Après le départ du numéro deux, la question de la succession à la tête de Sopra reste posée

Après le départ du numéro deux du groupe, Dominique Illien, Pierre Pasquier, le Pdg de Sopra normalement atteint par la limite d'âge, joue les prolongations à la tête de la SSII qu'il a créée en 1968. En attendant de désigner un nouveau successeur, question qui taraude Sopra depuis déjà plusieurs années.

C'est par un communiqué sibyllin, daté du 22 juin, que Sopra a annoncé le départ de Dominique Illien, l'ex-Atos venu en 2007 épauler le Pdg Pierre Pasquier et vu comme le dauphin officiel - et successeur - du fondateur de la SSII. Dans un communiqué publié à l'occasion de la dernière assemblée générale, Sopra se contente d'indiquer que Dominique Illien, directeur général délégué et administrateur, a décidé de renoncer à ses mandats "d'un commun accord avec l'entreprise". La conclusion de trois années où l'ex-directeur général des opérations en France, Allemagne, Espagne et en Italie et responsable de la ligne de services infogérance d’Atos-Origin n'a jamais réellement occupé le plein périmètre des fonctions qu'on lui avait dessiné, celle d'un super numéro deux. Officiellement, lors de son arrivée, Dominique Illien était présenté comme le directeur opérationnel de l'ensemble des lignes de services, Pierre Pasquier devant uniquement conserver la main sur la filiale logicielle Axway. En réalité, ce dernier est resté très présent dans les décisions stratégiques du groupe, dans toutes les activités. "Sopra est une société assez centralisée autour de Pierre Pasquier, avec une atmosphère familiale au bon sens du terme, confirme Mathieu Poujol, directeur des technologies de Pierre Audoin Consultants (PAC). On peut penser que Dominique Illien n'a jamais eu les coudées franches".

Claude Decq, Dominique Illien : bis repetita

Officiellement, le passage de témoin annoncé devait se dénouer en 2010, Pierre Pasquier étant touché cette année par la limite d'âge prévue dans les statuts de la société. Le départ de Dominique Illien a d'ailleurs abouti au vote, lors de la dernière assemblée générale du groupe, d'un report de 24 mois de cette limite d'âge. Pierre Pasquier aura 75 ans en août. S'il est difficile d'établir un bilan des trois années que Dominique Illien a passé chez Sopra - tant le Pdg est resté présent -, remarquons que sa mission consistait à réaliser un plan de transformation de la SSII, qui devait l'amener à 1,5 milliard d'euros de chiffre d'affaires. Un objectif raté (la SSII ayant réalisé 1,1 milliard de CA en 2009), mais il est vrai que la crise est passée par là.

Ce n'est pas la première fois qu'un successeur désigné de Pierre Pasquier claque la porte. En avril 2007, Claude Decq avait pris le même chemin que Dominique Illien, qui lui avait d'ailleurs succédé. Pour un syndicaliste de Sopra, bon connaisseur de la maison : "Pierre Pasquier considère la société un peu comme son bébé. A plusieurs reprises, son éloignement a été évoqué. Mais, à chaque fois, c'est toujours lui qui, officieusement voire officiellement, prend les grandes décisions." Et de noter que, au cours de ses trois années, Dominique Illien n'a jamais pu imprimer son empreinte.

Axway s'apprête à voler de ses propres ailes

Ce nouvel échec de la transition à la tête de l'un des fleurons des services en France intervient à une période charnière pour Sopra. Le groupe prévoit en effet d'introduire en bourse sa filiale logicielle Axway en fin d'année. Le prospectus, détaillant l'opération, est attendu dès septembre, après obtention du visa de l'AMF.

Autour de lui, après la greffe ratée de Dominique Illien, Pierre Pasquier dispose encore de quelques fidèles. A commencer par Jean Mounet, le vice-président du groupe désormais libéré des ses occupations de président de Syntec Informatique. Citons encore James Daly, un ex-Capgemini Ernst & Young venu prendre la tête du conseil et désormais directeur de l'offre de la SSII, ou encore Pascal Leroy, un ex-Valoris qui a pris la tête des activités en France, le vaisseau amiral du groupe, sans oublier les directeurs des activités majeures de la SSII (comme Vincent Paris pour le secteur public ou Jean-Paul Bourbon pour les services financiers, notamment). Reste que, après le départ du dauphin désigné, la question de la succession de Pierre Pasquier reste ouverte. Des rumeurs font état d'une nouvelle réorganisation de la direction de Sopra dans les mois qui viennent.

En complément :

- Résultats : solide pendant la crise, Sopra franchit la cote d'alerte fin 2009

Pour approfondir sur SSII, ESN

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