SA et passeront à côté des nouvelles fonctions de Windows 7."

Software Assurance : pas de garantie d'obtenir le futur Windows

Dommage, insiste Scott Rosenberg, car ces fonctions pourraient être utiles aux administrateurs. Et de citer deux solutions elles-aussi réservées aux entreprises sous SA : Branch Cache (accélération d'échange de fichiers avec des filiales sur le WAN) et Direct Access (tunnel VPN intégré à Windows 7). Pas sûr toutefois que cela suffise à décider les DSI à passer sous SA, d'autant qu'ils n'ont aujourd'hui aucune garantie qu'une nouvelle version de Windows sera disponible (gratuitement donc) durant la vie de leur contrat SA.

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