SAP et le Saas : lancement de la dernière chance pour Business ByDesign

SAP re-re-lance son ERP en mode Saas pour PME : Business ByDesign. Avec une architecture refondue pour proposer une mutualisation massive des infrastructures et l'arrivée d'un environnement de développement, permettant aux partenaires d'enrichir la solution, ByDesign dispose d'arguments. A condition que SAP ne se rate pas une nouvelle fois. Ce que le marché ne lui pardonnerait plus.

sapphire now frankfurt 2010 0028Même époque, même annonce. Voici un an, SAP annonçait la commercialisation en volume de son ERP pour PME en mode Saas, Business ByDesign, après avoir déjà étendu une première fois la période de tests (ramp up en jargon SAP) auprès d'un petit panel de  clients. Un an plus tard, rien n'a réellement changé ; la lecture de l'article que nous avions publié en 2009 à pareille époque est à ce titre édifiante. ByDesign, qui comptait 87 clients il y a un an, en regroupe aujourd'hui... une centaine. Lors de SAPphire 2010, l'événement du premier éditeur européen qui se déroule cette semaine simultanément à Francfort (en photo ci-dessus) et à Orlando (Etats-Unis), le géant de l'ERP a toutefois remis le couvert, promettant une commercialisation en masse à partir de la fin juillet, dans six pays (dont la France).

sapphire now frankfurt 2010 0499Il s'agira alors de la version 2.5 du progiciel, un numéro de version qui témoigne à lui seul des errements de ce projet. "Dans le cloud, vous n'avez qu'une unique chance de bâtir la bonne infrastructure", a expliqué Jim Hagemann Snabe, le co-Pdg de l'éditeur (en photo ci-contre lors de son intervention en séance plénière). De facto, SAP justifie ce nouveau retard par l'inadaptation de la précédente architecture de ByDesign au modèle économique du cloud. "Nous n'avions pas une architecture multitenant (une seule instance logicielle étant partagée entre plusieurs clients, NDLR) auparavant. Nous n'avons pas poussé ByDesign simplement parce que nous n'étions pas prêts", justifie Eric Duffaut, directeur général de l'activité PME de SAP.

Du megatenancy au multitenancy... un an de perdu pour SAP

De facto, il y a un an, l'éditeur vantait les mérites d'une architecture baptisée megatenancy, où seule une partie de l'application était mutualisée selon les dires de SAP à l'époque. Aujourd'hui, ce dernier explique que ce choix n'était pas compatible avec le modèle économique du Saas où, précisément, la baisse des coûts repose sur la mutualisation applicative. Certes, ces errements semblent avoir peu de conséquences sur les premiers utilisateurs de ByDesign ; Alexis Beck Djevaguiroff, le directeur financier du fabricant de semi-conducteurs Sequans, qui emploie l'ERP depuis la version 1.2, parlant d'un "environnement bien établi depuis la mouture 2.0 (lancée en juin 2009, NDLR)". Reste le trouble laissé par cette erreur (de débutant ?).

Aujourd'hui encore en bêta, la version 2.5 intègre une interface basée sur Silverlight (la technologie de RIA de Microsoft) ainsi que des technologies de reporting (Xcelsius ou Crystal) travaillant sur des données directement placées en mémoire (technologie In-Memory). Dans cette 2.5, les fonctions de personnalisation seront limitées à des modifications d'écran - certes assez poussées comme nous avons pu le constater sur une démo lors de SAPphire. Pour bénéficier de réelle capacités d'extension, il faudra attendre la mouture 2.6, prévue pour octobre. Cette dernière intégrera un kit de développement s'intégrant à Visual Studio de Microsoft. Ce qui permettra alors aux partenaires d'enrichir ByDesign avec des solutions personnalisées pour tel ou tel compte ou de proposer des add-ons dédiés pour un secteur d'activité. Notons toutefois que la place de marché, où pourront être hébergés et commercialisés ces enrichissements, ne sera disponible qu'avec la version 3.0 de ByDesign, attendue pour 2011. "Ce n'est pas une simple solution en Saas, c'est une plate-forme que nos partenaires pourront compléter", affirme Eric Duffaut. Selon Ludovic Lapeyre, responsable de l'offre Business ByDesign chez SAP France, l'éditeur fournira également aux utilisateurs un outil permettant de détecter l'impact des migrations du cœur de l'application sur ces spécifiques, et de les appliquer de façon différenciée.

Cibler les filiales de grands comptes

Au-delà de ce plan de lancement, SAP a également affiné sa stratégie. D'abord l'éditeur prévoit de proposer - évidemment à des tarifs plus élevés - une version dédiée de ByDesign. Une implémentation sur le mode cloud privé que l'Allemand voit comme une réponse aux besoins des filiales de grands comptes, mais également comme une offre pour les partenaires revendeurs de ByDesign. SAP envisage en sus, pour la version 2.6, de permettre la consolidation des données de ByDesign dans son ERP pour grand compte, Business Suite. Un argument clef pour séduire les filiales de grands comptes, souvent tentées par des solutions moins onéreuses que SAP, même quand ce dernier est installé au siège.

Si le planning paraît désormais clair - à condition qu'il soit, cette fois, tenu -, l'éditeur n'a pas précisé les tarifs de son offre, pour le lancement commercial de la seconde partie de l'année. Rappelons que la version 2.0 est vendue au prix de 133 euros par utilisateur et par mois pour un accès à toutes les fonctions. S'y ajoutent les coûts d'implémentation (paramétrage, intégration, reprise des données, personnalisation des processus, etc.), chiffrés en 2009 à entre 50 000 et 120 000 euros, pour les entreprises ciblées par le produit. Avec désormais une architecture multitenancy permettant une mutualisation massive, les tarifs devraient être significativement revus à la baisse.

En complément :

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PME : moteur de croissance pour SAP

Selon Eric Duffaut, directeur général de la division PME de SAP, cette activité affiche, au premier trimestre, une croissance 1,5 fois supérieure à la moyenne du groupe. Avec ses produits actuels (Business One et All-in-One), SAP affirme faire croître sa base installée en PME de 25 nouveaux clients chaque jour ouvré. L'éditeur affirme compter plus de 65 000 entreprises clientes réalisant moins de 350 M€ de chiffre d'affaires. "Nous avons triplé ce chiffre en trois ans", affirme Eric Duffaut, qui compte bien sur le lancement de l'ERP en mode Saas Business ByDesign pour renforcer sa position sur le très éclaté marché des ERP pour PME. Tout en niant toute forme de confusion dans une gamme comptant désormais 3 produits (Business One pour les entreprises de 10 à 100 employés ; All-in-One pour celles de 50 à 500 employés ; ByDesign pour une fourchette allant de 250 à 2500 personnes). Selon l'éditeur, les offres sur site sont plutôt destinées à des entreprises traditionnelles ou bien établies, tandis que les sociétés en forte croissance ou très éclatées géographiquement privilégieront le mode Saas.

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